1. Accueil
  2. West Africa
  3. Ghana

Les accidents de la route, obstacle à la lutte pour la santé maternelle

Accidents are among Ghana's top five killers. This crash took place on the road from Accra to Winneba, 15km to the West - also known as Ghana's Bermuda triangle Evans Mensah/IRIN
Les médecins du Ghana ont dû mettre un terme aux visites prénatales à domicile – qui s’inscrivaient dans le cadre d’une initiative visant à réduire un taux élevé de mortalité maternelle - car ils consacrent une trop grande partie de leur temps et de leurs maigres ressources à soigner les accidentés de la route, selon les professionnels de la médecine.

En mars et avril, plus de 100 personnes ont trouvé la mort sur un tronçon de route de 15 kilomètres de long, situé entre Accra, la capitale, et Winneba, à l’ouest, selon les médecins de l’hôpital public de Winneba. Dans la région, cette zone est connue sous le nom de « triangle des Bermudes du Ghana ».

Au Ghana, les accidents de la route comptent parmi les principales causes de décès, avec le paludisme, et les maladies diarrhéiques et respiratoires, selon George Amofa, directeur adjoint des Services de santé ghanéens. Les accidents de la route tuent plus de Ghanéens chaque année que la fièvre typhoïde, les complications obstétricales, le paludisme chez la femme enceinte, le diabète ou les rhumatismes.

«Nous sommes en train de perdre la bataille contre la mortalité maternelle pour la simple raison que nous sommes trop sollicités par les urgences dues aux accidents»
« Cette situation est intenable pour le système de santé : elle nous prive des ressources que nous aurions pu consacrer à d’autres questions de santé bien plus pressantes », a expliqué à IRIN Dodi Abdallah, médecin à l’hôpital de Winneba.

« Nous sommes en train de perdre la bataille contre la mortalité maternelle pour la simple raison que nous sommes trop sollicités par les urgences dues aux accidents », a-t-il ajouté.

Winneba, à 15 kilomètres d’Accra, affiche l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés du Ghana, avec 700 décès pour 100 000 naissances vivantes, selon les estimations. Le seul hôpital de la ville ne compte que deux médecins et une salle d’opération, et la majorité de son équipement est obsolète. Faute de lits, bon nombre de patients s’allongent à même le sol.

« Nous avons consacré nos ressources limitées à améliorer la santé maternelle », a expliqué le docteur Abdallah. L’hôpital avait en effet lancé une campagne de sensibilisation et instauré un système de visites au porte-à-porte pour dispenser des soins anténataux aux femmes qui refusaient d’aller à l’hôpital.

« Mais depuis le début de l’année, nous avons mis fin à cette initiative, parce que nous nous occupons désormais chaque jour de cinq accidentés de la route, souvent grièvement blessés, ce qui veut dire que nous consacrons l’ensemble de nos maigres ressources à cela », a expliqué le docteur Abdallah à IRIN.

Entre janvier et mars, 602 personnes ont péri dans des accidents de la route, au Ghana, contre 399 au cours de la même période, en 2008. Selon les prévisions de la Commission nationale ghanéenne de la sécurité routière, quelque 2 400 personnes risquent de mourir sur la route d’ici à la fin de l’année. La moyenne, depuis 2000, est de 1 800 victimes par an.

Quatre-vingt-dix pour cent des accidents de la route du monde ont lieu dans les pays en voie de développement, l’Afrique de l’Ouest étant particulièrement exposée, selon un rapport publié en 2004 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Si la tendance actuelle se maintient, les accidents de la route compteront parmi les trois principales causes de décès dans les pays en voie de développement, d’ici à 2020, selon l’OMS.

Les faits

Entre 2000 et 2007, 91 562 accidents de la route ont été recensés au Ghana, qui ont coûté la vie à 14 489 personnes, soit une moyenne de 1 811 par an (Commission nationale ghanéenne de la sécurité routière)

En comparaison, le paludisme a fait 25 000 morts, au Ghana, en 2007 (OMS)

Chaque année, dans le monde, les collisions de véhicules tuent 1,2 million de personnes ; elles sont la première cause de décès chez les personnes âgées de 10 à 24 ans (OMS)

Une personne sur cinq décédées dans un accident de la route est un enfant âgé de moins de 16 ans (OMS)

Un fléau évitable 

Le plus troublant, pour Nobel Appiah, directeur exécutif de la Commission de la sécurité routière, c’est que la plupart de ces accidents sont évitables, étant provoqués par des excès de vitesse ou un manque de prudence au volant, selon une étude publiée en juin par le Projet de sécurité routière ghanéen (PSRG). L’étude indique qu’un grand nombre de conducteurs dépassent de pas moins de 50 kilomètres la limite de vitesse de 50 kilomètres/heure en ville.

La conduite en état d’ébriété est aussi un problème. « Nous avons encore des débits d’alcool dans nos gares routières, qui encouragent les chauffeurs au long cours à boire avant de prendre la route », a indiqué M. Appiah.

Chauffeur au long cours, Stephen Mensah, qui parcourt chaque jour de longues distances au volant de son véhicule, a admis qu’il buvait plusieurs verres d’alcool fort avant d’entamer ses trajets.

Les mauvaises routes, les conducteurs qui n’attachent pas leur ceinture et la corruption contribuent également au problème, selon M. Appiah. « Le problème le plus préoccupant, c’est la police, qui souvent ne fait pas respecter la loi parce qu’elle préfère percevoir les pots-de-vin des conducteurs. Résultat : des passants innocents, notamment des enfants, y laissent la vie », a-t-il expliqué.

Le changement

Le gouvernement du président John Atta-Mills a récemment rencontré les différentes parties prenantes du secteur des transports pour définir un plan national de sécurité routière, axé sur une mise en application plus stricte du code de la route, selon la Commission nationale ghanéenne de la sécurité routière.

Un nouveau projet de réglementation routière sera bientôt soumis au Parlement ; il vise à renforcer les normes de sécurité, notamment en rendant obligatoire le port de la ceinture de sécurité et en interdisant l’utilisation du téléphone portable au volant.

La performance des officiers de police doit également être évaluée chaque année, pour déterminer notamment s’ils signalent ou non les violations de la réglementation sur la sécurité routière, a indiqué M. Appiah à IRIN.

Pour le docteur Abdallah de l’hôpital de Winneba, la situation doit changer dès maintenant. « Notre hôpital ne peut pas prendre en charge le nombre d’accidentés de la route qu’on nous amène. Nous ne pouvons les envoyer nulle part ailleurs. Nous sommes confrontés à une crise quotidienne, ici ».

aj/np/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join