« Nous avons entendu dire que la place Sohrab Khan Chowk était minée. Le but est d’empêcher les gens de fuir », a indiqué à IRIN Zarar Hussein (un nom d’emprunt), depuis Mingora. « Il n’y a aucun moyen de savoir à quels endroits d’autres mines ont été posées », a-t-il ajouté.
Les dernières informations relatives à l’usage de mines terrestres par les militants talibans qui combattent les forces du gouvernement à Swat et dans d’autres régions de la PFNO ont été communiquées par Human Rights Watch (HRW), une association new-yorkaise de défense des droits humains.
« L’usage des mines terrestres et des boucliers humains par les Talibans est un ajout malheureux à la longue liste des abus dont ils se rendent coupables dans la vallée de Swat », a déclaré Brad Adams, directeur de la branche Asie de HRW, dans un communiqué. Des habitants de Mingora auraient déclaré que les Talibans avaient posé des mines dans la ville, a-t-il également indiqué dans le communiqué.
Parallèlement, le cabinet a également été informé par un ministre de la pose de mines à Mingora.
« Les informations concordent. Nous pensons que c’est vrai », a déclaré Ghazanfar Muhammad, 40 ans, qui a emmené sa famille de Mingora à Peshawar, il y a une dizaine de jours.
La Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL), sise à Genève, a dénoncé l’usage des mines à Swat. « Les mines terrestres risquent de faire rapidement des victimes chez les civils qui fuient la zone de conflit », a déclaré l’organisme.
L’ICBL a indiqué que l’unité militaire pakistanaise de Mingora l’avait informée que « des engins explosifs improvisés, activés au contact de la victime » et des mines antipersonnel et anti-véhicules manufacturées avaient été découverts dans la vallée de Swat.
Selon l’armée, ces armes appartenaient aux Talibans et à des « éléments étrangers ».
Campagne de sensibilisation aux dangers des mines
Le Pakistan n’a pas signé le Traité anti-mines de 1997, qui interdit l’usage et la production de mines terrestres.
Raza Shah Khan dirige l’Organisation pour la paix et le développement durables de Peshawar, un organisme membre de l’ICBL, qui fait campagne contre les mines terrestres ; l’organisation, a-t-il expliqué, lancera bientôt une « campagne de sensibilisation aux dangers des mines dans les camps pour personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays », afin que les civils soient « conscients de la menace qui pèsera sur eux à leur retour chez eux ».
M. Khan a également expliqué que les mines présentaient une « menace immédiate et directe pour les civils ».
A ce jour, il est toutefois impossible de vérifier, de manière indépendante, le nombre de mines qui ont pu être posées à Swat. Il reste que leur présence aggrave les risques auxquels sont exposées les populations civiles. « Il faut en faire plus pour prévenir les souffrances des populations piégées au cœur de ce conflit », a déclaré Asma Jahangir, présidente de la Commission autonome des droits de l’Homme du Pakistan.
Les informations selon lesquelles des mines seraient posées dans des zones résidentielles peuplées contribuent à exacerber la peur qui règne au sein de la population. « Comme si les attentats à la bombe, les bombardements, les pénuries de vivres et de médicaments ne suffisaient pas, maintenant, nous devons aussi vivre dans la peur panique de perdre un membre ou de perdre un enfant, emporté par l’explosion d’une mine », a déploré Zarar Hussein.
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