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Les déplacés rapatriés, rejetés par les villageois

Locals performing a traditional dance in anticipation of the president's arrival in the village. The president's visit is aimed at assisting in the integration of IDPs displaced by the 2006 conflict; many of whom don't feel welcome in their home communiti Matt Crook/IRIN
Au Timor-Leste, la plupart des personnes déplacées par les violences qui ont éclaté en 2006 sont retournées chez elles, mais pour beaucoup d’entre elles, le plus grand obstacle, outre la reconstruction de leurs habitations et de leur vie, consiste à faire la paix avec les communautés qu’elles ont laissées derrière elles.

En avril 2006, des affrontements ont éclaté entre des soldats de l’armée mécontents et les soldats fidèles au gouvernement, à Dili, la capitale, provoquant des flambées de violence qui ont forcé 150 000 personnes à se réfugier dans des camps, aux quatre coins du pays.

Les tensions entre les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) et les communautés qu’elles ont laissées derrière elles se règlent généralement en organisant des conseils de village.

Mais pour une communauté, qui vit à la périphérie de Dili, le processus de rapatriement s’est avéré particulièrement délicat.

Si les désaccords ont été réglés dans d’autres communautés, les habitants de trois aldeias (sous-divisions de village) de Camea refusent toujours de laisser revenir chez eux les PDIP qui avaient fui en 2006.

« Si nous laissons les PDIP revenir ici, notre sécurité ne sera pas garantie. Ici, le conflit date d’avant la crise de 2006. Nous ne voulons toujours pas qu’ils reviennent », a déclaré à IRIN Antonio Ribeiro, chef du village de Camea. 

Environ 500 personnes se sont réunies pour participer au dernier rassemblement de villageois, en vue de débattre de la réinsertion des PDIP au sein de la communauté, en avril. 

«Si nous laissons les PDIP revenir ici, notre sécurité ne sera pas garantie. Ici, le conflit date d’avant la crise de 2006. Nous ne voulons toujours pas qu’ils reviennent»
Le rassemblement a été organisé à l’initiative du président José Ramos-Horta, avec l’aide du ministère de la Solidarité sociale (MSS) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Une équipe de dialogue MSS-PNUD a organisé quatre rassemblements dans le village, mais jusqu’ici, les habitants restent inflexibles.

Environ 150 familles n’ont pas encore été réinsérées dans la communauté de Camea, et si ce problème n’est pas l’exclusivité de cette communauté, dans d’autres régions, il a déjà été résolu.

L’intervention du président

« La présence du président a été utile parce qu’au moins, les gens ont compris qu’on s’occupait du problème », a expliqué Jose M Cabral Belo, responsable de projet au PNUD.

« Le président essayait d’ouvrir l’esprit des habitants, en leur faisant comprendre combien c’est beau de vivre ensemble », a-t-il poursuivi.

M. Ramos-Horta a appelé la communauté à résoudre ses différends avec les PDIP, avant de déclarer qu’il devrait y avoir d’autres débats entre toutes les parties concernées, y compris les PDIP, qui n’étaient pas présents au rassemblement de Camea.

« C’était un bon message, transmis par le président à la communauté. Il a promis d’engager des dialogues séparés avec toutes les parties. Pourvu que l’intervention du président permette aux habitants de changer d’avis, de s’asseoir ensemble et d’essayer de trouver un compromis sur cette question », espère M. Belo.

Le conflit peut être résolu, estime-t-il, mais cela prendra du temps. Le problème vient en partie du fait que le village est situé à proximité d’une zone commerçante très fréquentée.

« Ils ont des problèmes particuliers, liés à des querelles foncières, et aussi au comportement des PDIP avant la crise. Il y avait des conflits entre les PDIP et les gens des collines qui amenaient des légumes et autres produits locaux au marché. La plupart des PDIP sont des commerçants, alors il y avait des désaccords sur les prix », a-t-il expliqué.

A map of Timor-Leste and surrounding countries.
Photo: Wikimedia Commons
Carte du Timor-Leste et des pays voisins
Coincés dans les camps

Pour le moment, certains PDIP sonthébergés dans des logements de transition fournis par l’Etat, tandis que d’autres vivent encore dans le dernier grand camp de PDIP du Timor-Leste (Metinaro), qui abrite plus de 9 000 personnes environ, à la périphérie de Dili.

Le camp est particulièrement problématique pour le gouvernement, l’opération de rapatriement étant constamment reportée en raison de nombreux retards dans la vérification de l’état des logements appartenant aux PDIP, un processus visant à déterminer leur droit aux aides à la réinstallation.

« C’est très difficile. Metinaro est le plus grand camp du Timor-Leste. Selon la liste d’inscription, plus de 1 000 familles y vivent », a indiqué à IRIN Amandio Freitas, directeur des services d’assistance sociale du MSS.

Pour l’instant, les habitants de Camea et les PDIP qui souhaitent retourner chez eux devront attendre qu’un nouveau dialogue soit engagé.

mc/ds/mw/nh

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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