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Un accord plus juste pour les travailleurs domestiques ?

An Ethiopian woman arrives to meet friends after a church service in Beirut. Eighty Ethiopian women are currently in detention in Tripoli awaiting trial Simba Russeau/IRIN
Une Ethiopienne vient voir des amis après un office religieux, à Beyrouth. Quatre-vingt ressortissantes éthiopiennes se trouvent actuellement en détention à Tripoli, dans l’attente d’être jugées
Quelque 80 ressortissantes éthiopiennes sont incarcérées depuis plus d’un an dans la prison pour femmes de Tripoli, dans le nord du Liban, accusées de ne pas avoir leur passeport, qui leur a été confisqué lorsqu’elles ont commencé à travailler comme domestiques, ou qu’elles n’ont tout simplement jamais eu.

La plupart ont été arrêtées dans la rue après s’être enfuies du domicile de leurs employeurs – généralement pour cause de mauvais traitements allant de l’isolement forcé au viol, en passant par la privation de nourriture et les maltraitances physiques. Certaines avaient fui après avoir été accusées de vol.

Ayant rompu leurs contrats de travail, qui leur garantissaient un vol de retour pour rentrer dans leur pays après deux années de travail, et n’étant pas en possession d’un passeport, ces femmes se trouvent dans une situation incertaine.

« La raison pour laquelle ces femmes sont toujours en détention, c’est que les employeurs ne veulent pas payer leurs billets de retour, que la Sécurité générale [agence de renseignements libanaise] n’a pas les fonds, et que souvent leurs ambassades ne sont pas informées de leur incarcération », a expliqué Roula Masri, coordinatrice du Collectif pour la recherche et la formation sur le développement – Action (CRTD-A), une organisation non-gouvernementale (ONG) de défense des droits des travailleurs.

Kholoud, originaire du Soudan, vit au Liban depuis 18 ans. Elle est venue avec son mari et ses deux enfants pour échapper au conflit et au chômage. Mais lorsque son mari a été expulsé, a-t-elle raconté, il a emporté avec lui tous les documents officiels de la famille. « Maintenant, je ne peux pas prouver que je suis soudanaise pour pouvoir obtenir un nouveau passeport… alors, je suis coincée ici ».

Kholoud, qui habite un appartement d’une seule pièce, sans cuisine, sans réfrigérateur et sans eau courante, lutte pour payer ses 110 dollars de loyer mensuel, et compte sur les dons qu’elle reçoit de ses amis pour pouvoir couvrir les frais de scolarité de ses enfants.

Originally from Sudan, Kholoud has been in Lebanon for 18 years as a freelance domestic worker. She has no official papers and relies on donations to pay for her children’s education
Photo: Simba Russeau/IRIN
Originaire du Soudan, Kholoud vit depuis 18 ans au Liban, où elle travaille comme domestique indépendante. Elle ne possède aucun document officiel et compte sur les dons qu’elle reçoit pour couvrir les frais de scolarité de ses enfants
Au Liban, selon les associations de défense des droits humains, quelque 200 000 travailleurs domestiques – dont la plupart sont des femmes originaires des Philippines, du Sri Lanka et d’Ethiopie - ne sont pas protégés par le droit du travail.

Nouvelle donne ?

Le mois dernier, après deux ans d’efforts fournis par les associations de défense des droits humains, qui travaillent de concert avec les ministères du Travail et de la Justice, et la Sécurité générale, les autorités ont promis d’instaurer un nouveau contrat unique pour les travailleurs domestiques migrants, qui permettrait de leur assurer de meilleures conditions de travail.

Pour la première fois, les travailleuses auront la possibilité de lire le même contrat que leur employeur, dans leur propre langue. Les conditions du contrat ont été prolongées de deux à trois ans, et le contrat stipule que les femmes ne devraient pas travailler plus de 10 heures par jour, six jours par semaine, et qu’elles ont le droit de bénéficier d’une période de repos de huit heures d’affilée. Les salaires, qui selon Human Rights Watch (HRW) sont souvent retenus en guise de sanction, devront désormais être versés et signés chaque mois.

L’employeur aura toutefois le droit de rompre le contrat, pour n’importe quelle raison, et les travailleuses devront alors prendre en charge elles-mêmes leurs frais de retour, ou rembourser les dettes qu’elles auront contractées. De même, le droit des travailleuses à conserver leurs passeports ne sera toujours pas garanti.

Malgré cette nouvelle mesure, les activistes estiment qu’un amendement de la loi est nécessaire pour assurer la réglementation de ces nouveaux contrats et du travail des agences de recrutement.

« Les expériences des autres pays, tels que la Jordanie, qui ont déjà introduit un contrat de travail unique et fixé un salaire minimum pour les travailleurs domestiques, montrent qu’un contrat ne suffit pas à lui seul et qu’il faut une loi pour protéger ces travailleurs », a indiqué Nadim Houry, chercheur principal de HRW au Liban.

En février, des témoins oculaires ont rapporté avoir vu une travailleuse domestique faire une chute mortelle depuis le balcon du sixième étage d’un immeuble du quartier de Hamra, dans le centre-ville de Beyrouth. Selon HRW, plus d’un travailleur domestique meurt chaque semaine au Liban ; la plupart se suicident ou perdent la vie en tentant de s’échapper par des moyens dangereux.

sr/hm/ed/cb/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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