Fer de lance du développement du préacheminement de l’aide en prévision des crises : l’Agence américaine d’aide au développement international (USAID), le bras humanitaire des Etats-Unis, premier prestataire mondial d’aide alimentaire.
En 2009, l’organisme ouvrira plusieurs entrepôts d’aide alimentaire pour pouvoir intervenir rapidement face aux crises alimentaires dans le monde. Le premier entrepôt d’aide alimentaire a été ouvert à Djibouti, dans la Corne de l’Afrique, sur la Mer rouge, en 2007, pour permettre de préacheminer l’aide alimentaire en Afrique et en Asie.
Selon USAID, cette structure, où sont stockées des réserves de mélange maïs-soja, de farine de maïs et d’huile végétale, permet de réduire les délais d’acheminement de 75 pour cent, et d’éviter ainsi « un délai de trois à quatre mois, qui serait à prévoir si ces mêmes vivres devaient être expédiés depuis les ports américains ».
L’entrepôt de Djibouti permet d’envoyer des vivres en Ethiopie, au Soudan, en Somalie, en République démocratique du Congo, au Kenya, en Ouganda, au Zimbabwe, au Lesotho, en Afghanistan, en Irak et au Myanmar. La Somalie, le Soudan et l’Ethiopie concentrent environ 57 pour cent du tonnage total expédié à partir des réserves préacheminées de Djibouti.
L’exemple d’USAID a été suivi par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, le plus grand organisme d’aide alimentaire du monde : l’agence a annoncé récemment qu’elle lancerait une campagne mondiale de collecte de fonds pour financer un système d’achats payables à l’avance, et pouvoir acheminer des vivres avant que les distributions alimentaires ne deviennent une nécessité.
Une amélioration bienvenue ?
Les experts de l’aide alimentaire et le Government Accounting Office (GAO), le bureau d’enquête du Congrès américain, chargé de vérifier l’affectation des fonds publics et d’évaluer les programmes fédéraux, ont reconnu les avantages du préacheminement de l’aide, un système qui permet de gagner du temps ; ils ont toutefois exprimé quelques préoccupations, notamment concernant les coûts de cette pratique, à long terme.
Pour pouvoir assurer le préacheminement de l’aide, USAID prévoit d’ouvrir bientôt un ou plusieurs entrepôts dans les régions suivantes : | |
Corne de l'Afrique | |
Afrique centrale | |
Afrique australe | |
Afrique de l'Ouest | |
Asie du Sud-Est | |
Zone du Golfe des Etats-Unis |
L’expérience réalisée à Djibouti est « encore trop récente pour nous permettre de déterminer si ce système va réellement bien fonctionner », a-t-il tempéré. « Il permet de toute évidence de réduire le délai de réaction, mais seulement pour les envois initiaux ; les vivres sont généralement disponibles en petites quantités, et si l’on essaie de les entreposer à grande échelle, les frais grimpent très vite ».
Selon Marc Cohen, chercheur humanitaire chez Oxfam Amérique, une organisation non-gouvernementale internationale d’aide humanitaire, le préacheminement offre davantage de possibilités en matière d’approvisionnement et de prestation de l’aide.
« Le PAM gagne en flexibilité [dans le domaine de la prestation de l’aide] grâce à cette approche : en disposant de fonds soit pour distribuer des subventions sous forme de coupons, soit pour préacheminer des réserves de vivres dans des régions où celles-ci pourront s’avérer nécessaires ».
Selon un rapport d’enquête sur les programmes d’aide alimentaire américains, publié en 2007 par le GAO, au cours des années fiscales 2005 et 2006, les coûts des marchés et les frais de port ont fait monter les prix de l’aide alimentaire préacheminée d’au moins 30 dollars par tonne.
Les frais occasionnés par l’entrepôt de Djibouti sont également l’objet de préoccupations, selon M. Cohen : bien qu’il se trouve à proximité de l’océan, le bâtiment doit être climatisé toute l’année en raison des températures élevées. « Mais en fin de compte, ces frais pourraient bien équivaloir aux [coûts] qui auraient pu être engendrés par l’envoi des vivres [en situation d’urgence] ».
Fait important, USAID a annoncé qu’il relèverait le plafond des frais de stockage liés au préacheminement de produits à l’étranger, le portant de deux millions à 10 millions de dollars par an, à compter de l’année fiscale 2009.
Le « système d’achat à terme » conçu par le PAM est actuellement en phase pilote, selon Natasha Scripture, porte-parole de l’agence. « Ce système, qui fait partie des différents outils d’une boîte à outils plus complète du PAM, nous permet d’acheter des vivres avant d’avoir un projet particulier auquel les affecter », a-t-elle expliqué.
« Cela demande que l’on détermine les besoins régionaux, en tenant compte des tendances passées, dans l’optique de prévoir quelle quantité de vivres sera nécessaire et quand, puis de procéder à l’achat à l’avance. Les risques sont limités, étant donné que nous opérons dans beaucoup de ces pays depuis des années, et que nous savons à quels moments les populations ont généralement besoin de vivres et dans quels pays ».
Solutions alternatives
Dans son rapport, le GAO suggère à USAID de mener des recherches sur la rentabilité du préacheminement de l’aide, à long terme, tout en proposant deux autres solutions pour le préacheminement de l’aide alimentaire :
• Les réserves céréalières nationales de l’Ethiopie : exploitées par les bailleurs, y compris par les Etats-Unis, ces réserves fonctionnent comme un « site de préacheminement de facto » où sont entreposées environ 400 000 tonnes de vivres, soit assez pour nourrir quelque 5,4 millions de personnes pendant environ six mois, selon l’Administration des réserves de sécurité alimentaire d’urgence, un organe du gouvernement éthiopien.
• L’aide flottante : un système selon lequel les navires transportant l’aide alimentaire du PAM sont envoyés vers une région donnée, mais peuvent être redirigés vers une autre destination en cas d’urgence.
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