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En attendant que les milices quittent les Kivus

[DRC] Rumangabo military centre. Ex-militiamen waiting to be demobilised or integrated into the FARDC. Civilian life doesn't appeal to many ex-combatants, who feel they would not be able to adapt and find a job. [Date picture taken: 12/01/2006] Mathilde Guntzberger/IRIN
Rumangabo military centre. Ex-militiamen waiting to be demobilised or integrated into the FARDC. Civilian life doesn't appeal to many ex-combatants, who feel they would not be able to adapt and find a job
Les civils touchés par les violences qui ont eu lieu dernièrement au Sud-Kivu, une province de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), sont confrontés à une insécurité constante, selon plusieurs sources.

« Dans la plupart des zones qui abritent des [personnes déplacées], nous observons une forte présence d’éléments armés », a indiqué Stefan Lehmeier, responsable des programmes d’intervention d’urgence menés dans le Sud-Kivu par l’International Rescue Committee (IRC).

« Ces groupes armés ont des antécédents tout à fait déplorables en matière de droits humains, et généralement, lorsqu’il y a une forte concentration d’hommes armés, elle est en lien direct avec une fréquence élevée de cas de violation de droits, notamment de barrages routiers, d’extorsion, de pillages et de violences sexuelles ».

La plupart des personnes déplacées du Sud-Kivu avaient initialement fui les affrontements qui se déroulaient sur les territoires de Masisi et Walikale, dans le Nord-Kivu, mais d’autres sont les victimes d’opérations militaires plus récentes.

« Les villageois craignaient d’être pris entre deux feux lors des affrontements », a ajouté M. Lehmeier. « Ceux qui ont [fui] ont dû tout laisser derrière eux, emmener leurs enfants et passer de longues journées dans la forêt ».

A la fin du moins de février, quelque 27 000 nouveaux déplacés étaient arrivés à Bunyakiri-Hombo, 5 750 à Kalehe-Nyabibwe et un nombre indéterminé dans les régions de Nyamasasa, Minova et Numbi, selon l’IRC.

« La région était en train de se stabiliser, mais maintenant, les gens ont l’impression que ça ne va plus », a expliqué à IRIN David Nthengwe, chargé des relations externes pour la RDC orientale au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Women sell their wares by the roadside in one of the many crowded communes close to Bukavu, the main South Kivu town. Lack of employment opportunities as well as poor and unreliable pay in government jobs for the men has forced most women to take up the r
Photo: Ann Weru/IRIN
Des commerçants au bord de la route, à Bukavu : les agissements des milices dans la province du Sud-Kivu perturbent souvent les activités de subsistance telles que celle-ci
Nouveaux déplacements


Les dernières opérations ont été menées par les armées congolaise et rwandaise, qui se sont efforcées, de concert, de bouter les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un mouvement rwandais, hors du Nord-Kivu.

« [Les populations] du Sud-Kivu sont traumatisées par les [rebelles] rwandais, le Nord-Kivu est plus rwandaphone », a déclaré Sylvie van den Wildenberg, chargée de communication de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC) à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.

Le Congrès national pour la défense du peuple, la milice de Laurent Nkunda, occupait plusieurs régions du Nord-Kivu avant que ce dernier ne soit arrêté par l’armée rwandaise en janvier. En 2004, sa milice occupait Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu.

« Ici, on a le sentiment qu’avec l’arrestation de Nkunda, il n’y aura plus de problèmes », a déclaré Walumpumpu Gerald, un habitant de Bukavu.

Au total, environ un million de personnes sont déplacées au Nord-Kivu, dont environ 250 000 ont fui entre août et décembre 2008.

Au Sud-Kivu, plusieurs groupes armés sont restés actifs, dont diverses factions Maï-Maï, les Forces républicaines fédéralistes [les Banyamulenge, une milice composée de Tutsis congolais] et les FDLR, qui opèrent dans sept des huit territoires.

Plus récemment, des miliciens des FDLR en fuite se sont déplacés vers Bunyakiri, Mwenga et Shabunda. « Le mouvement des FDLR a effrayé les habitants de la région, provoquant des déplacements de population et un manque de vivres, puisque les gens ont quitté leurs fermes », a indiqué à IRIN Prospère Birhakaeka, ministre de la Santé et des affaires humanitaires au Sud-Kivu.

« Les [rebelles des] FDLR passent [par le Sud-Kivu] en retournant [chez eux] », a-t-il ajouté. « Nous [les] sensibilisons en leur recommandant de ne pas s’attarder, car les retards les incitent à se livrer à des actes répréhensibles ».

Le point de vue des miliciens

Certains anciens combattants des FDLR ont soutenu que leur mouvement ne souhaitait plus combattre. « Ils demandent à dialoguer avec le Rwanda », a commenté Gaspard Ntashavu, ancien combattant.

A view of Bukavu town, DRC, July 2007.
Photo: Jane Some/IRIN
Vue de la ville de Bukavu (photo d'archives)
M. Ntashavu, qui servait dans l’armée rwandaise pendant le génocide de 1994, faisait partie des dizaines d’anciens combattants en attente d’être rapatriés au Rwanda au centre de transit du HCR à Bukavu.

« J’ai rejoint les rangs des FDLR parce que j’avais beaucoup d’enfants et aucun moyen de subvenir à leurs besoins », a-t-il confié à IRIN. « Mais nous avions toujours prévu de rentrer au pays, même si les chefs des FDLR ne nous y autorisaient pas... même maintenant, certains ne veulent pas rentrer… ceux qui ont participé au génocide. Ils s’enfoncent dans la forêt ».

Des attaques des FDLR ont toutefois été signalées récemment à Bunyakiri, d’après Jacqueline Chenard, chargée de communication de la MONUC au Sud-Kivu.

En outre, « la plupart du temps, les [soldats des] FARDC [l’armée congolaise] ne reçoivent pas tout leur solde, alors, ils s’en prennent aux habitants et établissent des postes de contrôle pour leur extorquer de l’argent », a expliqué Mme Chenard, ajoutant que la MONUC s’efforçait de sensibiliser les soldats par le biais d’émissions de radio.

De meilleures conditions de travail

Pour assurer la paix dans la région, il faut améliorer les conditions de travail des combattants, selon Apollinaire Malumalu, coordinateur national du programme Amani, qui vise à consolider la paix dans les Kivus.

« S’ils sont déployés mais pas payés pendant un an, il y aura forcément des problèmes », a-t-il déclaré. Le reste du pays dit que les Kivus [les] tirent vers le bas. Il faut revenir au plan de désengagement et à l’Etat de droit ».

Si la paix n’a pu être rétablie dans les Kivus, selon M. Malumalu, c’est en grande partie parce que diverses milices actives cherchent à faire main basse sur les ressources minérales qu’ils renferment.

« Si les Rwandais partent, ça ira bien au Nord et au Sud-Kivu », a estimé M. Birhakaeka.

aw/eo/mw/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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