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Les clubs de filles mettent en lumière les abus sexuels

School girls in Maputo, Mozambique. Lucas Bonanno/PlusNews
Ester*, âgée de sept ans, est rentrée chez elle, dans une banlieue densément peuplée de Chimoio, capitale de la Province de Manica dans le centre du Mozambique, après une brève excursion avec un garçon de 19 ans qu’elle connaissait, et elle a raconté à ses parents en pleurant qu’elle avait été violée.

« Il est venu à la maison pour me demander d’aller chercher sa petite amie [qu’Ester connaissait] chez un voisin », a raconté la fillette. « Pendant qu’on parlait, il m’a entraînée dans une cour déserte remplie de hautes herbes, il m’a attaquée et il a eu des relations sexuelles avec moi ».

Les parents d’Ester ont informé le groupe de parents chargé de la sécurité du quartier et les responsables de la communauté, qui ont porté plainte auprès des autorités.

Quelques temps plus tard, Ester a été dépistée positive au VIH. En attendant que justice soit rendue, elle reçoit un soutien psychologique et social de l’organisation de femmes Levanta Mulher e Siga o seu Caminho (LEMUSICA).

Campagne pour les filles

Dans le cadre d’une campagne financée par l’organisation ActionAid International « Non aux abus sexuels sur les filles dans l’Education », qui a pour objectif de réduire le nombre d’abus sexuels chez les mineures, des clubs de filles ont été créés au sein des écoles et des communautés de la province de Manica.

Les clubs travaillent avec des groupes locaux chargés de la surveillance dans les quartiers, mis en place pour déceler les cas d’abus sexuels contre les enfants et les rapporter aux autorités locales. Les groupes organisent aussi des débats et informent les populations des lois liées aux abus sexuels.

Depuis 2006, 30 clubs et groupes de quartiers ont été créés. Le cas d’Ester est l’un des quatre cas d’abus sexuels contre des filles recensés dans la province en 2008 – en baisse par rapport aux 15 cas enregistrés en 2007.

« Depuis que la campagne a été lancée, le nombre de filles violées a diminué et les plaintes suivent également une tendance à la baisse, ce qui signifie que la communauté est plus consciente du problème et plus attentive face à la défense des intérêts des filles », a estimé Cecília Maria Ernesto, chargée de programmes à LEMUSICA, qui gère la campagne dans la province Manica.

Les quatre cas ont été rapportés au Bureau d’assistance pour les femmes et les enfants victimes de violences domestiques (GAMCVD, en portugais), qui est lié à la police mozambicaine.

Situation économique

Mme Ernesto a reconnu que la situation financière désespérée dans laquelle se débattaient de nombreuses familles de jeunes victimes représentait un défi pour la campagne. « Les difficultés économiques font que les parents voient cela comme un moyen de gagner de l’argent », a-t-elle dit à IRIN/PlusNews.

« L’agresseur écope d’une amende et aucune plainte officielle n’est déposée ». Souvent, les autorités ne sont saisies que lorsque l’accusé refuse de payer cette « amende », a dit Mme Ernesto.

Parfois, l’amende prend la forme d’un lobolo, la dot traditionnelle versée par la famille d’un homme à celle de la femme qu’il veut épouser. Dans de nombreux cas, les agresseurs sont quasi sûrs qu’ils vont pouvoir échapper à la justice simplement en payant le lobolo, même s’ils n’ont aucune intention d’épouser la victime.

« Le lobolo est un rituel qui met en danger la liberté des filles », a estimé Paciência Nhampimbe, du GAMCVD. « Mais de nombreuses [victimes] ont fait entendre leur voix, donc certaines plaintes pour viol sont déposées par les filles elles-mêmes ».

Extorsion sexuelle

Entre 2006 et 2008, plus de la moitié des cas ayant été rapportés via les clubs de filles et les groupes de surveillance de quartiers impliquaient des enseignants violant leurs élèves.

« Dans certains cas, les enseignants ont essayé de payer les familles pour que les cas ne soient pas dénoncés, mais tous ont été renvoyés vers les autorités judiciaires », a dit Mme Ernesto.

Une étude menée en 2006 par le Centre public pour l’intégrité (CIP) a révélé que ‘l’extorsion sexuelle’ était l’une des principales formes de corruption dans le secteur de l’éducation au Mozambique.

Il n’est pas rare, pour des enseignants, d’obtenir des faveurs sexuelles de leurs élèves filles en échange de leur passage dans la classe supérieure, ou de l’obtention d’une bonne note aux examens. Le sexe est aussi utilisé comme une sorte de monnaie lorsque les élèves filles n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarité.

« J’ai dû changer d’école parce que mon professeur a juré que si je n’avais pas de relations sexuelles avec lui, j’aurais peu de chances de passer », a dit Rosa*, 17 ans, élève du collège de Messica. En 2008, une élève du même établissement scolaire est tombée enceinte après avoir été forcée à avoir des relations sexuelles avec un enseignant.

La phase pilote de la campagne « Non aux abus sexuels » doit prendre fin en mars, mais la campagne devrait être prolongée.

*Un nom d’emprunt

ac/am/ll/ks/he/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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