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Le sexe dans les bidonvilles

A slum housing in the Ebute Metta district of lagos,Nigeria,September 2007. where the poor live The flooding of the area, which was the second of its type within a month, was one of several others which occurred in several parts of the Ebute Metta slum. Dulue Mbachu/IRIN
Ijora Badia, situé à Lagos, ancienne capitale du Nigeria et plate-forme économique du pays, est une zone presque entièrement privée de services publics. Des systèmes peu efficaces d’évacuation des eaux usées et d’assainissement dégagent en permanence une odeur pestilentielle au marché animé de la zone et la plupart des habitants doivent se frayer un chemin à travers plusieurs décharges pour avancer.

Le réseau d’électricité public, insuffisant, condamne les habitants à respirer en permanence un air vicié par le bruit et les vapeurs des générateurs, en plus d’entendre la musique tonitruante qui s’élève des nombreux bordels et cinémas.

Rien de tout cela ne dissuade pourtant les habitants du bidonville de mener de nombreuses activités commerciales, dont la plus importante est le commerce du sexe.

La prostitution n’est pas légale au Nigeria, mais elle est monnaie courante dans l’ensemble du pays. À Ijora Badia, presque aucune infrastructure moderne n’a été construite, à l’exception de la voie ferrée délabrée qui traverse la zone. Le bidonville abrite des centaines de travailleurs du sexe, qui exercent jour et nuit, faisant signe aux clients potentiels du seuil de leur porte.

Coordinatrice à Safe Haven International, une organisation non-gouvernementale qui offre une aide et des services de santé aux travailleurs du sexe, Margaret Onah pensait avoir tout vu, mais elle n’était pas préparée pour ce qu’elle a désigné comme « l’une des plus importantes concentrations de travailleurs du sexe du pays ; dans cette communauté, presque toutes les maisons abritaient des travailleurs du sexe », a-t-elle déclaré à IRIN/PlusNews.

Peu de travailleurs étaient intéressés à entendre parler des risques de transmission du VIH. « En revanche, ils disaient vite qu’ils prenaient les précautions nécessaires et qu’ils avaient besoin de cet argent pour survivre », a-t-elle rapporté. « J’ai quitté [Ijora] Badia en ayant compris qu’il y avait beaucoup à faire ».

Femi Harrison est bénévole à l’Organisation internationale des éducateurs mobiles, qui s’efforce de sensibiliser les populations du bidonville au VIH/SIDA et aux autres maladies sexuellement transmissibles.

Selon ses estimations, il y aurait au moins 40 bordels à Ijora Badia, les établissements les plus petits comptant chacun une vingtaine de chambres et les plus grands, 120. Un grand nombre d’autres structures de fortune comprennent des chambres pour les transactions sexuelles, essentiellement la nuit.

« Le sexe est une affaire juteuse, ici », a indiqué Lucky, barman au Rainbow Hotel, où les travailleurs du sexe payent 300 nairas (2,30 dollars) la nuitée et demandent à leurs clients entre 400 nairas (trois dollars) et 1 500 nairas (11,50 dollars).

Rita raconte qu’elle a commencé à se livrer à cette activité lorsque sa boutique a brûlé, il y a quelques années. « Je suis dans le métier pour ne pas mourir de faim », a-t-elle dit à IRIN/PlusNews.

Elle tente de se protéger en insistant pour que ses clients utilisent des préservatifs, mais certaines de ses collègues disent faire des exceptions pour les clients qui sont prêts à payer un supplément.

Les plus jeunes de ces femmes, originaires, pour bon nombre, de la région centre-ouest du Nigeria, sont venues à Lagos, dupées par de fausses promesses, pour se retrouver piégées dans l’industrie du sexe.

Certains travailleurs du sexe, qui habitent d’autres quartiers de Lagos, font la navette jusqu’à Ijora Badia la nuit et repartent le matin, tandis que d’autres viennent y travailler pendant quelques mois. Ce niveau de fluctuation démographique important donne du fil à retordre aux travailleurs de terrain comme Femi Harrison.

« Si vous appelez une travailleuse du sexe maintenant et que vous lui demandez ce qu’elle sait sur le VIH/SIDA ou les préservatifs, elle n’en saura peut-être presque rien parce qu’elle vient d’arriver dans cette communauté », a-t-il dit. « Ils viennent s’installer puis ils repartent, c’est pourquoi nous faisons un travail mobile. On ne cesse de faire du battage auprès des nouveaux arrivants, en espérant qu’ils prendront les précautions nécessaires ».

En 2007, l’Organisation internationale des éducateurs mobiles a découvert que sur 100 travailleurs du sexe qui avaient accepté de se soumettre à un test de dépistage du VIH, 25 étaient séropositifs.

« Nous ne pouvons pas dicter aux gens ce qu’ils devraient ou ne devraient pas faire, mais nous nous attendons dans la mesure du possible à ce qu’ils vivent de manière responsable et à ce qu’ils prennent plus au sérieux les différentes campagnes de sensibilisation au VIH/SIDA », a indiqué le chef Titus Aworetan, leader de la communauté locale, selon qui le gouvernement devrait en faire plus pour lutter contre le commerce du sexe à Ijora Badia.

« Etant donné que bon nombre de travailleurs du sexe disent se livrer à cette activité pour survivre, le gouvernement devra peut-être assurer les infrastructures et les perspectives nécessaires pour que les populations puissent avoir des emplois rémunérés », a-t-il estimé.

Femi Harrison a pour sa part fait remarquer qu’en dépit des nombreuses promesses passées des politiciens, peu d’efforts avaient été déployés pour améliorer les conditions de vie dans le bidonville.

lf/ks/he/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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