Ces dernières années, la région a connu plusieurs déficits de précipitations successifs à la petite saison des pluies (Belg, qui s’achève en mai) et à la saison principale des pluies (Meher, qui commence à la fin du mois de juillet), ce qui a donné lieu à de faibles récoltes, dans certaines régions, et dans d’autres, à une quasi-perte de récolte.
Selon le travailleur humanitaire, membre d’une mission d’évaluation inter-organisations au Tigré, dans la Zone orientale du nord-est, certains signes portent à croire que la situation pourrait s’aggraver : les taux de malnutrition croissants, les pertes de récolte, les pénuries d’eau, les mouvements de population vers des régions où la sécheresse est moins grave, ainsi que la dépendance, plus importante, des populations à l’aide humanitaire.
Les résultats de l’évaluation, menée par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, le Secteur de la gestion des catastrophes et de la sécurité alimentaire, le Service régional de prévention et de préparation aux catastrophes du Tigré, OCHA, le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et plusieurs organisations non-gouvernementales (ONG), dont la Relief Society du Tigré, seront finalisés d’ici à la fin du mois de novembre.
Photo: Jane Some/IRIN |
Selon Gebremedhin Gebregergis, un fermier, son champ de teff dans la région du Tigré a failli ne pas produire cette année |
Le gouvernement éthiopien et ses partenaires humanitaires ont publié un bulletin d’information le 14 octobre, sollicitant une aide d’urgence au nom de quelque 6,4 millions de personnes dans le pays.
L’évaluation rapide de la sécheresse au Tigré, réalisée par plusieurs organisations à la fin du mois de septembre, et incluse dans le récapitulatif des besoins publiés en octobre, recommandait l’apport d’une aide alimentaire d’urgence à quelque 600 000 habitants de neuf woredas (divisions administratives) en situation critique, dans le pays.
En novembre, les autorités du Tigré ont demandé à l’équipe d’évaluation de couvrir 27 woredas sur les 34 de la région, signe que la sécheresse s’étendait rapidement.
Certains habitants des woredas touchés de la Zone orientale, tels que Kilte Awlaelo, Atsbi Womberta ou Tse-se Tsada Ambat, ont indiqué à IRIN qu’ils envisageaient de migrer vers d’autres régions du pays ; d’autres pensent à vendre leur bétail pour survivre, malgré la chute des prix.
Gebremedhin Gebregergis, fermier à Kihen Tabia, dans le woreda de Kilte Awlaelo, a expliqué que son champ de teff d’un demi-hectare avait failli ne pas donner de récolte, et qu’il prévoyait une production inférieure à un quintal (100 kilos), dont il conserverait les plantes les plus chétives pour nourrir son bœuf et sa vache.
« Pour survivre, je dois vendre une partie du bétail, principalement des moutons et des chèvres ; mais ce ne sera pas assez, étant donné que les bêtes ne rapportent pas beaucoup sur le marché », a déclaré Gebremedhin Gebregergis, père de huit enfants. « Déjà, je ne peux pas envoyer un de mes enfants au lycée bien qu’il ait fini son année de troisième, parce que je n’en ai pas les moyens ; la priorité est d’être capable de nourrir ma famille ».
Recrudescence de la malnutrition
Selon un conseiller sanitaire de Kilte Awlaelo, le taux de malnutrition a augmenté depuis trois mois et le ministère de la Santé a redoublé d’efforts pour prévenir une recrudescence de certaines maladies, telles que le paludisme, la diarrhée, les affections oculaires, les vers et la pneumonie.
Photo: Jane Some/IRIN |
Des terres affectées par la sécheresse dans le Tigré |
Il est désormais envisagé de procéder chaque mois au dépistage de la malnutrition chez ces enfants, plutôt que tous les trois mois, pour détecter dès les premiers temps la malnutrition grave et modérée. « Nous auscultions également les femmes enceintes et les mères allaitantes tous les trois mois, mais nous allons là aussi commencer à procéder à des dépistages mensuels ».
Fuir en migrant
Birizaf Tsegay, 17 ans, vit à Wukro, un village du woreda d’Atsbi Womberta ; la sécheresse a réduit la récolte obtenue par sa mère sur sa ferme de deux hectares, a-t-elle confié, à tel point que certains membres de sa famille n’ont eu d’autre choix que de migrer.
« Ce que nous avons récolté dernièrement ne suffit pas à nourrir l’ensemble de la famille ; cela risque même ne pas nous durer un mois », a-t-elle expliqué. « J’ai arrêté l’école en CE2 parce que je n’avais pas les moyens d’acheter les cahiers d’exercices ; ma grande sœur ne va pas à l’école non plus, seuls mes deux plus jeunes frères sont encore scolarisés ; pour survivre, certains d’entre nous, dont moi-même, devront partir chercher du travail dans d’autres woredas, pour pouvoir envoyer de l’argent à la famille ».
Dans son rapport Focus on Ethiopia [Le Point sur l’Ethiopie] de septembre, OCHA a rapporté que l’aide d’urgence aux populations du Tigré avait été prolongée jusqu’au mois de novembre en raison de l’insécurité alimentaire dont souffre la région.
« Les réserves de céréales sont limitées par rapport au bétail en vente dans la plupart des marchés », a indiqué l’agence.
js/mw/nh/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions