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Un plan de contingence pour une armée de migrants

Le gouvernement des Philippines finalise à l’heure actuelle un plan de contingence destiné à protéger plusieurs millions de travailleurs philippins expatriés face à l’effondrement financier mondial, qui menace de se traduire par une hausse du chômage, selon les autorités.

Si l’économie philippine reste relativement stable et n’est que peu exposée aux institutions financières américaines et européennes ruinées, la crise risque de forcer de nombreux gouvernements étrangers à supprimer des emplois dans les secteurs où travaillent les Philippins.

Environ 10 pour cent des 90 millions de Philippins vivent à l’étranger, et leurs versements de fonds sont devenus l’épine dorsale de l’économie : en 2007, ils ont injecté 14 milliards de dollars dans le pays, soit environ 10 pour cent du Produit intérieur brut (PIB), selon les statistiques officielles.

Les travailleurs philippins de l’étranger (TPE) sont employés comme domestiques dans divers pays, de Hong Kong à Singapour, comme infirmiers et travailleurs de la santé aux Etats-Unis et en Europe, et comme camionneurs en Irak et en Afghanistan. Environ un tiers des marins du monde sont également philippins, dont environ 270 000 travaillent pour des compagnies maritimes étrangères.

Leurs salaires mensuels varient entre 400 et 600 dollars, et les travailleurs philippins passent jusque 10 mois par an loin de leurs familles afin de pouvoir gagner tout juste assez d’argent pour subvenir aux besoins de cinq personnes, selon les statistiques du gouvernement.

Mais à l’heure où la crise financière mondiale les rend extrêmement vulnérables, ainsi que, par extension, l’économie des Philippines, Jesus Dureza, porte-parole de la présidence, a dit : « Nous devrions être prêts à faire face au pire cas de figure, car notre pays fait partie de ce que nous appelons un village mondial. S’ils ont mal au ventre, nous allons aussi le sentir ».

« La Présidente [Gloria Arroyo] a donné l’ordre aux ministères du Travail et des Affaires étrangères de préparer un plan de contingence, au cas où ils perdraient leurs emplois », a-t-il dit.

Selon lui, une récession aux Etats-Unis, où environ deux millions de Philippins travaillent, pourrait aboutir à des licenciements massifs. Pour amortir l’impact économique de la crise, M. Dureza a expliqué que la présidente philippine devait signer un projet de loi prévoyant la restructuration des prêts au logement, pour assurer des conditions de prêt plus souples.

La Présidente a également prolongé le mandat d’un comité spécial chargé de veiller à la protection sociale de plus d’un million de TPE travaillant au Moyen-Orient.

Programmes de reformation

Le Service public de développement des compétences et d’éducation technique a également été chargé de préparer des stages de formation professionnelle pratiques pour les personnes susceptibles d’être touchées par la crise.

Connie Bragas-Regalado de Migrante International, une organisation non-gouvernementale (ONG) de défense du droit des immigrés, a averti que de nombreux ménages à revenus moyens à Hong Kong ou Singapour, par exemple, chercheraient à réduire leurs dépenses.

« La situation des aides domestiques ou des femmes de ménage et autres travailleurs vacataires est particulièrement préoccupante. Si leurs employeurs perdent leurs emplois ou si leurs emplois sont compromis par la crise, les femmes de ménage risquent d’être renvoyées ou contraintes d’accepter une baisse de salaire », selon Mme Bragas-Regalado, ancienne femme de ménage, qui a travaillé pendant 13 ans à Hong Kong.


Photo: Jason Gutierrez/IRIN
Un prêtre donne la communion lors d'un rassemblement de travailleurs dans les rues de Manille. Le pays est la quatrième source de travailleurs migrants dans le monde
« Lorsque la crise financière asiatique a eu lieu en 1997, j’étais à Hong Kong et il y a eu des suppressions d’emploi massives. Un grand nombre d’employeurs expatriés ont perdu leur emploi. Ils ont avant tout pensé à prendre des mesures de réduction des coûts, et ils ont notamment dû renvoyer leurs femmes de chambre », s’est souvenue Mme Bragas-Regalado. « Nous risquons de voir la même tendance se manifester aujourd’hui, étant donné que la nouvelle crise est mondiale ».

« Si les travailleurs ne peuvent plus envoyer de l’argent à leurs familles, au pays, cela va également causer des problèmes sociaux », a-t-elle prévenu. « Le gouvernement devrait mettre en place des filets de sécurité pour ces travailleurs, qui risquent de devoir s’installer ailleurs ».

Selon Esteban Conejos, sous-secrétaire aux affaires étrangères, qui dirige la conception du plan de contingence, les travailleurs peu qualifiés sont « les plus vulnérables ».

« Les plus vulnérables sont les travailleurs peu qualifiés, nos aides domestiques », a déclaré M. Conejos à des correspondants étrangers, le 15 octobre. « En cas de récession prolongée, les ménages n’auront pas les revenus nécessaires pour subvenir aux besoins de nos travailleurs domestiques ou continuer de faire appel à leurs services ».

« Nous continuons d’espérer que tout se passera bien, mais nous nous préparons au pire », a dit M. Conejos. « Nous devons nous tenir prêts au cas où la récession serait grave et prolongée ».

M. Conejos a indiqué que le plan de contingence serait achevé ce mois-ci, et qu’il pourrait intégrer des formations aux moyens de subsistance. Les banques seront encouragées à accorder des micro-crédits pour permettre aux travailleurs rentrés aux Philippines de lancer des petits commerces.

La croissance économique devrait quant à elle ralentir pour passer de sept pour cent de croissance du PIB l’année dernière à environ cinq pour cent cette année, selon les économistes.

Augusto Santos, directeur général adjoint de l’agence de planification économique, a estimé que le public ne devrait pas paniquer, soulignant que les principaux indicateurs macro-économiques restaient stables. Au pire, selon lui, l’économie se contractera, mais il n’y aura pas de krach.

Toutefois, face à un taux de chômage local de huit pour cent au cours du premier trimestre de l’année, Mme Bragas-Regalado estime que le public devrait se préparer à se serrer la ceinture pour surmonter la tempête financière. Déjà, la banque centrale a averti que les transferts de fonds en dollars pourraient diminuer face à la crise.

« Je pense que les familles des immigrés seront les plus touchées », a-t-elle prédit.

jg/mw/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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