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Un long chemin vers la réinstallation des réfugiés irakiens handicapés

Hamid Amin Hamza, sa femme Om Omar, et leur famille de 10, dont un fils, Jaafar, atteint d’un handicap physique, vivent dans un appartement miteux de Madinat Nasser, une banlieue du Caire.

Ils ont fui l’Irak en 2007 et sont arrivés en Egypte, en passant par la Syrie, en quête de sécurité, de stabilité économique et avant tout d’un traitement pour leur fils. « Nous sommes venus ici parce que la situation en Irak était intenable. Non seulement nous étions en danger, mais Jaafar en souffrait le plus », raconte Hamid.

Jaafar, 9 ans, souffre de quadriplégie, une affection des quatre membres, qui provoque un handicap physique. « Jaafar dépend complètement de nous », explique sa mère. « Nous devons le nourrir, le porter jusqu’aux toilettes et partout où il a besoin d’être emmené. Il grandit et prend du poids, et je ne sais pas combien de temps encore nous pourrons subvenir à ses besoins. Les médecins disent que sa maladie est permanente ; il a besoin de soins spécialisés », poursuit-elle.

Ahlam Tobias de Caritas, un des partenaires de mise en œuvre du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), partage cet avis.

« Jaafar […] doit être admis dans un centre de réadaptation pour les enfants atteints de handicaps permanents ». Mais ces centres n’existent pas en Egypte. « Je veux parler de centres de réadaptation entièrement équipés, avec toute une gamme de services destinés à répondre à chaque besoin de patients comme Jaafar. Aucun centre de cette envergure n’existe en Egypte », affirme-t-elle. Au début de l’année 2008, Mme Tobias a rédigé un rapport médical urgent adressé à la branche cairote du HCR, pour présenter l’état de Jaafar et souligner la nécessité de traiter le petit garçon dans une région où ces programmes de réadaptation existent.


Photo: Marwa Awad/IRIN
À sa naissance, Jaafar Hamid Amin Hamza, 9 ans, a eu la jaunisse, complication qui n’a pas été soignée, et lui a valu son handicap actuel, connu sous le nom de quadriplégie
Critères de réinstallation

Selon la branche cairote du HCR, les principaux objectifs pour 2008 sont « d’assurer le respect des normes internationales de protection pour toute personne relevant du mandat du HCR, par l’inscription, la délivrance de documents, la détermination ciblée du statut de réfugié, ainsi que par l’identification des personnes ayant des besoins spéciaux ».

Selon Abeer Etifa, porte-parole du HCR auprès des médias, pour remplir les critères de réinstallation dans un pays tiers, il faut être atteint d’une maladie potentiellement mortelle ne pouvant d’être soignée en Egypte. « La réinstallation est une solution durable pour les réfugiés les plus vulnérables », selon M. Etifa. Mais la famille de Jaafar a vu s’envoler ces espoirs de réinstallation. « J’ai téléphoné aux bureaux du HCR au Caire […] et on m’a dit : “votre famille et vous ne remplissez pas les critères de réinstallation” », raconte Hamid. 

Bureau irakien des informations 

Comme beaucoup de réfugiés et demandeurs d’asile irakiens, Hamid s’est tourné vers le bureau irakien des informations, au Centre St. Andrew d’aide aux réfugiés, pour bénéficier d’une assistance juridique.?Le bureau fournit une assistance juridique aux Irakiens qui souhaitent s’inscrire auprès du HCR et à ceux qui ont besoin d’aide pour s’en sortir avec les procédures complexes du processus de réinstallation.

« Le bureau irakien des informations s’efforce d’être un lien de communication entre le HCR au Caire et les Irakiens qui se portent candidats à la réinstallation. Nous aidons nos clients réfugiés à préparer un témoignage corroboré par des documents et des arguments juridiques reposant sur le droit international des réfugiés et les droits humains », explique Jeffrey Hancuff, directeur du centre.

Selon M. Hancuff, le problème de Hamid est qu’il n’a pas pu démontrer de manière crédible qu’il avait des raisons valables de craindre pour sa vie.

Traumatisme

« La crédibilité est toujours une question cruciale : on s’attend des réfugiés qu’ils aient des mémoires infaillibles, mais en réalité, la peur et le traumatisme mêmes qui les ont contraints à devenir réfugiés compromettent souvent aussi leur capacité à se rappeler précisément les dates et les heures », note M. Hancuff.

« Quand vous craignez pour votre vie et celle de votre famille, généralement, vous ne prenez pas de notes. Un grand nombre des personnes qui viennent nous voir se trompent de plusieurs mois sur des dates essentielles, par exemple, sur la date de leur départ du pays. Cela ne veut pas dire qu’ils mentent, cela signifie juste qu’ils étaient plus préoccupés par des besoins plus essentiels », ajoute-t-il.

Selon Michael Kagan, senior fellow en droits humains à l’université américaine du Caire, « le siège du HCR n’a pas encore défini de directives claires sur les évaluations de crédibilité ». En attendant, la famille de Hamid continue de vivre dans une situation précaire et Jaafar ne bénéficie toujours pas d’un traitement de réadaptation ni de soins adaptés.

ma/at/cb/nh/np


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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