La période annuelle de privation, baptisée « monga », a débuté à Kurigram, ainsi que dans six autres régions du nord : Nilphamari, Lalmonirhat, Gaibandha, Rangpur, Panchagarh et Thakurgaon, qui sur les 64 divisions administratives du Bangladesh, comptent parmi les plus pauvres.
Pendant la monga –qui commence généralement à la fin du mois de septembre- il n’y a rien à récolter et très peu de travail à faire, c’est pourquoi de nombreux fermiers se ruent vers les villes pour devenir tireurs de pousse-pousse ou travailleurs occasionnels, le temps d’une saison, et pouvoir ainsi rembourser leurs prêts et gagner l’argent qu’ils ont tant besoin de rapporter au foyer.
Nombre d’entre eux reviennent toutefois chez eux plus pauvres qu’avant ; d’autres encore ne reviennent pas, fuyant la faim qui les attend chez eux.
Chaque année, des dizaines de milliers de personnes, originaires de centaines de villages situés le long des rives de la Tista, du Dudhkumar, de la Dhorla et du Brahmapoutre, dans la région nord du Bangladesh, se trouvent confrontées à la monga.
Diverses catastrophes naturelles (inondations, érosion des rives des cours d’eau, sécheresse…) ajoutent à la gravité de cet événement annuel, pour rendre de nombreux habitants vulnérables à la faim et aux maladies, tout en alimentant le niveau de pauvreté.
En raison des dernières inondations, dues à la mousson, des milliers de familles pauvres ont perdu leurs revenus et leurs moyens de subsistance, et cela a eu pour effet prolongé de compromettre la sécurité alimentaire des populations de la région.
De nombreux fermiers consacrent en effet l’ensemble de leurs ressources financières à l’achat d’outils, de semences et d’engrais pour la récolte du riz ; lorsqu’ils perdent tout en raison des inondations, ces fermiers deviennent indigents du jour au lendemain.
Dans le cas de la culture du riz « aman » (60 pour cent de la production de riz du Bangladesh), les pertes de récolte dues aux crues survenues en juillet-août aggravent l’insécurité alimentaire en septembre-octobre, jusqu’à ce que le riz « boro » (40 pour cent) puisse être récolté, en novembre-décembre.
Les femmes et les minorités, premières victimes
Photo: Shamsuddin Ahmed/IRIN |
Des habitants du district de Lalmonirhat, dans le nord, apportent leur bol de riz pour demander une aide alimentaire à l'approche de la monga |
Les femmes et les foyers dirigés par des femmes en souffrent particulièrement, a-t-il ajouté, en partie parce qu’ils sont déjà plus susceptibles de souffrir de malnutrition, mais aussi pour des questions de discrimination.
« Lorsqu’il y a une offre trop importante de travail occasionnel, les employeurs ont tendance à embaucher des hommes plutôt que des femmes », a indiqué M. Kangshabanik.
La monga a également de lourdes conséquences pour les minorités indigènes locales.
« Le matériel de secours et autres “filets de sécurité” sont d’abord distribués à ceux qui ont du pouvoir. Nous, nous n’en recevons que de maigres quantités », a affirmé Dwijen Sharma, président de la Panchbibi Upajila Adibashi (population indigène) Multipurpose Development Organisation (PUAMDO), un organisme de défense des droits des populations indigènes de la région de Joyporhat.
La monga dans les « chars »
La monga se manifeste avec une virulence particulière dans les « chars », ces îles fluviales où quelque 600 000 personnes vivent, parmi les plus pauvres du pays.
Ces îles, submergées en juillet par les eaux de pluie qui dévalent l’Himalaya en direction du sud, ne réapparaissent qu’en novembre. La plupart des déplacés vivent le long des rives des cours d’eau, le temps que les pluies cessent de tomber et que le niveau des eaux commence à diminuer.
Selon les organismes d’aide humanitaire, les habitants des chars et les ouvriers agricoles sans terre, déplacés le long des berges des cours d’eau sont plus vulnérables qu’une majorité de la population à la pauvreté chronique.
Les crues les obligent à se déplacer en juillet-août avant le début de la monga, qui dure de septembre au début du mois de novembre. Pour eux, les sources de revenus alternatives sont encore plus rares que sur le continent.
Il n’y a pas de briqueterie, seule une poignée de structures de traitement du riz paddy, très peu de travaux immobiliers et routiers, pas de pousse-pousse, et guère de possibilités d’entreprendre des activités commerciales.
Selon une enquête menée en 2006 auprès de 425 000 familles dans la zone de la monga par la Fondation Palli Karma Shahayak, une organisation non-gouvernementale (ONG), et l’Institut national de microfinance bangladais, environ 20 pour cent n’ont eu d’autre choix que de vendre leurs ressources et leurs biens pour nourrir leurs familles, et 40 pour cent ont dû migrer vers d’autres régions pour trouver des emplois.
sa/ds/mw/nh/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions