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« Nous mourons, et ils prennent l’avion ! »

Plusieurs centaines de Swazis, y compris des personnes vivant avec le VIH, ont manifesté le 21 août à Mbabane, la capitale, pour exiger du gouvernement qu’il consacre ses financements en priorité à l’atténuation de la crise humanitaire que connaît actuellement le pays.

Les manifestants ont décidé d’agir lorsqu’ils ont appris que les 13 femmes du roi Mswati étaient parties en voyage au Moyen-Orient et en Asie. La présidence, au Palais de Lozitha, à 30 kilomètres à l’est de Mbabane, n’a pas révélé la nature de ce déplacement, mais les médias swazis ont affirmé que les femmes profitaient des vacances scolaires pour voyager avec leurs enfants.

« C’est la première fois que le commun des mortels se dresse pour dire ‘Assez ! Les ressources nationales ne peuvent pas être utilisées uniquement par la Couronne. Et les populations ?’ », a dit Amanda Dlamini, l’une des manifestantes. « Le roi Mswati a déclaré le sida une urgence nationale et a dit que si rien n’était fait, le Swaziland disparaîtrait. Mais nous mourons, et ils [les membres de la famille royale] prennent l’avion ! »

Les deux tiers de la population du Swaziland vivent dans une pauvreté chronique, selon le Programme des Nations Unies pour le développement, et 26 pour cent des adultes sont séropositifs, ce qui fait du Swaziland le pays avec le taux de prévalence du VIH le plus élevé au monde.

Après 2007 et la pire récolte qu’ait jamais connu le Swaziland, la production agricole s’est améliorée en 2008, mais elle est toujours inférieure aux besoins nationaux, tandis que la crise alimentaire et pétrolière mondiale a contribué à aggraver l’insécurité alimentaire chronique, qui touche plus de 20 pour cent de la population.

« J’étais consternée quand j’ai appris que non seulement les femmes [du roi] voyageaient, mais que leurs gardes du corps, leurs domestiques et leurs enfants voyageaient aussi », a dit Siphiwe Hlope, une organisatrice de la manifestation et directrice de ‘Swazis pour une vie positive’ (SWAPOL), une organisation de soutien aux personnes vivant avec le VIH fondée par des femmes séropositives.

« Le pays est rongé par de nombreux problèmes, et à l’heure où nous parlons, il y a une pénurie non seulement de médicaments antirétroviraux mais aussi d’autres médicaments dans nos hôpitaux. Les personnes âgées ne reçoivent plus leur pension, mais les fonds publics sont utilisés pour le voyage des reines », a déploré Mme Hlope.

Ce défilé, le premier jamais organisé pour dénoncer des activités royales, a attiré des attaques acerbes de la part de responsables du gouvernement et de la royauté. Le porte-parole du gouvernement, Percy Simelane, et le Premier ministre traditionnel, Jim Gama, ont condamné le projet des manifestants de porter du noir, estimant qu’il constituait une offense aux coutumes traditionnelles de deuil.

« Les femmes ne descendent pas dans la rue ! Ont-elles la permission de leur mari pour faire cela ? », a déclaré M. Gama à la presse.

Pour le frère aîné du roi Mswati, le prince Jahmnyama Dlamini, « les gens pensent toujours que la royauté utilise l’argent des contribuables n’importe quand ; la famille royale a ses propres biens, et [est riche] », a-t-il dit, sans donner de détails sur le financement du voyage des épouses royales.

La marche s’est déroulée dans les rues du centre de Mbabane à un rythme relativement lent pour permettre aux personnes vivant avec le VIH de la suivre, tandis que des femmes s’allongeaient sur la route pour symboliser les effets de la famine.

Jan Sithole, le secrétaire général de la Fédération des syndicats du Swaziland (SFTU, en anglais), a été arrêté et interrogé par la police au moment où la marche se mettait en route, et n’a pas pu y participer.

M. Sithole a précisé qu’une large manifestation des travailleurs était prévue le 3 septembre, trois jours avant la célébration du 40ème anniversaire du monarque, qui coïncide avec le 40ème anniversaire de l’indépendance du Swaziland et a été déclarée jour férié.

« La façon dont le roi veut faire évoluer ce pays, soit à travers le partage du pouvoir ou un contrôle absolu, déterminera si la monarchie aura 40 autres années à célébrer », a commenté le quotidien Times of Swaziland, le 22 août.

jh/jk/he/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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