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Des affrontements récents font des dizaines de milliers de déplacés

Au moins 130 000 villageois de l’île de Mindanao, dans le sud des Philippines, ont été déplacés par de récents affrontements entre l’armée et un groupe de rebelles séparatistes musulmans qui occupent illégalement 22 villages de la province de Cotabato depuis la suspension d’un accord foncier par la Cour suprême, la semaine dernière, selon les autorités.

Les soldats de l’armée, armés d’obusiers Howitzer 105 millimètres, ont bombardé les positions des rebelles tandis qu’au moins deux hélicoptères de combat MG 520 larguaient des roquettes sur une région marécageuse où les rebelles du Front moro de libération islamique (MILF) se sont retranchés, plantant leur drapeau et rejetant des ordres d’évacuation répétés.

Le lieutenant général Cardoso Luna, à la tête des forces militaires qui s’opposent actuellement aux rebelles, a déclaré que ses hommes étaient prêts pour une « guerre sur la durée ».

« Ils [les rebelles] ont défié les ordres d’évacuation, alors nous avons décidé de faire appliquer la loi et de les faire évacuer, et s’ils résistent, de les neutraliser », a-t-il indiqué à IRIN.


Photo: Google Maps
Carte des Philippines et des pays voisins. En rouge, l’île de Mindanao
Retrait

Le 12 août, le gouvernement a rapporté que les rebelles avaient commencé à se retirer de certains villages, mais que la plupart restaient sous leur contrôle et que les affrontements se poursuivaient.

Les troubles ont commencé la semaine dernière lorsque la Cour suprême a interdit au gouvernement de signer un accord avec le MILF qui aurait donné au groupe rebelle le contrôle d’un vaste territoire situé dans le centre des Philippines, un territoire qu’ils considèrent comme le « domaine de leurs ancêtres ».

Cet accord aurait conféré au MILF les pouvoirs économique et administratif dans une région musulmane autonome étendue, et aurait ouvert la voie à la conclusion d’un accord politique qui aurait mis fin à 30 années d’insurrection, au cours desquelles quelque 12,000 rebelles du MILF se sont opposés aux forces du gouvernement.

L’accord proposé a déclenché des manifestations de masse dans les rues des villes chrétiennes du sud, forçant la Cour suprême à prononcer une injonction en attendant que la proposition soit soumise à un examen plus détaillé et que ses mérites soient défendus devant la cour par les négociateurs de paix du gouvernement.

À la suite de cela, un groupe de quelque 1,500 combattants renégats du MILF a pris le contrôle de 22 villages dans cinq villes de Cotabato, qui auraient été couverts par l’accord.


Photo: Jason Gutierrez/IRIN
L’armée philippine mène une opération de ratissage le long d’une autoroute, à Pikit, une ville du sud des Philippines, théâtre de violents affrontements entre les forces du gouvernement et les factions rebelles du MILF
Les rebelles ont attaqué les positions du gouvernement et défié les ordres de leurs chefs, qui les ont sommés de quitter les lieux, forçant le gouvernement à lancer sa plus grande offensive depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu, il y a cinq ans.

Déplacements massifs

D’après les statistiques du Conseil national de coordination des catastrophes (NDCC), 130,000 personnes ont été déplacées ; elles se sont réfugiées dans des écoles reconverties en centres d’évacuation.

Si la situation n’est pas maîtrisée, selon les organisations humanitaires, le problème risque de prendre les proportions d’une crise humanitaire : les populations deviendront prêtes à tout pour obtenir de la nourriture et les enfants seront exposés à de mauvaises conditions d’hygiène.

Selon le NDCC, six soldats ont été blessés, et un décès a été déploré dans chacun des deux camps  à mesure que se poursuivaient les batailles de rues et les tirs d’artillerie.

Environ 83 maisons ont été détruites ou brûlées, et des rizières ont été laissées à l’abandon. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a acheminé environ 200 sacs de riz jusqu’aux centres d’évacuation, mais le NDCC a indiqué qu’il avait sollicité pas moins de 80,000 sacs.

L’agence a besoin de bâches, de matériel médical, de nattes, de sacs de couchage, de nécessaires d’hygiène et de toilettes portables.

Des conditions déplorables

Les 6,000 habitants de Tacepan, l’une des villes occupées, se sont presque tous réfugiés dans une école bondée.

Leurs réserves d’eau sont minces et les latrines sont près de déborder. Les évacués n’ont pas assez de nourriture et doivent cohabiter avec leur bétail et d’autres animaux de ferme.


Photo: Jason Gutierrez/IRIN
Une vieille femme porte dans ses bras sa petite-fille, dans un camp d’évacuation de la ville de Pikit, dans le sud des Philippines
Selon Imelda Balios, une travailleuse sociale de la région, des appels urgents ont été lancés à l’attention du gouvernement pour que celui-ci envoie du matériel de secours, afin d’éviter une crise humanitaire plus grave.

« Leurs vies sont déjà en suspens. Les classes ont été suspendues, les moyens de subsistance, abandonnés, et leurs vies sont en péril », a expliqué Mme Balios.

« C’est la première fois depuis des années que nous voyons une évacuation à grande échelle ; on voit que même les animaux de ferme ont été évacués et on ne sait pas où les mettre ».

Mme Balios et des dizaines d’autres se sont réfugiés dans un bâtiment abandonné, après avoir été pris entre deux feux. « Les balles atterrissaient près de là où on était caché », a-t-elle raconté. « C’est effrayant, et tôt ou tard ceux qui tentent de s’échapper vont être touchés ».

À deux pas de la zone d’affrontement

Depuis le centre d’évacuation, qui se trouve à environ 400 mètres seulement de la zone d’affrontement la plus proche, on entend de temps à autre des bruits sourds, suivis de grandes explosions, signes que des tirs de mortier sont essuyés par les deux camps.

Les responsables craignent que les personnes évacuées ne soient touchées. « Nous avons dû partir, on ne pouvait pas rester chez nous. Mais je ne pense pas que nous soyons en sûreté là où nous sommes à l’heure actuelle », a confié Lele Unto, en faisant entrer ses cinq jeunes enfants dans le centre, devant un groupe de soldats.

« J’ai peur pour mes enfants », dit-elle.

jvg/bj/mw/nh/nr


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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