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L’interdiction d’opérer continue de pénaliser les organismes de lutte contre le sida

À mesure que la crise politique s’aggrave au Zimbabwe, à l’approche du deuxième tour des élections présidentielles (prévues pour le vendredi 27 juin), et que le statut des organisations non-gouvernementales (ONG) reste incertain, la situation des Zimbabwéens séropositifs est plus précaire que jamais.

Nicholas Goche, le ministre des Affaires sociales qui régule les activités des ONG, a annoncé le 13 juin que plus de 400 organisations travaillant dans le domaine du VIH/SIDA ne seraient pas concernées par l’interdiction d’opérer, imposée aux ONG et annoncée la semaine précédente.

Les ONG qui travaillent dans le secteur du sida ont toutefois indiqué à IRIN/PlusNews que les forces de police et les milices locales les empêchaient d’opérer dans un grand nombre de régions. « Sur le terrain, le premier message [interdiction d’opérer pour toutes les ONG] était déjà passé », a expliqué Lindiwe Chaza, directrice du Zimbabwe AIDS Network, un organisme national qui chapeaute les organisations de lutte contre le sida.

La déclaration de M. Goche sur l’exonération des organismes de lutte contre le sida n’est pas encore parvenue aux oreilles de tous les responsables. « Au-delà de la simple déclaration, nous demandons que l’on veille à ce que ce message soit compris à l’échelle de chaque région », a demandé Mme Chaza.

Moira Ngaru, directrice du Farm Orphan Support Trust of Zimbabwe (FOST), qui dirige des programmes de soins à domicile pour personnes vivant avec le VIH, a indiqué à IRIN/PlusNews que son organisation avait dû cesser ses activités dans toutes les régions où elle opérait.

« Si vous réussissez à vous rendre sur le terrain, la milice locale vous demande de ne rien faire »
« Nous sommes censés être exonérés, mais quand vous allez sur le terrain, ils vous disent simplement que toutes les ONG [sont interdites] », a-t-elle déploré. « Si vous réussissez à vous rendre sur le terrain, la milice locale vous demande de ne rien faire ».

À Chipinge, une région de la province du Manicaland, dans le sud-est du Zimbabwe, la police s’est présentée aux bureaux du FOST pour leur dire de fermer. Dans d’autres régions, les travailleurs de terrain ont peur de rendre visite à ceux de leurs patients qui vivent en milieu rural.

« Vous pouvez vous rendre dans la région, mais dès que vous arrivez, vous devez vous identifier et c’est dangereux », selon Mme Ngaru. « Nous ne savons donc pas dans quel état sont nos patients à l’heure qu’il est ».

Les Zimbabwéens vivant avec le VIH ont été durement frappés par l’hyperinflation, le chômage et les pénuries de produits essentiels, dus à l’effondrement économique du pays. Bon nombre d’entre eux dépendent des colis de nourriture que leur distribuent certaines ONG comme le FOST. Or, le contenu d’un entrepôt entier de vivres, que le FOST devait distribuer à ses patients séropositifs, a dû être intégralement renvoyé aux fournisseurs avant la date d’expiration, en raison de la mauvaise interprétation de cette interdiction.

Des traitements, oui, mais comment les obtenir ?

Loretta Hieber Girardet, conseillère principale en VIH/SIDA au Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), qui s’est rendue au Zimbabwe la semaine dernière, a déclaré que les violences politiques n’avaient pas perturbé le programme public de traitement, dans le cadre duquel le gouvernement fournit des traitements à environ 100 000 des quelque 321 000 personnes qui en ont besoin.

Selon Mme Girardet, les bailleurs de fonds qui financent le programme du gouvernement font preuve d’un « intérêt soutenu » en faveur de la poursuite des traitements, car toute interruption du traitement ARV peut entraîner le développement d’une résistance du virus aux médicaments et rendre celui plus difficile à traiter.

Il a été rapporté que certains hôpitaux des régions rurales n’avaient pas pu être approvisionnés en médicaments en raison de problèmes de transport et de sécurité, mais ces cas ont été très difficiles à vérifier, a en outre indiqué Mme Girardet. En effet, a-t-elle expliqué, « la communauté humanitaire n’a pas accès aux régions rurales. Même les institutions publiques de lutte contre le sida, comme le comité national de lutte contre le sida, ne peuvent pas se rendre dans les régions rurales ».

Mme Chaza, du Zimbabwe AIDS Network, a expliqué que son organisation avait également des difficultés à obtenir des informations fiables. « À ma connaissance, le programme [de traitement] public n’a pas été interrompu, mais il y a toujours eu d’autres obstacles ».

Avant même la dernière vague de violence, les patients avaient en effet des difficultés à réunir l’argent nécessaire pour pouvoir se rendre jusqu’aux centres de santé, acheter assez de vivres pour prendre leurs ARV, et subvenir aux besoins de leurs familles.

Des plans d’urgence nécessaires

Nul ne sait si le scrutin de vendredi aura lieu, ni dans quelle mesure il apaisera ou attisera les violences, mais d’après Mme Girardet, les agences des Nations Unies et les bailleurs de fonds envisagent la possibilité que les populations ne se sentent pas assez en sécurité pour sortir de chez elles et se rendre dans les hôpitaux pour retirer leurs médicaments.

Au vu du nombre de Zimbabwéens (dont certains sont séropositifs) susceptibles de se réfugier dans les pays voisins si la situation dans leur pays s’aggrave, Mme Girardet pense qu’un plan d’urgence régional s’impose.

« Autre souci, explique-t-elle, de nombreuses jeunes femmes zimbabwéennes ont quitté le Zimbabwe et se livrent aujourd’hui à la pratique du sexe pour la survie dans les pays voisins et, à notre connaissance, aucun programme de prévention efficace [du VIH] n’a été mis en place [pour elles] ».

ks/he/nh/vj


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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