1. Accueil
  2. Asia
  3. Bangladesh
  • News

Appel en faveur d’une politique sida plus forte

Un manque de données, ajouté à une absence de cohérence des politiques de prévention du VIH, diminuent l’efficacité du programme national de lutte contre le sida au Bangladesh, selon des experts sanitaires.

« Nous devons réunir des données empiriques fortes et recenser les problèmes liés au VIH/SIDA, avec un accent particulier mis sur l’utilisation des préservatifs par tous ceux qui en ont besoin », a estimé Dan Odallo, le coordinateur pays au Bangladesh du Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA.

Parmi les consommateurs de drogues injectables (IDU, en anglais), le VIH est déjà devenue une épidémie de type concentrée, -lorsque cinq pour cent, ou plus, des membres d’un groupe à risque élevé sont infectés.

« Dans un groupe de IDU de Dhaka [la capitale], 7,5 pour cent des cas de séropositivité ont été diagnostiqués récemment », a noté le docteur Mohammad Hanifuddin, directeur du projet gouvernemental pour combattre les infections sexuellement transmissibles (IST) et le VIH.

Parmi les 150 millions d’habitants du Bangladesh, nombreux sont ceux qui sont largement inconscients des facteurs de risque VIH ; de plus, ils ont rarement des pratiques sexuelles protégées, entre autres par l’utilisation du préservatif, a averti le professeur Nazrul Islam, chef du département de virologie de la Sheikh Mujib Medical university de Dhaka.

Faiblesse des statistiques officielles

Bien qu’il n’y ait officiellement que 1 207 cas de séropositivité confirmés, des données nationales évaluent le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le huitième pays du monde le plus peuplé à 7 500, mais le nombre réel pourrait être plusieurs fois plus élevé.

« La plupart des gens ne vont pas se faire dépister », a dit Shahnaz Begum, de Durioy Mohila Shongho, une organisation non gouvernementale locale qui agit auprès des travailleurs du sexe dans les rues, citant la stigmatisation sociale liée au virus. « Ils ne vont au laboratoire que quand ils y sont obligés ou attirés. Les statistiques officielles sont uniquement la partie émergée de l’iceberg ».

''...La plupart des gens ne vont pas se faire dépister. Ils ne vont au laboratoire que quand ils y sont obligés ou attirés. Les statistiques officielles sont uniquement la partie émergée de l’iceberg...''
M. Islam a estimé que « le principal problème auquel est confronté le programme national de prévention et de lutte contre l’épidémie est l’insuffisance des données », et que personne ne savait réellement quelle était la situation.

Un programme national inadéquat

En dépit de ces besoins reconnus, le programme national gouvernemental contre les IST et le sida manque de la force et des capacités nécessaires pour répondre à ce défi.

« Une large part du budget a été confiée à l’UNICEF [le Fonds des Nations Unies pour l’enfance] et à [la branche américaine de l’organisation] Save the children pour mettre en oeuvre les programmes gouvernementaux. Ces organisations ne sont pas des sous-traitants. Le Bangladesh devrait faire le travail lui-même », a dit M. Islam, qui est aussi membre du Comité national de lutte contre le sida.

Bien que le nombre de centres de dépistage volontaire du VIH et de conseil dans le pays ait augmenté, il y a une absence critique de centres de traitement du VIH à proximité. « Les hôpitaux, les médecins, les personnels paramédicaux, les travailleurs de la santé et l’ensemble de la société doivent être impliqués dans le processus de lutte contre la stigmatisation », a suggéré M. Islam.

Le programme national a aussi continué à négliger la question des centaines de milliers de travailleurs migrants, alors même que la porosité des frontières du pays avec l’Inde et le Myanmar accroît le risque de propagation du virus.

« Plus de 80 pour cent des personnes dépistées positives au VIH sont des travailleurs migrants Bangladais et leurs épouses », a confirmé un expert VIH, ajoutant que la prise en charge et le soutien des personnes infectées au VIH n’étaient pas satisfaisants.


Photo: Shamsuddin Ahmed/IRIN
« Les préservatifs sont distribués pour l’espacement des naissances, plus que pour la lutte contre les IST et le VIH »
Peu de statistiques, encore moins de préservatifs

M. Odallo de l’ONUSIDA a estimé qu’il fallait fournir des efforts plus rigoureux pour collecter les données et faire tomber les barrières qui limitent l’utilisation du préservatif à la seule planification familiale. « Il y a une large variation dans les données ce qui nous complique la tâche pour savoir où les interventions ont un impact ou pas », a-t-il regretté.

« La planification familiale est un aspect de l’utilisation du préservatif, et le VIH en est un autre ; le secteur public est entre les deux. Les préservatifs sont distribués pour l’espacement des naissances, plus que pour la lutte contre les IST et le VIH ».

Lorsque le gouvernement a décrété que les couples éligibles à la planification familiale recevaient des préservatifs, il a échoué à s’assurer que les autres personnes sexuellement actives étaient protégées contre le risque VIH.

« L’utilisation du préservatif occupe seulement 10 pour cent du marketing social –quelles que soient les données que nous obtenions, cela reste confiné dans ces 10 pour cent des personnes sexuellement actives. Le reste n’y a pas accès de toute façon. On ne peut pas prendre le pas sur l’épidémie si on ne surmonte pas ces obstacles », a insisté M. Odallo.

Trouver le courage nécessaire

Un autre problème est l’absence d’une politique claire sur la protection sociale des personnes infectées au VIH et de celles qui ont des pratiques sexuelles différentes.

« Les personnes vivant avec le VIH n’ont pas voix au chapitre. Le fait que les personnes infectées et les MSM [hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes] souffrent de la stigmatisation et de la discrimination rend l’ensemble du débat sur le sida clandestin, donc on ne sait même pas si on fait des progrès », a dit le responsable ONUSIDA.

Il a suggéré une refonte totale de la politique du secteur public en termes de programmes de distribution des préservatifs. D’autre part, selon lui, les chefs de communautés ou de subdivisions administratives devraient être autorisés à distribuer des préservatifs non seulement aux couples éligibles, mais aussi à tous ceux qui ont besoin de se protéger contre les infections sexuellement transmissibles et le VIH.

sa/ds/ad/he/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join