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Un nouveau départ pour les « réfugiés de 1972 »

Banguabo Mosozi, 68 ans, était jeune homme lorsqu’en 1972 il a fui le Burundi voisin et s’est réfugié en Tanzanie pour échapper aux combats qui, d’après certaines estimations, ont fait au moins 200 000 morts.

Aujourd’hui, ce père de 14 enfants et époux de quatre femmes fait partie des quelque 218 000 réfugiés burundais vivant dans les trois camps des régions de Tabora et de Rukwa, dans l’ouest de la Tanzanie.

Comme les autres réfugiés burundais, il doit désormais choisir entre rester en Tanzanie et retourner dans son pays d’origine car, en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), les autorités tanzaniennes et burundaises vont fermer les sites – Ulyankulu, Katumba et Nishamo.

« Au Burundi, vous participerez au processus pacifique et démocratique en cours et prendrez part à la reconstruction du pays », a déclaré Antonio Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, aux résidents du camp d’Ulyankulu, le 8 mars.

Le jour de la visite de M. Guterres dans le camp, en compagnie de Khamis Kagasheki, vice-ministre tanzanien de l’Intérieur, une opération d’inscription a été entreprise, qui donnait le choix aux réfugiés de retourner au Burundi ou de demander la citoyenneté tanzanienne.

« Pour ceux qui se sentent à présent plus tanzaniens et qui souhaitent rester, le gouvernement s’est généreusement proposé d’étudier leur demande de naturalisation, conformément à la législation du pays », a indiqué M. Guterres.

Selon le HCR, quelque 20 pour cent des réfugiés ont émis le souhait de retourner au Burundi au cours d’un recensement de la population, effectué en 2007. Près de 172 000 autres réfugiés ont souhaité rester en Tanzanie.

« Personne ne devrait avoir en permanence le statut de réfugié », a indiqué M. Kagasheki au cours d’une cérémonie de rapatriement à l’occasion de laquelle un train, transportant les 255 premiers réfugiés vers le Burundi, a quitté la gare de Katumba.

« Le statut de réfugié est un statut temporaire et une telle situation doit se justifier », a poursuivi le vice-ministre.

Les choix

Dans les camps, bon nombre de réfugiés, notamment ceux âgés de moins de 40 ans, semblaient peu enthousiastes à l’idée de retourner au Burundi, car selon eux ils n’étaient que des enfants à leur arrivée en Tanzanie et n’ont actuellement aucune idée de la réalité dans leur pays.

« Je suis trop habitué à vivre dans ce pays », a confié à IRIN Absalom Frederick, 40 ans et père de six enfants. « J’ai entendu parler à de nombreuses reprises des circonstances horribles qui nous ont poussés à fuir le Burundi. Je resterai ici pour le reste de ma vie. Je m’y sens très bien ».

Quant à Banyutilieko Anania, 64 ans, malgré tout l'amour qu'il a pour son pays, il hésite à quitter la Tanzanie. « Selon certaines informations, des meurtres ont encore lieu dans certaines régions du pays. Il se peut que je n’y retourne pas », a indiqué M. Anania, père de 14 enfants.

En janvier, le président tanzanien Jakaya Kikwete avait réitéré l’engagement de son gouvernement à fermer tous les camps de réfugiés, arguant qu’il fallait trouver une solution durable pour ces anciennes zones d’installation.


Photo: IRIN
Réfugi burundais chargeant sa bicyclette dans un camion du HCR avant le rapatriement
La Tanzanie abrite aussi 110 000 réfugiés burundais et 96 000 réfugiés originaires de la République démocratique du Congo (RDC) dans les camps du HCR implantés dans les régions de Kigoma et de Kagera.

Plus de 350 000 autres réfugiés du nord-ouest de la Tanzanie ont été rapatriés au Burundi dans le cadre du programme de rapatriement volontaire démarré en mars 2002, selon le HCR.

Problèmes d’accès à la terre

Plusieurs réfugiés ont posé le problème de l’accès à la terre et des droits des femmes à M. Guterres, dont la visite coïncidait avec la journée internationale de la femme, le 8 mars.

« L’appel que nous lançons aux gouvernements du Burundi et de la Tanzanie est que les femmes doivent avoir accès à la terre, à l’éducation et à la santé », pouvait-on lire dans un des messages. « Ce doit être le cas pour celles qui retournent au Burundi et pour celles qui ont opté pour la citoyenneté tanzanienne ».

John Magufuli, ancien ministre tanzanien du Développement des terres, du logement et des établissements humains a indiqué à IRIN que la législation du pays interdisait à un étranger d’occuper des terres. Seule la naturalisation pourrait lui conférer un droit d’occupation du sol.

Selon M. Kagasheki, ceux qui demanderont à obtenir la citoyenneté tanzanienne à travers la naturalisation ne devraient pas s’attendre à continuer de vivre dans les camps. « Ils seront réinstallés dans d’autres régions du pays », a-t-il indiqué.

Au cours de la réunion qui s’est tenue le 10 mars à Dar es Salam, capitale commerciale de la Tanzanie, avec des bailleurs de fonds, M. Guterres a renouvelé son appel à la communauté internationale pour qu’elle finance le programme de réinstallation des réfugiés.

« La Tanzanie a assuré la protection des réfugiés pour le compte de la communauté internationale », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse. « Il est temps maintenant que le reste du monde se montre solidaire de la Tanzanie, particulièrement dans cette phase d’intégration définitive au pays ».

Le succès du programme dépendra pour une bonne partie du soutien des bailleurs de fonds et le 21 février, le HCR a lancé un appel pour récolter 34,29 millions de dollars américains. Jusqu’à présent, le montant total des engagements reçus s’élève à près de neuf millions de dollars.

M. Guterres a félicité les « réfugiés de 1972 » ainsi nommés, indiquant qu’ils n’avaient pas été un poids pour l’agence onusienne et le pays d’accueil parce qu’ils avaient été capables de se nourrir eux-mêmes et de vendre les excédents de leurs récoltes sur les marchés locaux situés près des camps.

« Au cours de ma visite, j’ai pu constater que la plupart des terres réservées au camp étaient en grande partie cultivées et que différentes cultures y poussaient. Tout était vert », a-t-il fait remarquer.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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