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Inquiétudes face à la multiplication des grossesses non désirées chez les adolescentes

Chaque année au Burkina Faso, près de 500 filles tombent enceintes contre leur gré et bon nombre d’entre elles abandonnent leur nouveau-né dans des toilettes, des poubelles ou derrière des immeubles.

Ce phénomène choquant devient particulièrement fréquent à Ouagadougou, la capitale, à mesure que de plus en plus de personnes quittent les campagnes pour venir s’y installer.

Les traditions paysannes qui veulent que les filles se marient jeunes, souvent lorsqu’elles ont 13 ans ou moins, entrent en conflit avec les pratiques moins conservatrices et les mœurs plus légères de la vie citadine.

Pas instruites, ces filles ne comprennent même pas pourquoi elles ont leurs règles, et ne savent pas vers qui se tourner, le poids de la tradition étant encore très présent, et les services de santé publique, inadaptés, a expliqué Asseta Sanfo, assistante sociale.

Agir pour faire face au problème

« Il n’y a pas un jour où notre centre ne reçoit pas un enfant abandonné ou une mère ayant fugué en abandonnant son enfant », a confié à IRIN Mme Sanfo, qui travaille dans un foyer public pour jeunes filles-mères à Ouagadougou.

Face au manque de places disponibles dans les orphelinats et à l’incapacité des autorités provinciales à trouver une solution à ce problème, l’Etat est intervenu pour la première fois en 2006 en faisant construire un foyer pour les jeunes filles-mères et leurs bébés.

D’après les assistantes sociales, lorsque cela est nécessaire, elles encouragent les jeunes mères à garder leurs bébés après l’accouchement plutôt qu’à les confier à des orphelinats déjà débordés.

« Nous nous sommes rendu compte que nous avions l’obligation d’accepter tous les enfants amenés [dans les orphelinats] et nous avons donc dû construire un foyer pour héberger les mères et leurs enfants », a déclaré Raphaël Zongnaba, directeur régional de l’Action sociale et de la solidarité nationale.

« Si nous n’aidons pas ces filles, elles vont chercher à se débarrasser de leurs bébés où elles le pourront », a fait remarquer Asseta Sanfo, assistante sociale au foyer.

Le foyer héberge actuellement 10 filles et 50 enfants, mais il fonctionne grâce à un financement annuel de 13 500 dollars américains du gouvernement italien.

Besoin d’une aide accrue

Dans un pays où près d’un quart des adolescentes burkinabè sont soit enceintes soit déjà filles-mères - selon une étude démographique du ministère de la Santé – et où il n’y a qu’un seul hôpital national susceptible de leur venir en aide, l’action de certaines œuvres caritatives catholiques et organisations non-gouvernementales (ONG) a permis de combler le vide.

Sœur Marie Ouédraogo travaille à Carmen Kisito, un centre d’accueil de l’église catholique qui vient en aide à 100 jeunes filles enceintes. Ce centre a été créé en 2006 lorsque les religieuses se sont rendu compte que l’orphelinat qu’elles dirigeaient recevait plus d’enfants abandonnés que d’orphelins.

« Aujourd’hui, dans notre orphelinat, quatre enfants sur cinq sont des enfants abandonnés », a affirmé sœur Ouédraogo.

Carmen Kisito étant une structure qui vit de petits dons privés, et chaque naissance coûtant de 67 dollars américains à 336 dollars, selon les complications, les moyens financiers du centre sont limités et sœur Ouédraogo doit parcourir plusieurs marchés pour trouver les produits alimentaires les moins chers pour pouvoir nourrir toutes les pensionnaires.

Déshonneur

L’ONG Un monde pour tous (UMPT) essaie d’apporter une aide à long terme à ces jeunes filles-mères en leur accordant un prêt de 90 dollars pour leur permettre de subvenir à leurs besoins après l’accouchement.

Souvent les familles rejettent ces jeunes filles parce qu’elles les ont déshonorées, a expliqué à IRIN Etienne Zombra, coordinateur à l’UMPT ; dans ce cas, une médiation est nécessaire. Jusqu’à présent, l’ONG est parvenue à rapprocher de leur famille 130 des 164 filles qu’elle a reçues.

« Les familles refusent souvent de reprendre les filles en raison de leurs croyances socioculturelles. En cas d’inceste, c’est encore plus difficile pour les filles. Les parents refusent définitivement de voir le bébé ».

Etapes suivantes

Le Burkina Faso a un taux de natalité assez élevé, avec en moyenne sept naissances par femme. Le pays présente aussi l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde, avec 930 décès maternels pour 100 000 naissances, selon le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). [Census shows population growth rising]

Alors que 86 pour cent des femmes et des jeunes filles burkinabè ont des relations sexuelles non protégées, selon l’enquête démographique et de santé réalisée en 2003 par le ministère de la Santé, il faudrait introduire dans les écoles secondaires des cours sur la santé reproductive, pour éviter déjà que les jeunes filles ne tombent enceintes, a recommandé Siaka Traoré, chargé de communication à l’UNFPA.

L’UNFPA mène également une campagne médiatique pour informer les adolescents sur les différents moyens de contraception.

Parallèlement, le gouvernement espère pouvoir ouvrir un deuxième foyer à Bobo-Dioulasso, la deuxième grande ville du pays, mais la construction de ce foyer a été retardée faute de financement.

« Nous comptons exclusivement sur l’aide des partenaires pour construire le centre », a affirmé M. Zongnaba.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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