Après dix jours d’âpres négociations menées au Burkina Faso avec la médiation du Président Blaise Compaore, le gouvernement du Président Faure Gnassingbe et l’Union des forces du changement sont parvenus à un accord vendredi dernier. Cet accord a été paraphé dimanche à Lomé, la capitale togolaise.
Il prévoit la création d’un gouvernement d’union nationale qui sera chargé de mener le Togo aux élections législatives de 2007, la suppression des conditions de nationalité qui interdisaient à tout citoyen togolais détenteur d’une autre nationalité de se présenter aux élections, la révision du fichier électoral et l’accès équitable des partis aux médias d’Etat pendant la campagne électorale.
Auparavant, la clause qui exigeait de tout candidat qu’il apporte la preuve de sa renonciation à toute autre nationalité avait empêché beaucoup de membres de partis d’opposition de se présenter aux élections.
« Les partis signataires de l’accord ont reconnu la nécessité d’apporter au cadre électoral actuel les modifications nécessaires pour garantir un processus électoral libre, démocratique et transparent pour tous les Togolais », indique le document.
Toutefois, le document ne précise pas si les dispositions des accords relatifs à l’organisation des élections législatives s’appliqueront aux prochaines élections présidentielles.
De violentes manifestations politiques avaient éclaté l’année dernière au lendemain de la victoire de Faure Gnassingbe aux élections présidentielles. Celles-ci avaient été organisées peu de temps après le décès de Gnassingbe Eyadema, le père, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant près de 38 ans.
Pour manifester leur mécontentement, des militants des partis d’opposition étaient descendus dans les rues et avaient affronté les forces de sécurité. Près 40 000 Togolais avaient alors fui leur pays pour trouver refuge au Ghana, à l’ouest, et au Bénin, à l’est.
Dans le cadre de l’accord de vendredi dernier, les partis signataires ont accepté la création d’un comité ad hoc pour appuyer le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, afin d’accélérer le retour des réfugiés qui se trouvent pour la plupart de part et d’autre des frontières du pays.
Le document signé par les acteurs politiques et la société civile « reconnaît que l’impunité des actes à caractère politique est un phénomène grave que le Togo a connu de tout temps, notamment à l’occasion des processus électoraux ».
Une commission d’enquête sera mise sur pied pour faire la lumière sur les actes de violence à caractère politique commis par le passé. Sur le plan sécuritaire, le document stipule que « l’armée et les forces de sécurité s’abstiennent désormais de toute interférence dans le débat politique ».
L’accord prévoit également une modification de la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), avec 19 sièges dont cinq de la mouvance présidentielle, deux issus de chacun des cinq partis d’opposition, deux de la société civile et deux du gouvernement.
Le gouvernement a également accepté de réformer les forces de sécurité où figurent de nombreux ressortissants du Nord et des Kabye, membres du groupe ethnique du président.
En 1993, l’incapacité du Togo à mettre en œuvre les réformes démocratiques exigées par la Union européenne (UE) avait conduit celle-ci à suspendre son aide financière au pays. En 2004, les autorités togolaises s’étaient engagées à appliquer 22 réformes afin d’améliorer la réputation du pays dans le domaine des droits de l’homme et de la démocratie, mais au fil des années, l’absence de l’aide étrangère a rendu exsangue l’économie togolaise.
Les partis d’opposition togolais, le Burkina Faso et les représentants de l’UE et de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) se sont engagés à veiller à l’application de ce nouvel accord.
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