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La transfusion sanguine enfin sous surveillance

Le récent scandale d’un nouveau-né dépisté positif au VIH après avoir reçu une transfusion sanguine dans un hôpital public de Lagos, la plus grande ville portuaire du sud du pays, a mis en lumière les graves lacunes du Nigeria en matière de sécurisation des dons de sang. Le Nigeria dispose en principe d’une règlementation précise en matière de sécurisation des dons. Mais dans les faits, de nombreuses structures de santé, y compris au sein du système public, n’appliquent pas ces directives et opèrent bien en dessous des normes minima de sécurité. L’histoire d’Oyinkansola Eniola, une petite fille née par césarienne en novembre 2005 et dépistée positive au VIH neuf jours après sa naissance à l’hôpital universitaire de Lagos (LUTH), alors que les deux parents étaient séronégatifs, est venue alimenter les craintes de la population face au risque de transmission du virus via la transfusion sanguine. Accusés par les parents d’avoir contaminé leur bébé, les responsables de l’hôpital ont rejeté ces accusations. Mais leur refus de révéler les conclusions de l’enquête interne menée dans cette affaire a incité le professeur Eyitayo Lambo, ministre de la Santé, à mettre en place un panel d’experts indépendants pour «lever le voile sur les négligences dans les structures publiques». Ce scandale, qui a été largement relayé par la presse, a suscité beaucoup d’émotion au Nigeria, poussant l’Etat de Lagos à s’intéresser de plus près aux mesures mises en place, ou non, par les laboratoires et les banques de sang, pour sécuriser les transfusions sanguines. Un comité de transfusion sanguine a été mis en place pour vérifier que les structures appliquent les directives de l’Etat, dans un pays fortement touché par le VIH. Suite à une série de contrôles effectuée par le comité, un laboratoire a été fermé et plusieurs autres structures ont été mises en demeure de se conformer à la législation sous peine de fermeture. Aucun laboratoire ne peut désormais pratiquer sans l’aval du comité. «Nous nous sommes rendus dans 12 laboratoires et certains d’entre eux ne veulent plus stocker de sang parce que nous leur avons donné des directives très strictes à appliquer», a dit le docteur Modupe Olaiya, secrétaire exécutive du comité. Le docteur Olaiya a reconnu que la plupart des structures visitées exerçaient leur activité dans des conditions déplorables. «Nous avons trouvé une banque du sang tellement petite qu’on pouvait à peine faire tenir deux personnes dedans... Un grand nombre de [ces banques du sang] utilisaient de simple réfrigérateurs pour stocker le sang», a-t-elle dit. Les réfrigérateurs classiques ne sont pas adaptés au stockage du sang, puisqu’ils ne permettent pas de maintenir les températures recommandées pour une bonne conservation des lots sanguins, a fortiori dans des zones où les coupures d’électricité sont fréquentes. Le sang doit être conservé au frais pour réduire la prolifération des bactéries et prolonger sa durée d’utilisation. Les conditions d’hygiène constatées dans certains laboratoires et banques de sang visités étaient également inacceptables, a dit le docteur Olaiya, n’ayant par exemple aucun endroit prévu pour que le personnel puisse se laver les mains et se désinfecter après avoir manipulé ou été en contact avec du sang. Malgré la règlementation en vigueur, qui prévoit en principe le contrôle systématique de tous les lots sanguins dans les structures agréées par le gouvernement, le docteur Olaiya a reconnu que certaines d’entre elles «effectuaient ce contrôle toutes seules, avec des moyens de dépistage [non conformes]», mettant ainsi «des vies en danger». Lors d’une réunion organisée en juin à Washington, aux Etats-Unis, sur le thème de la sécurité transfusionnelle en Afrique subsaharienne, le docteur Neelam Dhingra, coordinatrice pour la sécurisation de la transfusion sanguine à l’Organisation mondiale de la santé, a estimé que les deux problèmes cruciaux de l’Afrique en termes de transfusion sanguine étaient «les pénuries de sang et le sang non sécurisé». «Les transfusions sanguines non sécurisées ont contribué à l’énorme fardeau du VIH et d’autres infections en Afrique sub-saharienne», a affirmé le docteur Dhingra. Entre cinq et 10 pour cent des infections au VIH dans le monde seraient dues à des transfusions sanguines effectuées avec des lots et des produits sanguins contaminés, selon les Nations unies.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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