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Les media apprennent à mieux parler du sida

[Sierra Leone] Awareness campaign signboard in the streets of Freetown, Nov 2004.
IRIN
Effective prevention efforts are needed
Parce que le rôle des media dans la lutte contre le VIH/SIDA est jugé fondamental, des journalistes sierra léonais viennent de suivre une formation pour les aider à mieux couvrir les questions liées à l’épidémie... à condition d'accepter eux-mêmes l’existence du virus. «Tant qu’ils n’ont pas entre les mains le témoignage d’une personne séropositive, les gens et les journalistes ne croient pas en l’existence du virus», a expliqué le docteur Leopold Zekeng, coordinateur du Programme commun des Nations unies contre le sida (Onusida) en Sierra Leone, qui a financé cette formation organisée récemment à Freetown, la capitale. Or si les «personnes qui doivent faire passer le message ne croient pas elles-mêmes que le sida existe, cela signifie que nous avons beaucoup à faire», a-t-il estimé. C’est de ce constat qu’est partie l’idée d’organiser cet atelier qui a réuni une soixantaine de professionnels des media pendant quatre jours, sous l’égide de l’Association sierra léonaise des journalistes spécialisés sur le VIH/SIDA (HARA, en anglais). Les objectifs de la formation étaient de permettre aux journalistes d’analyser la situation de l’épidémie dans le monde et en Sierra Leone, d’étudier les défis de la réponse nationale, de prendre conscience du rôle que les media peuvent jouer dans la lutte contre le sida et d’adopter une certaine éthique dans le traitement des questions liées à l’épidémie. Des points qu’il n’était pas superflu d’aborder, a constaté Agnes Pratt, secrétaire générale d’HARA. «Nous avons regardé en détail la terminologie utilisée dans les articles de presse sur le VIH/SIDA, car en Sierra Leone, de nombreux journalistes [portent préjudice] aux personnes séropositives en dévoilant leur nom et leur identité», a-t-elle regretté. «Ils doivent sensibiliser les populations et non pas les montrer du doigt.» Les autorités estiment le taux de prévalence national du VIH à 1,5 pour cent de la population de ce petit pays de cinq millions d’habitants ravagé par une décennie de guerre civile meurtrière jusqu’en 2001. Toujours selon les statistiques officielles, les taux de séroprévalence seraient largement supérieurs à la moyenne nationale dans certaines zones rurales. Le docteur Zekeng, a donc estimé «encourageante» la large participation à cet atelier de journalistes venus des zones rurales. «C’était leur premier atelier et l’on a pu s’apercevoir qu’ils n’avaient pas toutes les connaissances requises [sur le VIH/SIDA]», a-t-il noté, tout en soulignant que ces lacunes concernaient l’ensemble des journalistes. Le sida n’étant généralement pas considéré par les media comme un sujet valorisant, le suivi de l’épidémie figure rarement sur l’agenda éditorial et les journalistes rechignent à en parler. «Les media ont du chemin à parcourir, les éditeurs doivent être mieux formés, faire preuve d’une plus grande motivation et avant tout, ils doivent être capables de rédiger un bon article», a affirmé M. Kawa, responsable de l’information, l’éducation et la communication auprès du Secrétariat national de lutte contre le sida (NAS, en anglais). Travailler avec les communautés Par exemple, la pauvreté, souvent citée comme l’une des causes de la propagation du VIH en Afrique, ne devrait pas être considérée comme la source principale d’alimentation de l’épidémie dans un pays où les violences sexuelles et le viol massif ont été utilisé comme armes de guerre par les différentes factions combattantes pendant la guerre civile, a estimé le docteur Abubakarr Kargbo, de la commission indépendante des media de HARA. «Ici en Sierra Leone, la pauvreté contribue à [la propagation du] VIH/SIDA mais n’en est pas la cause», a-t-il affirmé à son auditoire lors de la formation. «En tant que journalistes, c’est votre devoir d’être précis et objectifs quand vous traitez [des questions liées au] virus.» Pour cela, les journalistes ont été encouragés à travailler avec les communautés, à commencer par les leurs, ainsi qu’avec les chefs locaux ou traditionnels, «pour rencontrer des gens et trouver des sujets», a dit M. Kawa. Une collaboration que Dominic Yokie, producteur d’une station de radio locale à Kailahun, l’un des districts les plus touchés par la guerre civile, situé à la frontière avec le Liberia, a estimée être le moyen le plus efficace de lutter contre l’épidémie. «Le poids de la tradition en Sierra Leone ne doit pas être sous-estimé», a-t-il dit. «Les traditions peuvent avoir un rôle négatif sur la communauté, mais en travaillant de concert avec les chefs, on peut parvenir à informer les populations sur le VIH/SIDA et leur faire comprendre que le virus existe.» Cependant, le principal défi des journalistes en Sierra Leone consiste à avoir eux-mêmes accès à l’information, dans un pays complètement désorganisé par la guerre. En l’absence d’électricité et de lignes téléphoniques, les journalistes qui travaillent en milieu rural ont un accès encore plus limité que leurs confrères des zones urbaines à certaines sources d’informations, comme internet, ont souligné des participants à l’atelier. Malgré ces obstacles, les professionnels de la presse présents à l’atelier se sont dits prêts à jouer leur rôle dans la lutte contre l’épidémie, notamment les journalistes de radio, un media qui, en raison du fort taux d’illettrisme et de l’absence de journaux dans les zones rurales, constitue l’une des seules sources d’information des populations. «Cet atelier m’a montré comment je devais présenter les programmes qui traitent du sida», a expliqué Sylvester Tibanga, l’un de ces journalistes radio. Dans les districts ruraux, a-t-il ajouté, «la sensibilisation via des programmes radio est très faible, par conséquent les populations ont des connaissances très limitées sur le virus. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que nous avons franchi un pas.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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