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Des antirétroviraux gratuits et une prise en charge contrôlée limitent les trafics

The number of people receiving ARVs in developing countries has more than doubled from 400,000 in December 2003 to about 1 million in June 2005, according to a report released by the World Health Organization (WHO) and UNAIDS. Georgina Cranston/IRIN
Working in the dark
Parce que leur distribution est strictement contrôlée et gratuite pour les personnes qui vivent avec le sida, les antirétroviraux (ARV) échappent aux commerçants de l’informel, qui inondent les rues des villes sénégalaises de médicaments souvent dangereux pour les populations. «La mise en place du programme [de distribution des ARV au Sénégal] permet de contrôler la circulation des antirétroviraux», a dit à PlusNews le docteur et sociologue Abdoulaye Sidibé Wade, chef de la division nationale SIDA et IST (Infection sexuellement transmissibles) au ministère de la Santé. Depuis 1998 et la mise en place d’une initiative nationale d’accès aux antirétroviraux (ISAARV), seuls les centres agréés par les autorités en charge de la lutte contre le sida peuvent distribuer des ARV, soit six à Dakar, la capitale, et un dans chacune des 11 régions du pays. «Nous n’avons pas d’antirétroviraux dans nos officines», a dit Constance Faye Badji, la directrice de l’Office national des pharmaciens du Sénégal. En outre, «avec ce programme, le coût des ARV pour le patient est largement supporté par l’Etat», a expliqué le docteur Wade, ajoutant que cela contribuait à ralentir l’arrivée des ARV sur le marché parallèle. L’accès aux ARV est gratuit au Sénégal depuis l’année dernière, pour les nationaux comme pour les ressortissants de pays étrangers. Près de 2 800 personnes bénéficient de ces traitements dans un pays précurseur, qui fait figure d’exemple en matière de lutte contre le VIH/SIDA en Afrique de l’Ouest. Le Sénégal a mis en place l’ISAARV douze ans après la découverte du premier cas de sida, en 1986. A cette époque, la crainte de voir émerger des souches virales résistantes aux ARV s’ils venaient à être vendus sur les circuits informels était dans tous les esprits. «Il y avait un consensus international pour dire que l’accès des pays pauvres aux ARV était une folie», a expliqué Bernard Taverne, anthropologue et chercheur à l’Institut de recherche sur le développement (IRD) à Dakar. Le danger, a-t-il dit, était de voir apparaître une résistance virale aux médicaments. «Si la prescription est mauvaise, le patient peut développer un virus qui devient résistant, ce qui est dommageable pour lui et pour la communauté s’il le transmet (…) Or il existe trente produits et de nombreuses combinaisons possibles en fonction de chaque individu», a expliqué M. Taverne. Selon Taverne, 80 000 personnes vivraient avec le virus au Sénégal, mais seules 17 500 patients, soit 20 pour cent, auraient besoin de suivre un traitement ARV. «Les prescriptions obéissent à un contrôle strict», a expliqué le docteur Wade, qui a ajouté que les patients apprennent à prendre leurs médicaments correctement, ce qui permet de «prévenir tout relâchement dans le traitement». Afin d’évaluer l’importance de la circulation d’ARV au Sénégal, l’IRD, en partenariat avec le Programme national de lutte contre le sida (PNLS), ont étudié, entre 2000 et 2002, les circuits de distribution des médicaments, notamment le marché parallèle. Les confréries religieuses à la tête des trafics «Sur les 29 sites et 135 petits vendeurs que nous avons identifié, aucun n’avait d’ARV», s’est rappelé Taverne. Outre ces lieux de vente dispersés, les enquêteurs se sont rendus dans deux hauts lieux de la revente de médicaments au Sébégal : Keur Serigne Bi (la maison du marabout, en wolof, la langue la plus parlée au Sénégal), proche du centre-ville de la capitale, et la ville sainte de Touba, à 180 kilomètres au nord-est de Dakar. Selon M. Taverne, une centaine de boîtes d’ARV a été trouvée en tout et pour tout, chez moins d’une dizaine de vendeurs. «Ils avaient deux ou trois produits, en très faible quantité et peu de spécialités», a-t-il expliqué. Une spécialité pharmaceutique est un médicament qui est préparé à l'avance et dosé au poids médicinale. Son conditionnement comprend un nom, sa composition, le nom et l'adresse du fabricant ; il est vendu dans plus d'une officine. Vers la fin de l’enquête, a poursuivi M. Taverne, «on a noté une augmentation du nombre de médicaments de spécialité et une diminution du prix parallèlement à celle négociée par les industries du médicament». Selon lui, quelques individus ont alors commencé à se spécialiser dans les traitements contre le sida, proposant eux-mêmes des prescriptions. Mais ce marché est resté limité, a dit le chercheur, qui poursuit les investigations depuis 2003. En outre, les numéros des lots de médicaments vendus dans la rue ont révélé que la plupart d’entre eux viennent des pays occidentaux, qu’il s’agisse de dons détournés, de trafics ou de revente d’ARV venus des structures officielles d’approvisionnement. «Seuls 13 d’entre eux proviennent du programme national : c’est peu et ça prouve que l’ISSARV fonctionne bien», a dit M. Taverne, précisant que l’enquête a conclu que la diffusion des ARV sur le marché informel était marginale au Sénégal. «On a continué à voir arriver de nouvelles molécules, comme sur le marché international, mais toujours en très faible volume», a-t-il ajouté. Le chercheur, devenu enquêteur, a signalé l’arrivée à Keur Serigne Bi d’un lot important de 200 boîtes d’ARV, volées entre l’aéroport et la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA). «On l’a suivi de près et remarqué qu’ils n’ont rien vendu. Le stock est encore paralysé là-bas», a-t-il expliqué. Dans un pays où travailler dans le secteur informel est une question de survie majeure, «les antirétroviraux n’échappent pas à cette logique», a déploré le docteur Wade. Au Sénégal, le marché illicite des médicaments de la rue représente un manque à gagner estimé entre six et huit milliards de francs CFA (entre 11,5 et 15,3 millions de dollars). Pourtant, le docteur Wade reste optimiste, la politique sénégalaise de lutte contre le sida étant, selon lui, mettant un vrai frein au trafic de médicaments. Compte tenu du fait que les ARV sont gratuits, «qui irait maintenant [en] acheter sur le marché parallèle ? Personne ! », a-t-il lancé. Mais, a-t-il averti, «une boite de trouvée, c’est une boîte de trop.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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