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Les moto-taxis, ‘messagers de l’espoir’ contre le sida

[Togo] With caps and tee-shirts, the moto-taxi drivers 'messengers of hope' sensitize people on HIV/AIDS in the capital city Lome. IRIN
En bleu, jaune ou blanc, les messages contre le sida des conducteurs de zemidjans provoquent la discussion
Parmi les milliers de conducteurs de moto-taxis qui sillonnent les rues bourdonnantes d’activité de la capitale togolaise, certains captent soudain l’attention du public grâce à leurs tee-shirts et casquettes invitant les populations à faire le test de dépistage du VIH ou à changer de comportement. Coiffés de casquettes et vêtus de ces tee-shirts où sont inscrits des slogans comme ‘J’ai fait le test, et toi ?’, ‘J’ai changé de comportement, et toi ?’, ou encore ‘Oui à l’abstinence’, ils sont plus de 1 500 conducteurs à avoir accepté comme Gabriel Djakpenou d’être des ‘messagers de l’espoir’, des pairs éducateurs formés par l’association togolaise Sauvons la vie, pour sensibiliser les populations sur le VIH/SIDA. « Il faut que nous ayons espoir dans la vie [face à la propagation du VIH/SIDA] et mon rôle est d’apporter ce message à mes passagers et à mes frères conducteurs de moto-taxis », a dit Djakpenou, président de ces ‘messagers’ à la station de moto-taxis de Nyékonakpoé, un quartier populaire de Lomé. Depuis quelques mois, le projet est à la recherche de partenaires financiers. Lancé en 2000 avec un financement du Secours populaire français, il devait durer deux ans. En y associant d’autres partenaires, parmi lesquels la Fondation de l’artiste anglais Elton John contre le sida, l’association Sauvons la vie est parvenue à prolonger le programme jusqu’en 2004, ce qui a aussi permis de former des pairs éducateurs parmi les étudiants, les enseignants, les juristes, ou encore les membres de clubs de football. Aujourd’hui, le projet ne continue que grâce à la bonne volonté de quelques ‘messagers de l’espoir’. Selon les estimations officielles, il y aurait dans ce petit pays de cinq millions d’habitants quelque 55 000 moto-taxis, plus connus sous le nom de zemidjans au Togo, comme au Bénin d’où l’idée a été importée. La grande majorité de ces deux-roues circule à Lomé. Amenés, de par leur activité professionnelle, à rencontrer beaucoup de monde, les conducteurs de zemidjans sont considérés comme de bons vecteurs d’information et sont souvent sollicités par les associations, les institutions internationales ou encore les partis politiques pour participer à diverses campagnes de masse. Dans le cas des ‘messagers de l’espoir’, « les tee-shirts que l’on porte facilitent le dialogue », a constaté Djakpenou. « Les clients voient notre tee-shirt et ils nous demandent si c’est vrai qu’on a fait le test. A partir de là, tout devient facile, nous leur parlons et parfois ça marche », a-t-il ajouté, signifiant que certains clients acceptent d’aller se faire dépister. Un travail de sensibilisation parfois délicat Selon les statistiques de ‘Sauvons la vie’, les pairs éducateurs qui travaillent avec l’organisation ont amené, dans le cadre du projet, 3 080 personnes vers le dépistage du VIH, dont 1 800 jeunes âgés de 13 à 25 ans. Parmi ces volontaires, plus de 2 500 ont été référées aux centres de dépistage par les conducteurs de moto-taxis, selon Yawo Espoir Adadjo-Binder, animateur principal de l’association, qui se fonde sur la collecte de fiches remises aux clients par les pairs éducateurs. Mais avant de devenir messager, et de pouvoir porter les tee-shirts, les conducteurs de zemidjans doivent bien sûr eux-mêmes faire le test de dépistage du VIH. Une démarche à laquelle Kossi Djaka, un mécanicien –chauffeur de 40 ans devenu conducteur de zemidjan, a fini par se résoudre, non sans inquiétude. Ce père de quatre enfants se souvient du jour où il a reçu le résultat de son test sous pli fermé. « Je suis allé dans mon village à 62 km de Lomé, et c’est là que j’ai ouvert l’enveloppe », a-t-il raconté. « Quand j’ai vu que c’était négatif, alors j’étais l’homme le plus heureux de la terre, mais 10 minutes plus tard j’ai encore repris l’enveloppe pour revoir les résultats, au cas où je me serais trompé ». En dehors des campagnes ponctuelles de promotion du dépistage du VIH où le test est proposé gratuitement, le dépistage du VIH au Togo coûte au minimum 1 000 francs CFA (près de deux dollars), y compris dans les centres de dépistage volontaire et anonyme. Pour que l’aspect financier ne constitue pas un obstacle, le projet a pris en charge le coût du test pour les personnes qui acceptaient de le faire et se présentaient au siège de l’association à Lomé avec la fiche remise par les messagers de l’espoir. Les conducteurs de moto-taxis ont également été indemnisés pour les heures passées en formation ou en réunion, a expliqué Adadjo-Binder. Un travail de sensibilisation qui n’est pas toujours aisé, ont reconnu plusieurs conducteurs. « Un monsieur à qui je parlais un jour m’a dit que le sida n’existait pas, que c’était les blancs qui avaient des stocks importants de préservatifs à écouler et que c’était pour cela qu’ils avaient inventé le VIH », a raconté Djakpenou. « J’ai tenté de lui faire entendre raison mais rien n’y a fait, il a campé sur ses positions », a-t-il dit. A 32 ans, Anso Benissan, également conducteur de zemidjan et électromécanicien de formation, a fait son test il y a trois ans, qui s’est révélé négatif. Depuis, il porte le tee-shirt du projet pour travailler, même si cet engagement lui a parfois coûté des clients. « Un jour je voulais prendre un client mais quand il a vu mon tee-shirt et ce qui était écrit dessus, il a dit ‘ça c’est un sidéen, va-t-en je ne veux pas prendre ta moto’ », a raconté Benissan. « Je ne suis pas parti, je lui ai expliqué mon rôle en tant que ‘messager de l’espoir’ mais il a continué à me regarder avec dédain », s’est souvenu le jeune homme. En dépit de ces difficultés et de la fin officielle du projet, quelques uns de ces conducteurs continuent à porter les tee-shirts et à sensibiliser les populations. Sur les 50 stations de zemidjans intégrées au programme lors de son lancement, trois d’entre elles continuent bénévolement leurs actions en attendant de trouver de nouveaux partenaires pour pérenniser le projet, a dit Adadjo-Binder. « Il faut s’entraider dans la vie, ce que nous faisons est un travail humanitaire », a estimé Djakpenou, le conducteur de zemidjan.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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