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Les organisations humanitaires se retirent du nord de l’Afghanistan

The Taliban has taken territory in Khanabad district in the Afghanistan province of Kunduz on the other side of a bridge pictured here in August 2015 Bethany Matta/IRIN
Les Nations Unies ont évacué leur personnel des secteurs du nord de l’Afghanistan, où une frappe aérienne américaine aurait bombardé un hôpital dirigé par Médecins Sans Frontières (MSF), l’obligeant à se retirer de la province de Kunduz. Plusieurs organisations humanitaires ont déjà quitté le nord, où les violences se multiplient.

Au moins 22 personnes sont mortes dans le bombardement de l’hôpital de MSF à Kunduz, capitale de la province du même nom, samedi matin. Les États-Unis enquêtent pour déterminer si ce sont bien ses avions qui ont bombardé l’hôpital, mais un communiqué de l’OTAN a déjà reconnu que les États-Unis avaient lancé une frappe aérienne « aux abords » de l’établissement de MSF au moment même où celui-ci a été touché.

MSF a appelé à une enquête pour déterminer si cette attaque constitue une violation du droit international humanitaire et a fermé l’hôpital et évacué une partie de son personnel de la province de Kunduz, a dit à IRIN un porte-parole de l’organisation.

MSF n’est pas la première organisation à suspendre ses opérations dans le nord de l’Afghanistan, où les forces afghanes et américaines combattent la résurgence des Taliban. La violence s’est intensifiée la semaine dernière, les deux camps se disputant la ville de Kunduz. Le 28 septembre, cette dernière est devenue la première capitale de province à tomber entre les mains des Taliban depuis que ceux-ci ont été chassés du pouvoir en 2001.

Les Nations Unies évacuent

Ne pouvant pas assurer la sécurité de son personnel, la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a fermé ses bureaux de Kunduz la semaine dernière. Alors que les affrontements pour le contrôle de la ville faisaient rage, d’autres organisations, dont le Programme alimentaire mondial (PAM), ont transféré ailleurs leurs employés qui travaillaient à Kunduz.

La semaine dernière, la MANUA a aussi évacué son personnel de la province de Baghlan, limitrophe de celle de Kunduz au sud, et a retiré des membres de son personnel de la province du Badakhshan, au nord-est, selon son porte-parole, Dominic Medley.

« Ce sont des mesures de précaution », a-t-il dit à IRIN.

Les Taliban maintiennent une présence déterminante dans certains secteurs de Baghlan. D’après les médias, les insurgés ont pris en embuscades les forces de sécurité afghanes qui se dirigeaient vers Kunduz pour venir en renfort de leurs troupes et ont posé des mines sur la route principale. Ces informations ont été confirmées par un analyste de la sécurité basé à Kaboul qui a demandé à garder l’anonymat.

Cette année, le conflit s’étant intensifié dans le nord de l’Afghanistan, les activités humanitaires se sont progressivement affaiblies. Les habitants de certains secteurs se sont alors retrouvés sans nourriture ni soins de santé ni autres services.


Interruption de l’acheminement de denrées alimentaires

Le mois dernier, le PAM a suspendu ses opérations de distribution de denrées alimentaires dans le Badakhshan après la disparition en une nuit de cinq de ses camions et du personnel qui les conduisait au retour d’une livraison. Les employés ont été libérés, mais les camions n’ont jamais été récupérés.

Wahidullah Amani, porte-parole du PAM, a dit à IRIN que l’agence avait rétabli une distribution limitée de nourriture la semaine dernière, mais que le manque de sécurité continuait de saper les opérations.

« Certains districts de cette région ont une insécurité alimentaire de plus de 80 pour cent, mais ils sont très isolés et difficiles d’accès », a dit M. Amani.

Inquiet pour la sécurité de son personnel, le Conseil norvégien pour les réfugiés a interrompu ses activités à plusieurs reprises cette année. Selon sa directrice nationale, Qurat Sadozai, l’organisation a évacué 31 employés de la ville de Kunduz, où ses bureaux ont été pillés au cours d’affrontements la semaine dernière.

L’accroissement de la violence a non seulement ralenti les activités d’aide, mais elle a aussi augmenté les besoins humanitaires.

Selon Mme Sadozai, les combats à Kunduz ont chassé les civils de la ville et de nombreuses familles ont fui vers Takhar, la province voisine.

« Le Conseil norvégien pour les réfugiés va y envoyer une équipe d’urgence dans les prochains jours pour évaluer combien de familles ont besoin d’aide et pour apporter des secours d’urgence », a-t-elle dit à IRIN.

D’autres organisations auraient elles aussi ralenti ou interrompu leurs activités dans le nord de l’Afghanistan en raison des violences et des enlèvements, mais elles préfèrent ne pas le dévoiler publiquement par mesure de sécurité.

Des perturbations prévues

L’Afghanistan est le pays le plus dangereux au monde pour les travailleurs humanitaires, avec 57 morts l’année dernière, selon la MANUA. Le bilan humain dans le secteur humanitaire était déjà élevé cette année, avant même que l’hôpital de MSF soit bombardé. ACBAR, un organe de coordination d’ONG, a dit en juin que 26 travailleurs humanitaires avaient déjà été tués en Afghanistan en 2015.

Lorsqu’elles mettent au point leurs projets, les organisations humanitaires prennent en compte les perturbations engendrées par les incidents en matière de sécurité et par d’autres facteurs, a expliqué Alexander Pforte, directeur adjoint de Caritas Allemagne.

Selon lui, Caritas a dû interrompre ses projets d’eau et d’assainissement à plusieurs reprises dans la province de Faryab, au nord-ouest du pays, et chaque fois que ses activités sont perturbées, l’organisation doit réévaluer la possibilité de poursuivre ses opérations. Cette réévaluation dépend en grande partie du contrôle de la zone.

« Nous pouvons travailler avec un gouvernement souverain aussi bien qu’avec un gouvernement rebelle. Ce qui est important pour nous, c’est que le territoire soit clairement contrôlé par un groupe », a-t-il dit à IRIN. « Ce qui est dangereux pour nous, c’est quand nous ne savons pas vraiment qui dirige. »

« C’est le problème que nous rencontrons actuellement dans des endroits comme Kunduz – nous ne savons pas vraiment qui dirige », a-t-il ajouté.

cj/jf/ag-ld/amz 
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