Que s'est-il passé ?
En fin de matinée, le camp d'Al-Mazraq, situé dans le gouvernorat de Hajjah, au nord du pays – non loin de la frontière avec l'Arabie saoudite – a été bombardé.
Il s'agit de la dernière attaque en date contre une cible civile depuis le lancement d'une campagne de bombardement menée par une coalition de huit pays dirigée par l'Arabie saoudite jeudi dernier. Cette intervention a pour objectif de chasser les rebelles houthistes soutenus par l'Iran.
Le bilan exact des victimes n'a pas encore été confirmé, mais l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) indique que 45 personnes ont trouvé la mort.
Issa, qui réside dans le camp, estime que 30 à 40 personnes ont été tuées.
Pablo Marco, responsable du programme de Médecins sans frontières (MSF) pour le Moyen-Orient, a dit à IRIN qu'il y avait 29 morts à son arrivée et au moins 34 blessés soignés à l’hôpital géré par l'organisation dans la ville voisine de Haradh.
Quelle était la cible du raid ?
La cible du raid n'est pas encore connue. Il n'y a pas non plus d'information sur les auteurs de l'attaque. Une hypothèse a été évoquée selon laquelle la coalition menée par l'Arabie saoudite était responsable du raid, mais le ministre des Affaires étrangères du Yémen a blamé les combattants houthistes.
Environ 500 familles, majoritairement originaires de Saadah, avaient rejoint le camp d'Al-Mazrak au cours des derniers jours, a dit M. Marco. Son équipé était arrivée la veille pour venir en aide aux personnes qui fuyaient les bombardements.
Nicoletta Giordano, chef de mission de l'OIM au Yémen, a dit que la structure médicale et le bureau de gestion du camp ont été touchés dans l'attaque.
Issa a dit qu'il n'avait pas connaissance de la présence de cibles militaires dans la zone. « Ils [les Saoudiens] essayent de nous faire peur. Les gens sont terrifiés ».
Qui intervient ?
Mme. Giordano a dit que toutes les organisations humanitaires venaient en aide au plus vite aux blessés.
« La communauté entière s'est précipitée pour fournir de l'aide, y compris nous qui n'intervenons pas auprès des PDIP [personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays] habituellement », a-t-elle dit.
L'OIM dirige deux centres médicaux à Haradh, à environ 40 km du camp.
« Au cours des derniers jours, nous avons reçu beaucoup de demandes pour utiliser nos infrastructures », a-t-elle dit. « Nos infrastructures médicales accueillent habituellement les migrants, mais dans ce cas, nous les avons ouvertes [aux Yéménites] ».
M. Marco a dit qu'il ne savait pas si l’hôpital aurait suffisamment de moyens pour venir en aide à toutes les personnes dans le besoin si les attaques devaient se poursuivre et que de nouveaux blessés devaient se présenter au cours des jours à venir. « Nous nous préparons à envoyer une autre équipe à Haradh », a-t-il dit.
Il a ajouté que MSF cherchait à acheminer des denrées non alimentaires jusqu'à Haradh pour venir en aide aux déplacés présents dans la zone.
Qui sont les résidents du camp ?
Le camp a été établi en 2009 pendant les combats entre les Houthis et l'armée de l'ancien président Ali Abdallah Saleh. La majorité a fui Saada et d'autres zones dominées par les Houthis.
Les résidents vivent dans une pauvreté absolue et dans des conditions incroyablement difficiles.
Les crises au Yémen |
14,7 millions de personnes - près des deux tiers de la population- ont besoin d’une aide humanitaire. |
13,1 millions de personnes - près la moitié de la population - n’ont pas accès à l’eau potable et à des systèmes d’assainissement |
Les organisations d’aide humanitaire ont reçu 56 pour cent des 596 millions de dollars demandés pour répondre aux besoins humanitaires. |
10,6 millions de personnes ne savent pas de quoi sera fait leur prochain repas. |
8,6 millions de personnes n’ont pas accès à des soins de santé adéquats. |
840 000 enfants souffrent de malnutrition aigüe |
334 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays. |
Source : HCR, PAM, OCHA, OMS, UNICEF |
Les EAU, ainsi que les autres pays du Golfe, soutiennent la campagne de bombardement menée par les Saoudiens au Yémen.
D'après le HCR, la région de Saada compte environ 103 014 PDIP – soit un tiers de tous les PDIP du Yémen.
Entre-temps, M. Saleh s'est allié aux Houthis dans leur lutte contre son successeur, Abd Rabo Mansour Hadi qui a été assigné à résidence au mois de septembre, lorsque les Houthis ont pris le contrôle de la capitale Sanaa.
M. Hadi, qui a depuis fui le pays, soutient les frappes saoudiennes.
Pour en apprendre plus sur le confit de 2009, consultez le rapport spécial d'IRIN
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