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Accélérer le diagnostic d’Ebola

A government health worker in the MOH-led Kenema Ebola Treatment Centre in Sierra Leone attends to a victim. July 2014. Tommy Trenchard/IRIN

L’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest serait apparue dans le sud de la Guinée il y a près d’un an, mais il a fallu attendre mars 2014 pour qu’elle soit confirmée par l’Institut Pasteur. Le bilan était alors de 60 victimes, et le virus était suspecté d’avoir outrepassé les frontières du Liberia et d’avoir gagné la Sierra Leone.

Quelques heures suffisent actuellement à diagnostiquer Ebola, mais l’ampleur de l’épidémie (pour l’heure, plus de 14 000 cas ont été confirmés en Afrique de l’Ouest, en Europe et aux États-Unis) et sa vitesse de propagation, plus rapide que ces tests, font apparaître la nécessité d’un diagnostic encore plus rapide.

À l’heure actuelle en Afrique de l’Ouest, les échantillons doivent être transportés jusqu’à un laboratoire où les tests les plus courants mettent 4 à 6 heures entre leur configuration et les résultats. Le mauvais état général des routes, l’absence d’électricité et le dysfonctionnement des systèmes de santé sont quelques-uns des obstacles empêchant un diagnostic rapide.

« Le transport des échantillons jusqu’au laboratoire peut prendre plusieurs jours, auxquels il faut ajouter quelques jours supplémentaires pour la communication des résultats aux cliniciens et aux patients. Au total, entre le prélèvement des échantillons et la réception des résultats, quatre jours peuvent parfois s’écouler », a dit à IRIN Margaret Harris, la porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le 18 novembre, l’OMS a lancé un appel en faveur de tests de diagnostic rapide comme alternative aux tests de laboratoire, trop complexes et trop longs. Ces kits, sûrs et simples d’utilisation, pourraient aider à isoler rapidement les malades d’Ebola des autres patients dont les premiers symptômes s’apparentent à ceux du virus Ebola, mais souffrant d’autres maladies. 

Le mois dernier, l’OMS a invité les chercheurs et les entreprises travaillant sur le diagnostic d’Ebola à lui soumettre leurs projets, et passe actuellement en revue les cinq meilleurs dossiers sur les 16 reçus. Selon les caractéristiques déclinées par l’OMS, le kit idéal doit notamment : pouvoir être utilisé dans des cliniques reculées dénuées de laboratoire ; prévoir des procédures de test en moins de trois étapes ; être capable de délivrer des résultats en moins de 30 minutes ; et ne pas avoir d’autre exigence en matière de biosécurité que le port d’un équipement de protection individuelle.

À l’étude

L’« EbolaCheck » est un dispositif actuellement développé en dehors de l’initiative de l’OMS. Fondé par le gouvernement britannique et le Wellcome Trust, le service de génomique de l’université de Westminster travaille à cet appareil de diagnostic rapide alimenté par piles. Il est capable d’analyser huit échantillons de fluides corporels à la fois, et de produire des résultats en 40 minutes, voire moins si l’échantillon contient d’importantes concentrations du virus. 

L’EbolaChek sera fabriqué en dix exemplaires au total, dont les trois premiers seront déployés sur le terrain d’ici mai 2015, a dit Sterghios Moschos, le directeur du service de génomique. Une version laboratoire d’EbolaCheck, capable d’analyser 96 échantillons simultanément, est également à l’étude.

Ce dispositif portatif ne nécessite qu’une gouttelette de sang, et non pas le contenu d’un tube comme c’est actuellement le cas pour les tests en laboratoire. Il est doté d’un système de voyants lumineux très simple, dans lequel un voyant rouge indique que l’échantillon est testé positif au virus Ebola, et un voyant vert signifie l’inverse. Pour plus de sécurité, l’aiguille servant à piquer le doigt des patients est rétractable.

M. Moschos a dit à IRIN que l’objectif était de développer « un kit de diagnostic suffisamment bon marché, suffisamment rapide et suffisamment sûr pour être utilisé en Afrique de l’Ouest et offrir la réponse la plus rapide possible aux personnes présentant des symptômes ».

« La maladie est si fulgurante que nombreuses sont les personnes à être décédées dans l’attente de leurs résultats. »

La maladie est si fulgurante que nombreuses sont les personnes à être décédées dans l’attente de leurs résultats  

Le projet de l’université de Westminster, d’une durée de 12 mois, prévoit également le développement de dispositifs de diagnostic capables de détecter le virus Ebola dans la salive et l’urine. « Nous devons fixer des critères, car il n’en existe pas encore, s’agissant des concentrations du virus dans la salive ou l’urine signalant un vrai positif par rapport aux tests sanguins, parce qu’il est bien plus facile et sûr de prélever de l’urine ou de la salive que de prélever du sang », a expliqué M. Moschos.

Sécurité

Manipuler le virus Ebola est une opération très risquée, qui demande de prendre des précautions strictes. Les travailleurs médicaux comptent parmi les personnes les plus exposées au virus lorsque les procédures de sécurité ne sont pas correctement appliquées. À l’heure actuelle, aucun dispositif de diagnostic rapide n’est utilisé sur le terrain en Afrique de l’Ouest.

« La question de la sécurité est capitale, car ces [kits] serviront à analyser des fluides potentiellement très infectieux. Ils devront être manipulés par des personnes portant un équipement de protection individuelle complet, expertes en matière de prévention et de contrôle des infections. Aussi bons et rapides qu’ils soient, c’est une limitation de taille », a souligné M. Harris de l’OMS.
Plusieurs kits de détection rapide sont en cours de développement par plusieurs fabricants. D’après l’OMS, ils sont techniquement faciles à réaliser, devraient être moins chers que les dispositifs de diagnostic actuels et ne rencontrent « aucun obstacle technique significatif ».

À la question de savoir si le développement de ces appareils ne survient pas trop tard, alors qu’Ebola a déjà fait plus de 5 000 victimes, M. Moschos a répondu : « Je ne crois pas qu’un système déployable sur le terrain, économique et fiable puisse arriver trop tard. Ce n’est pas la première épidémie d’Ebola, mais c’est certainement la première à durer autant ».

« Si vous regardez ce qui c’est passé cette fois-ci, l’épidémie à commencé en décembre [2013] et il a fallu attendre mars pour qu’elle soit confirmée. »

ob/cb-xq/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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