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Les difficultés de la lutte mondiale contre le paludisme

Blood samples being prepared for analysis as part of the malaria trial at the MU-UCSF Malaria Clinic of the Mulago Hospital Gates Foundation
Environ 60 pour cent des pays où le paludisme est endémique n’ont pas d’informations sérieuses sur la qualité des médicaments disponibles pour traiter cette maladie mortelle, indique une étude récente.

Cette étude, publiée dans l’édition du mois d’avril du Malaria Journal, a analysé 251 rapports publiés depuis 1946 dans 104 pays où la maladie est endémique. Elle a conclu que, sur les 43 pays disposant d’informations sur la qualité des antipaludiques, plus de la moitié – 25 pays – ne disposait que d’un ou deux rapports accessibles au public.

« Les estimations sur la qualité des antipaludiques varient considérablement en fonction de la méthode d’échantillonnage utilisée, la plupart des rapports ne reposant pas sur des techniques scientifiques rigoureuses », ont indiqué les auteurs du rapport. « Bien que l’accent soit clairement placé sur la mauvaise qualité des antipaludiques, la situation mondiale reste floue, mal documentée ; et leurs impacts sur les patients restent incertains ».

Cela veut dire que les Etats qui s’efforcent de limiter le nombre de médicaments de mauvaise qualité inférieure ou illicites disponibles sur les marchés sont souvent incapables d’évaluer l’ampleur du problème dans leur pays. Le rapport a conclu que sur les quelque 10 000 antipaludiques testés à travers le monde, 30 pour cent ont échoué aux tests de qualité.

Selon le Groupe spécial international de lutte contre la contrefaçon de produits médicaux (International Medical Products Anti-Counterfeiting Taskforce, IMPACT), les médicaments présentés comme efficaces contre le paludisme contiennent souvent des substances telles que de la mort-aux-rats, du mercure, du plomb, de l’acide borique, de la peinture, de la poussière de brique ou de la cire. Ces produits toxiques peuvent provoquer des insuffisances rénales, des cancers, des troubles du développement, des attaques, de l’hypertension artérielle et d’autres complications médicales.

D’après le Réseau mondial de surveillance de la résistance aux antipaludiques (Worldwide Antimalarial Resistance Network, WWARN), les antipaludiques de mauvaise qualité qui contiennent des quantités sous-thérapeutiques de principes actifs augmentent le risque de résistance aux antipaludiques, ce qui aggrave le problème.

S’il on sait depuis un certain temps qu’un nombre important de médicaments contrefaits et de médicaments mauvaise qualité circulent sur les marchés, « les efforts entrepris pour résoudre ce problème de qualité n’ont eu que peu d’impact par rapport à l’ampleur du problème », indiquent les auteurs de l’étude, « car la plupart des programmes avancent au ralenti, sont sous-financés et fragmentés ».

Difficultés liées à la terminologie, au brevetage

Les difficultés liées à la terminologie et au brevetage ont aussi entravé les progrès dans la lutte contre les antipaludiques de mauvaise qualité.

“La controverse portant sur les définitions a paralysé une bonne partie des actions qui auraient pu être engagées et l’utilisation du terme peu clair de ‘produits médicaux de qualité inférieure/faux/faussement étiquetés/falsifiés/contrefaits’ (substandard/spurious/falsely labeled/falsified/counterfeit medical products, SSFFC) n’a pas amélioré la situation », ont noté les auteurs de l’étude, car la terminologie utilisée dans les rapports sur la qualité des médicaments n’est pas homogénéisée ou des indicateurs différents sont utilisés pour contrôler la qualité des médicaments.

Un mécanisme de lutte contre les produits médicaux de qualité inférieure/faux/faussement étiquetés/falsifiés/contrefaits a été mis en place par les Etats membres en 2010 pour trouver des solutions globales et mettre fin à la distribution et au commerce des médicaments de mauvaise qualité et des médicaments illicites, mais peu de progrès ont été enregistrés jusqu’à présent.

« Si les sociétés pharmaceutiques, les organisations non gouvernementales et les gouvernements sont favorables un accès fiable à des médicaments sûrs et efficaces, et déplorent la mauvaise qualité des médicaments, il leur est difficile de trouver un accord sur l’action à entreprendre, car les sujets conflictuels, comme la tarification des produits pharmaceutiques ou la propriété intellectuelle, reviennent souvent dans les discussions », a dit Amir Attaran, professeur à l’université d’Ottawa et membre d’un groupe de professionnels de la santé qui travaillent ensemble depuis 2012 pour demander des mesures plus efficaces contre les médicaments illicites.

Ainsi, dans des pays comme le Kenya, « des vendeurs non officiels ont profité de l’évaluation après commercialisation réalisée dans le pays pour introduire clandestinement des médicaments en passant par des frontières poreuses et les vendre aux pharmacies non autorisées ou aux cliniques gérées par des non-professionnels », a dit Charles Maitai du département de Pharmacie de l’université de Nairobi.

« Nous plaidons pour l’harmonisation de la terminologie des médicaments de mauvaise qualité afin de garantir la comparabilité des résultats relatifs à la qualité des antipaludiques », a indiqué le Réseau mondial de surveillance de la résistance aux antipaludiques dans une déclaration publiée en ligne.

Quelques progrès

La baisse du prix des médicaments antipaludiques et la diffusion d’informations sur la qualité des médicaments peuvent permettre de réduire le nombre de produits médicaux SSFFC en circulation et de limiter les décès liés au paludisme.

Au Kenya, les médicaments antipaludiques sont distribués gratuitement dans les hôpitaux publics, mais ils sont vendus au prix subventionné de 100 shillings (1,1 dollar) dans les pharmacies et leur prix atteint 800 shillings (9,4 dollars) sur les marchés.

Suite aux efforts concertés du gouvernement pour lutter contre la maladie, la prévalence a baissé de 34 pour cent à 20 pour cent au cours des cinq dernières années.

Le gouvernement effectue des contrôles qualité réguliers sur les médicaments stockés par diverses institutions pour s’assurer qu’ils répondent aux standards exigés. Il a offert un programme de formation sur le traitement des patients atteints de paludisme aux professionnels de santé pour garantir que les patients reçoivent des doses appropriées de médicaments.

« Nous conseillons aux personnels de santé de s’assurer de l’utilisation appropriée des antipaludiques pour limiter les cas de résistance aux médicaments. Ainsi, les médicaments ne perdront pas leur efficacité », a dit à IRIN James Macharia, ministre de la Santé kenyan.

Le paludisme est à l’origine de 30 à 50 pour cent des consultations externes et de 20 pour cent des admissions dans les établissements de santé.

A l’occasion de la journée mondiale du paludisme, Custodia Mandlhate, représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Kenya, a dit à IRIN que les progrès réalisés jusqu’à présent restent fragiles et qu’il faut les pérenniser.

« Si les financements s’arrêtent, les avancées réalisées risquent d’être perdues », a-t-elle dit. « Il faut que le gouvernement et les agences donatrices renforcent leurs investissements pour lutter efficacement contre la maladie ».

ho/aps/am-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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