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Des maisons sans toit attendent les PDIP dans la vallée de Tirah au Pakistan

Ready for the journey home - but is there a house to go to UNHCR Shelter Unit
Ce mois-ci, près de 46 000 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) vont commencer à rentrer chez elles, près de la frontière afghane, dans la vallée de Tirah secouée par les combats. Mais la plupart risquent de retrouver leur maison complètement détruite ou, dans le meilleur des cas, sans toit.

Il s’agira de la deuxième vague de retournés, après une première vague d’un peu plus de 30 000 PDIP qui se sont risquées à regagner leur foyer l’année dernière.

« Voir une maison complètement détruite est un choc terrible, car il a fallu des générations pour bâtir la plupart de ces maisons et nous ne savons pas comment les reconstruire rapidement », a déclaré Zahir Khan, un déplacé de Tirah qui vit actuellement à Peshawar.

Les déplacements internes de la vallée de Tirah, dans l’Agence de Khyber, ont commencé en mars 2013 à la suite de l’intensification des combats entre le groupe d’insurgés Ansar ul-Islam (AI) et le Lashkar-e-Islam qui fait partie de la mouvance des talibans pakistanais.

Les combattants soutenus par les talibans sont entrés dans la région de Tirah, où les habitants sont considérés comme des partisans de l’AI, et ont rasé des maisons, notamment dans la zone de Bagh Maidan. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), près de 80 000 personnes ont fui la région en raison des violences.

L’opération militaire qui a suivi a également causé des dégâts aux habitations. Les activistes ont été délogés de la zone en septembre 2013, selon les déclarations de responsables militaires au cours d’un point de presse.

« Près de 14 000 maisons ont été endommagées pendant le conflit, et la plupart des dégâts [8 000 à 9 000 maisons] concernent la zone de Bagh Maidan. Selon nos estimations, 25 pour cent des maisons sont complètement détruites et 45 pour cent des toits ont été incendiés, donc au total, 70 pour cent des maisons n’ont plus de toit », a déclaré à IRIN depuis Islamabad Hamid Mumtaz, gestionnaire des infrastructures communautaires et de la mobilisation sociale du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (UN-HABITAT).

Il a affirmé que les familles de la première vague de retours, qui a eu lieu l’an dernier, vivaient dans les maisons existantes ou avaient assemblé des « abris de fortune » en guise de logement. Certaines réparations ont commencé, mais il a expliqué que la reconstruction allait sans doute prendre énormément de temps, car les maisons sont faites de briques de terre ou de murs en pierre, et ont souvent plusieurs étages.

La plupart des personnes déplacées interrogées par IRIN ont dit qu’elles étaient impatientes de rentrer chez elles, mais qu’elles étaient également inquiètes.

« Je vais rentrer avec ma mère qui est âgée, ma femme et mes trois jeunes enfants. D’après mon cousin, déjà là-bas, ma maison dans la zone de Bagh Maidan de Tirah n’a plus de toit et ne peut plus nous abriter correctement », a déclaré Zahir Khan. « J’ai peu d’argent et je n’ai pu vivre que de petits boulots pendant les mois passés ici. Je me demande comment je vais pouvoir réparer les dégâts. »

Selon le HCR, la première vague des retours à Tirah, encadrée par l’Autorité de gestion des catastrophes des zones tribales sous administration fédérale (FDMA), s’est terminée à la fin de l’année dernière et a permis le retour volontaire de 30 825 personnes. Le processus de distribution d’une aide à ceux qui sont toujours déplacés (dans la plupart des cas, hébergés dans des familles d’accueil) a été lancé par la FDMA début mai.

« Nous prévoyons le retour de 7 200 familles. Les 4 000 familles à qui une aide au retour de 25 000 roupies pakistanaises [250 dollars] a déjà été approuvée par le gouvernement seront les premières à rentrer », a déclaré le directeur général de la FDMA, Arshad Khan.

Une aide des Nations Unies limitée

Certains déplacés de retour chez eux ont reçu une aide des organisations humanitaires. Grâce au Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies, l’UN-HABITAT aide 575 familles à reconstruire leur foyer. M. Mumtaz de l’UN-HABITAT a déclaré que l’Organisation internationale des migrations prévoyait également de venir en aide à 370 familles. « Après l’évaluation des dommages, les fonds seront débloqués pour les logements », a déclaré M. Khan de la FDMA.

La plupart des personnes touchées ont commencé les réparations sans aucune aide.

« J’ai réussi à remettre un toit sur une partie de la maison, avec de la tôle ondulée notamment, et je vais faire revenir ma famille à Bagh », a dit à IRIN Shah Afridi. Il a déclaré qu’il était préoccupé par l’arrivée imminente de la saison des pluies. « Il faut aussi trouver, avant l’hiver prochain, un moyen de terminer le toit et de reconstruire un mur porteur qui a été totalement démoli », a déclaré M. Afridi.

En raison de l’état des habitations dans la vallée de Tirah, dans bien des cas, les hommes rentrent seuls chez eux, avant leur famille, pour effectuer les réparations.

Les familles de la région sont mises à rude épreuve.

« À Maidan, notre maison a subi des dégâts très importants. La seule solution pour nous est que je revienne avec mes deux fils, âgés de 15 et 16 ans, afin de commencer les travaux de reconstruction, mais je suis très inquiet de laisser ma femme et ma fille de 11 ans seules ici, à Peshawar, même si elles habitent chez des proches », a déclaré Hukum Khan.

Il a affirmé à IRIN que les femmes « ne pouvaient pas vivre dehors sans abri décent », un fait qui s’explique selon lui à la fois par leur « fragilité physique » et par des raisons culturelles.

Les retournés visés par des attentats ?

La population de Tirah est en proie à d’autres inquiétudes. D’après les forces de police de Peshawar, l’attentat-suicide qui a eu lieu début mai dans un centre d’enregistrement, où les PDIP s’inscrivaient pour rentrer chez elles, est lié au soutien présumé des déplacés aux insurgés de l’AI.

Quatre PDIP ont été tuées dans l’explosion et 11 autres ont été blessées. En mars 2013, un attentat-suicide avait déjà ciblé des PDIP de Tirah réfugiés dans le camp de Jalozai près de Peshawar, faisant 15 morts.

« Nous avons tous de graves préoccupations », a déclaré Zahir Khan. « Cela va au-delà du problème de remettre nos maisons en état pour pouvoir y habiter. La crainte est qu’elles soient encore détruites lors d’une nouvelle escalade des hostilités. Nous ne pouvons tout simplement pas voir cela se reproduire. »

Selon la FDMA, des paquets d’aide alimentaire et des denrées de base seront distribués pendant au moins six mois, mais le véritable problème de la plupart des habitants est de faire en sorte que les maisons soient reconstruites avant l’hiver.

En effet, la construction de ces maisons aux murs épais prend beaucoup de temps, a expliqué M. Mumtaz.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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