M. Smith a pris la plume pour dénoncer le silence qui a entouré le décès de sa sœur, emportée par plusieurs maladies opportunistes liées au sida, dont la tuberculose multirésistante. Voici un extrait de son récit, qu’il a souhaité faire partager aux lecteurs d’IRIN/PlusNews.
« Ma petite sœur m’a appelé un mois avant sa mort pour me dire qu’elle était très malade. C’était la première fois qu’elle me parlait directement de quelque chose, et particulièrement de sa maladie. Je lui ai dit que je savais déjà qu’elle était malade et que je ne pouvais rien faire pour elle, mais nous n’avons pas parlé du sida.
« Le coup de téléphone suivant que j’ai reçu à propos de ma sœur m’a été passé par mon petit frère, pour m’informer qu’elle était morte à l’hôpital, le jour même.
« [Le jour de l’enterrement], mon père a versé une larme digne en voyant le cercueil de sa fille descendre dans la tombe, et j’ai scruté les visages de mes frères et sœurs, en essayant de comprendre leur tristesse. En regardant la tombe ouverte, j’ai observé mes parents et mes frères et sœurs ; pendant un instant, j’étais heureux d’être avec eux et de partager leur chagrin et leur perte.
« Lorsque nous nous sommes réunis de nouveau à la maison, j’ai revu certains amis d’enfance. Un grand nombre d’entre eux se rappelaient avoir été à ma place, avoir enterré leur frère, leur sœur ou un membre de leur famille. Comme les mères de la communauté qui ont célébré l’office à la maison, ce matin-là, ils m’ont dit que je m’en remettrais ; moi aussi, je survivrai et je tournerai la page.
« Après avoir pris congé d’eux, ma femme et moi avons pris le long chemin du retour qui devait nous ramener à Pretoria. J’étais content d’avoir assisté aux obsèques et d’avoir été avec ma famille. Mais j’avais comme un sentiment de culpabilité, car je n’avais pas saisi l’occasion qui s’offrait à moi de parler à ma communauté et aux pairs de ma défunte petite sœur du VIH et du sida. Je voulais en parler à cette audience captive pendant l’office, à l’église, mais j’ai senti que cela ne serait pas convenable, car cela aurait entaché le chagrin de ma famille, en cette occasion.
« Outre le prêtre, qui a célébré l’office à l’église, en décriant la perte de tant de jeunes vies, éteintes par le sida au sein de nos communautés, personne n’a parlé de ce qui a tué ma sœur, ni des ravages causés chez nous par le sida. Personne n’a parlé de l’aide offerte aux personnes atteintes ou touchées par la maladie. Comme tant d’autres ce jour-là, personne n’a rien dit, y compris moi.
« En dépit de ce que nous avons appris et de ce que nous connaissons, nous sommes tout de même extrêmement limités lorsque cette question nous touche de près. Porter un jugement sur la politique du gouvernement est une chose, [mais] lorsque le sida vous touche personnellement, c’est une tout autre affaire ».
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