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« J’étais à la recherche d’un moyen de survie… Je côtoyais plutôt la mort »

Le jour où Joséphine* a appris que le dernier client à l’avoir forcée à un rapport sexuel non protégé était séropositif, elle a décidé d’abandonner définitivement le travail du sexe. Aujourd’hui mariée et reconvertie dans le commerce, cette future mère de 29 ans considère qu’elle a échappé au VIH par miracle et qu’elle doit utiliser son expérience pour protéger les autres.

« J’avais 22 ans quand j’ai dû abandonner mes études. Mes parents sont [démunis], et c’est en recherchant des solutions [pour payer les frais de scolarité] que j’ai suivi les conseils de certaines amies. Elles m’ont raconté le bénéfice qu’elles tiraient du travail du sexe. J’ai trouvé que c’était mirobolant et sans contraintes particulières. J’étais trop naïve, mais je n’avais aucune issue et je ne pouvais compter sur personne.

« Je cherchais des clients tous les soirs pour arriver à payer ma scolarité. Mais je ne pouvais plus faire face aux contraintes, c’était difficile de concilier les deux, donc j’ai été obligée d’abandonner la classe. Là encore, ce sont mes amies qui m’ont convaincue que je perdais mon temps en m’accrochant aux études et qu’il fallait que je fasse un choix.

« Je me suis prostituée pendant près de cinq ans. J’ai ‘pratiqué’ [toutes sortes] d’hommes, de tous âges et de toutes moralités, et j’ai pris d’énormes risques en leur compagnie. Pour moi, c’était cet univers [du travail du sexe] qui l’exigeait et je m’en accommodais.

« Dans ce même univers, j’entendais parler du sida et du risque que cela constituait. Des actions de sensibilisation [étaient organisées dans] notre milieu, mais comme beaucoup d’autres, je restais indifférente… mais je faisais quand même l’effort au moins d’exiger de mes partenaires occasionnels de se préserver. J’ai rarement accepté d’avoir un rapport non protégé, moins de cinq fois si mes souvenirs sont exacts.

« Je me suis comportée ainsi jusqu’au jour où un homme riche a proposé de faire l’amour avec moi sans se préserver. J’ai résisté, mais il a misé gros, environ 100 000 francs CFA [195 dollars] et j’ai cédé à sa volonté. »

« Quelques jours après, au cours d’une discussion, en racontant ce qui, de mon point de vue, était un exploit à mes amies, elles m’ont alors raconté que j’avais pris de sérieux risques avec lui, puisque cet homme était séropositif.

« Là je me suis mise à m’interroger. J’avais choisi la prostitution parce que j’étais à la recherche d’un moyen de survie, mais je me rendais compte que je côtoyais plutôt la mort, si je devais continuer. Je me suis promis de renoncer définitivement à cette vie.

« Plusieurs mois après, j’ai décidé d’aller faire le dépistage [du VIH]. J’avais peur dans l’attente du résultat. J’ai hurlé de joie en apprenant que j’étais séronégative. Quelques semaines après, j’ai fait un test de confirmation qui s’est aussi révélé négatif. C’est Dieu qui m’a sauvée, sans quoi je ne sais pas ce que je serais devenue.

« Depuis lors, j’ai refait ma vie. Avec mes économies, j’ai ouvert une boutique près du marché de Dantokpa [le plus grand marché de Cotonou, capitale économique du Bénin], où je vends toutes sortes de produits. Je fais du commerce avec bonheur. Je me suis mariée, et je suis maintenant enceinte. Je pense à l’éducation de cet enfant qui va naître.

« Je profite maintenant de mon commerce et du fait que je rencontre du monde pour lancer le débat sur la prévention du VIH/SIDA lorsqu’il y a des clients. Vous voyez bien sur mon étal que je vends aussi des préservatifs, pour participer à ma manière à la prévention. J’ai minimisé [l’importance du] port du préservatif [surtout une] fois, heureusement rien ne m’est arrivé.

« Je m’investis ainsi à ma manière dans la lutte, et je me sens entièrement prête à m’investir aux côtés des acteurs clés dans la lutte pour une meilleure prise de conscience vis-à-vis de la maladie. Je ne voudrais pas que cela [l’infection au VIH] arrive aux autres ».

* Un nom d’emprunt

gc/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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