« Les objectifs que nous nous étions fixés ont pour la plupart été atteints : nous avons réussi à passer le relais », a expliqué à IRIN/PlusNews Emmanuelle Privat, chef adjoint de la mission MSF-Suisse basée à Yaoundé, la capitale camerounaise.
Ce désengagement a été plusieurs fois reporté, l’organisation internationale estimant n’avoir pas encore achevé le transfert de compétences aux autorités des établissements sanitaires avec lesquelles elle travaillait.
Aujourd’hui, les personnels des structures médicales avec lesquels MSF a travaillé ces deux dernières années sont opérationnels, selon MSF-Suisse. Depuis 2001, l'organisation médicale a formé 31 médecins, 53 infirmiers et 52 conseillers psychosociaux.
Elle s’est ainsi retirée en juin de l’hôpital missionnaire de district de Djoungolo, le dernier établissement où elle était encore présente à Yaoundé. Dans la capitale économique, Douala, elle cessera toutes ses activités à la fin du mois dans les cinq structures où elle était active.
Au total, 9 587 patients, dont 4095 sous traitement antirétroviral (ARV), sont aujourd’hui suivis par les Unités de prise en charge par ARV que MSF a soutenues au cours de ces deux dernières années. Ils étaient 1 500 en 2004, dont la moitié sous ARV.
En choisissant le Cameroun pour y lancer, il y a sept ans, son premier programme de traitement ARV en Afrique, l’organisation entendait alors montrer qu’il était possible d’offrir ces traitements aux malades des pays les plus pauvres.
Depuis, la situation au Cameroun a beaucoup évolué : environ 50 000 patients bénéficient aujourd’hui de traitements ARV qui sont désormais fournis gratuitement, dans ce pays où le taux de prévalence du VIH est estimé à 5,5 pour cent de la population adulte, selon les Nations unies.
Certains des problèmes identifiés par MSF-Suisse il y a deux ans n’existent plus, a noté Mme Privat : par exemple, la confidentialité autour des résultats des tests de dépistage, auparavant problématique, semble désormais assurée.
Des inquiétudes demeurent
Il reste cependant des sujets d’inquiétude, a noté MSF-Suisse. Depuis décembre 2007, les ruptures de stocks de certains ARV de première ligne sont régulières. Il existe également d'importantes difficultés d'approvisionnement en tests de dépistage du VIH dans les structures sanitaires du pays.
En outre, dans plusieurs Centres de traitements agréés, les ARV de deuxième ligne ne sont pas disponibles : or, au Cameroun, le nombre des patients qui vont développer des résistances aux ARV de première ligne va « atteindre rapidement le millier, avec des risques de transmission à des personnes saines de virus résistants au protocole de première ligne ».
« Personne n’est encore vraiment prêt à affronter ce phénomène de résistance qui est déjà en train de se manifester. Il y a un problème d’anticipation », a regretté Mme Privat.
MSF-Suisse envisage d'ailleurs de proposer aux autorités sanitaires un soutien dans ce domaine au cours de l'année à venir.
Quant à la qualité du suivi des personnes vivant avec le VIH/SIDA, elle n’est pas encore satisfaisante : le soutien psychosocial n’existe pas de manière effective dans toutes les structures notamment.
Autre manque : la prise en charge des enfants, encore très faible. « Peu d’enfants exposés au VIH sont dépistés et pris en charge », a dit l’organisation. A l’hôpital de Nylon, un quartier populaire de Douala, les enfants ne représentent que 0,4 pour cent des patients sous ARV.
La prise en charge des personnes les plus démunies est également quasi inexistante. « Elle est pourtant possible : les structures sanitaires ont les moyens d’allouer des fonds à cet aspect. L’hôpital de Nylon à Douala le fait, par exemple », a dit Mme Privat.
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