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La nouvelle étude de prévalence soulève des questions

Plusieurs démographes et scientifiques renommés ont vigoureusement réfuté les affirmations de la ministre sud-africaine de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang, selon laquelle l’épidémie de VIH en Afrique du Sud serait sur le déclin et que le pays « pourrait être en train de faire de réels progrès dans sa réponse à l’épidémie de VIH ».

La déclaration de Mme Tshabalala-Msimang se fondait sur une étude nationale de prévalence du VIH parmi les femmes enceintes, que des chercheurs considèrent comme très discutable.

L’enquête, publiée sur le site internet du ministère de la Santé le 29 août, affirme que le taux de prévalence du VIH parmi les femmes enceintes est passé de 29,1 pour cent en 2006 à 28 pour cent en 2007.

Le professeur Rob Dorrington, démographe à l’université de la ville du Cap, et son collègue, le professeur David Bourne, ont souligné dans une lettre publiée dans le South African medical journal (SAMJ) la semaine dernière que l’enquête de 2007 avait employé une méthodologie non seulement radicalement différente de celle utilisée l’année précédente, mais en plus « manifestement mauvaise ».

Les auteurs ont décelé un problème lorsqu’ils ont noté que les évolutions dans la prévalence par âge ne correspondaient pas aux changements dans la prévalence de la population générale, et que les données par districts n’étaient pas conformes aux estimations provinciales.

Ils en ont déduit qu’en 2006, les résultats provenant des consultations prénatales dans les districts avaient simplement été totalisés pour en tirer les estimations de prévalence pour les neuf provinces du pays, tandis qu’en 2007, le ministère de la Santé a commencé à détailler ces données provinciales par groupe d’âge, en se fondant sur des estimations de classes d’âge parmi la population générale.

MM. Dorrington et Bourne ont décrit la nouvelle méthodologie comme « clairement problématique », dans la mesure où la classe d’âge des femmes se rendant en consultation prénatale est très différente de l’âge de la population féminine dans son ensemble.

« Dans la mesure où la prévalence du VIH utilise un schéma d’âge précis et que la prévalence est plus faible parmi les groupes les plus jeunes et les plus âgés, utiliser la population de l’ensemble des femmes pour réévaluer les statistiques sous-estimera inévitablement la prévalence des femmes en consultation prénatale », ont-ils écrit.

Après avoir recalculé les données 2007, en utilisant la même méthode qu’en 2006, les auteurs ont estimé la prévalence du VIH parmi les femmes enceintes à 29,4 pour cent.

Les chiffres de la prévalence du VIH issus des consultations prénatales sont utilisés en combinaison avec d’autres données et des modèles mathématiques pour déterminer la prévalence générale de la population, mais les chiffres révisés par les chercheurs suggèrent que le nombre de Sud-Africains vivant avec le VIH n’a probablement pas décliné.

MM. Dorrington et Bourne ont aussi recalculé les estimations pour chacune des provinces et ont découvert que l’utilisation de l’âge avait donné lieu à des « résultats absurdes », en particulier dan la province du Cap Ouest, où la prévalence avait chuté de 15,1 pour cent en 2006 à 12,6 pour cent en 2007, d’après l’enquête.

En réalité, seuls deux districts de la province enregistraient un léger déclin, et, après avoir totalisé les données de tous les districts, les auteurs ont estimé le taux de prévalence dans cette province à 15,3 pour cent en 2007.

La Treatment action campaign (TAC), un groupe national de lobbying contre le sida, a publié un communiqué la semaine dernière, notant que le ministère de la Santé avait « fait une erreur ou trompé le public » en omettant de signaler le changement de méthodologie dans l’étude de 2007.

Lesley Odendal, porte-parole de la TAC, a recommandé que les affirmations de la ministre de la Santé à propos de la baisse présumée de la prévalence du VIH soient « traitées avec scepticisme ».

Elle a souligné par ailleurs qu’une légère augmentation du taux de prévalence ne voulait de toute façon pas nécessairement signifier que l’épidémie avait empiré. « Il est devenu extrêmement difficile d’interpréter la signification de la prévalence au cours des dernières années pour deux raisons : l’épidémie de VIH a évolué en une épidémie de sida [avec davantage de décès], et les traitements antirétroviraux aident les gens à vivre beaucoup plus longtemps ».

Dans leur lettre au SAMJ, MM. Dorrington et Bourne ont noté que l’étude était, « de manière surprenante, silencieuse » à propos de l’impact des traitements ARV sur le taux de prévalence.

Quelque 500 000 Sud-Africains séropositifs ont bénéficié des programmes de distribution d’ARV, ce qui pourrait entraîner une hausse des taux de prévalence, en fonction du taux de mortalité, mais l’enquête 2007 a revu le nombre total de personnes vivant avec le VIH à la baisse, de 5,41 millions en 2006, à 5,27 millions en 2007.

MM. Dorrington et Bourne ont conclu que « l’analyse de ces données apparaît comme étant largement hors de portée des compétences du ministère de la Santé » et recommande que le gouvernement s’adjoigne les services d’une plus large frange de la communauté scientifique pour l’aider à interpréter les futures statistiques de prévalence.

Le ministère de la Santé a dit qu’il publierait prochainement un communiqué pour répondre à ces critiques.

ks/he/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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