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Ce qui est fait dans la lutte contre les changements climatiques - troisième partie

Dans les pays en voie de développement, où la survie est souvent une lutte quotidienne, les populations ne peuvent plus se permettre d’attendre que leurs gouvernements les tirent de l’impasse.

[Dernière partie d'une série d'articles en trois volets, consacrée au changement climatique. Lire le premier et le deuxième volets]

Bon nombre d’entre elles vivent sous l’emprise du changement climatique : aux prises avec des sécheresses fréquentes, de graves inondations, de violents cyclones et autres événements climatiques extrêmes, elles ont trouvé des moyens de s’y adapter.

Au Bangladesh, les agricultrices confrontées à des crues fréquentes construisent des « potagers flottants » (des radeaux de jacinthes sur lesquels elles peuvent cultiver des légumes dans les régions sujettes aux crues).

Au Sri Lanka, les agriculteurs expérimentent diverses variétés de riz capables de pousser avec moins d’eau et une eau plus saline.

Au Malawi, certains petits fermiers, qui vivent de cultures sèches, ont commencé à planter du maïs qui pousse plus rapidement, pour faire face à des périodes de sécheresse désormais plus fréquentes.

Mais à l’échelle mondiale, les gouvernements restent dans l’impasse sur la question de la réduction des émissions, nocives, de gaz à effet de serre, tels que la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone, l’ozone et le méthane, qui réchauffent le climat terrestre.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations Unies, la décennie 1998-2007 a été la plus chaude jamais enregistrée.

Création du GIEC

Les gouvernements ont commencé à ouvrir les yeux et à prendre conscience de l’environnement il y a plus de 30 ans, en 1972, à Stockholm, où ils ont pris la décision de créer le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Sept ans plus tard, les participants à la première Conférence mondiale sur le climat, organisée par l’OMM, notaient l’impact des activités de l’Homme sur la terre et appelaient à une coopération mondiale dans le but d’explorer l’avenir du climat terrestre.

En 1985, le PNUE, l’OMM et le Conseil international pour la science, une organisation non-gouvernementale (ONG), ont organisé une rencontre pour débattre de « l’évaluation du rôle du dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre dans les variations du climat, et autres conséquences connexes ».

Les participants à la conférence ont conclu qu’en « conséquence des émissions croissantes de gaz à effet de serre, on pense aujourd’hui qu’au cours de la première moitié du siècle prochain [le 21e] une hausse de la température mondiale moyenne pourrait être relevée, plus importante que toute autre jamais observée dans l’histoire de tout homme ».

En 1987, les participants au 10e congrès de l’OMM ont reconnu qu’il était nécessaire de mener une évaluation scientifique de l’impact des gaz à effet de serre sur l’environnement, ainsi que des répercussions socioéconomiques de ces gaz.


Photo: Shamsuddin Ahmed/IRIN
Les populations des pays en voie de développement apprennent à s’adapter
L’OMM et le PNUE ont élaboré un mécanisme intergouvernemental pour procéder à ces évaluations, et se sont rendu compte qu’outre les recherches scientifiques, il faudrait également concevoir des stratégies destinées à aider les pays et le monde à faire face à cette crise.

Un an plus tard, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) était créé, composé de trois groupes de travail chargés de se pencher sur les conséquences scientifiques, environnementales et socioéconomiques du changement climatique, et sur les mesures à prendre pour y faire face.

La CCNUCC

Les conclusions du premier Rapport d’évaluation du GIEC, publié en 1990, ont joué un rôle décisif dans l’élaboration de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), adoptée lors du Sommet de la terre de 1992, à Rio de Janeiro, au Brésil.

Cette Convention est la première tentative mondiale entreprise en vue de faire face à l’évolution du climat. Elle reconnaît que le système climatique est une ressource partagée dont la stabilité peut être compromise par les émissions, industrielles ou autres, de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre.

La Convention, qui jouit d’une adhésion quasi universelle, 192 pays l’ayant ratifiée, est entrée en vigueur en 1994.

Les 192 parties à la Convention sont divisés en groupes : l’annexe I regroupe les pays industrialisés (les 24 membres initiaux de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE], l’Union européenne, et 14 pays en situation de transition économique ; la Croatie, le Liechtenstein, Monaco et la Slovénie sont venus s’ajouter à l’annexe I en 1997, et la République tchèque et la Slovaquie ont remplacé la Tchécoslovaquie).

Les pays de l’annexe II ont l’obligation particulière de fournir des ressources financières et de faciliter le transfert des technologies aux pays en voie de développement ; l’annexe II comprend les 24 membres initiaux de l’OCDE et l’Union européenne.

Les pays qui ne font pas partie de l’annexe I ont ratifié la CCNUCC ou y ont adhéré mais ne sont pas inclus dans l’annexe I de la Convention. Un certain nombre d’institutions, créées aux termes de la Convention, facilitent et surveillent sa mise en œuvre.

Parmi celles-ci : l’Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA), l’Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI) et un mécanisme financier, dont le fonctionnement a été confié au Fonds pour l’environnement mondial (GEF).
 
Le protocole de Kyoto

Si la CCNUCC encourageait ses parties à stabiliser leurs émissions de gaz à effet de serre, le protocole de Kyoto, lui, les y engage.

Ce protocole fixe des objectifs exécutoires à 37 pays industrialisés et à la Communauté européenne (les pays de l’annexe B) en vue de la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, qui doivent être diminuées de cinq pour cent en moyenne par rapport au niveau de 1990, sur une période de cinq ans allant de 2008 à 2012. Le protocole, adopté à Kyoto, au Japon, en 1997, est entré en vigueur en 2005. À ce jour, il a été ratifié par 180 pays.

L’accord reconnaît que les pays développés sont les principaux responsables du volume important de gaz à effet de serre libéré actuellement dans l’atmosphère à la suite de plus de 150 ans d’activité industrielle, et leur fait endosser une responsabilité plus lourde conformément au principe des « responsabilités communes mais différenciées ».

Des outils pour réduire les émissions

Le protocole prévoit trois outils pour aider les pays développés à atteindre leurs objectifs :

- les échanges internationaux de quotas d’émissions de gaz à effet de serre entre les pays soumis à des objectifs

- la mise en œuvre collective de projets de réduction des émissions

- le Mécanisme de développement propre (CDM).

Ce mécanisme permet aux pays industrialisés de gagner et d’échanger des crédits d’émissions en lançant des projets dans d’autres pays développés ou dans les pays en voie de développement, et de se servir de ces crédits pour atteindre leurs objectifs.

Les pays qui ne font pas partie de l’annexe I ne sont pas juridiquement tenus de respecter des objectifs de réduction ou de limitation de leurs émissions de gaz à effet de serre au cours de la première période d’engagement.

La lutte

La première phase d’engagement du protocole de Kyoto s’achève en 2012, et les pays ont engagé des négociations sur les objectifs de réduction de la phase suivante.

Mais ce processus est dans l’impasse, les Etats-Unis, un pays souvent considéré comme l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre dans le monde, n’ayant pas encore ratifié le protocole.

Ils y ont objecté car la Chine et l’Inde, deux des économies qui se développent le plus rapidement au monde, et qui comptent aussi parmi les plus gros pollueurs de la planète, ne sont pas tenues par le protocole de respecter les objectifs obligatoires de réduction.

Le monde a jusqu’au sommet sur le changement climatique de Copenhague, au Danemark, en décembre 2009, à l’occasion duquel un nouvel accord post-2012 sur les réductions des émissions de gaz à effet de serre devrait être approuvé, pour mettre en œuvre les réductions actuellement consenties.

Or, à en croire plusieurs ONG de défense de l’environnement, aucun des principaux pays industrialisés n’est en voie de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de manière assez significative pour éviter d’atteindre le seuil de risque inacceptable d’une évolution catastrophique du climat.

Le GIEC a suggéré une réduction de 25 à 40 pour cent d’ici à 2020 pour éviter une augmentation de deux degrés Celsius des températures mondiales ; une telle augmentation détruirait en effet 30 à 40 pour cent de toutes les espèces connues, provoquerait des vagues de chaleur et des périodes de sécheresse à plus grande échelle, plus intenses et plus fréquentes, ainsi que des événements climatiques plus violents, tels que des crues ou des cyclones.

La plupart des scientifiques, dont les membres du GIEC, ont suggéré que certains pays en voie de développement devraient consentir à des réductions d’ici à l’an 2020, et que tous les pays devraient se conformer à des objectifs de réduction d’ici à l’an 2050.

Les grands pays en voie de développement, tels que la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil, se sont dit prêts à respecter une réduction obligatoire de 50 pour cent de leurs émissions d’ici à 2050, si les pays riches acceptaient au moins de réduire leurs émissions de 25 à 40 pour cent d’ici à l’an 2020, par rapport au niveau de 1990.

Adaptation, transfert des technologies et financement

Les pays en voie de développement ont besoin de l’aide de la communauté internationale pour s’adapter aux changements climatiques, notamment par le biais de financements, de transferts de technologies et d’assurance, ainsi que de ressources pour réduire les risques de catastrophes et renforcer l’endurance des communautés face à des événements de plus en plus extrêmes.

Le Fonds des pays les moins développés (LDCF), contrôlé par le GEF, est l’un des deux fonds qui ont été créés aux termes de la CCNUCC pour aider ces pays à s’adapter au réchauffement climatique.

Le Fonds spécial pour le changement climatique (SCCF) finance des projets liés au renforcement des capacités, au transfert des technologies et à l’atténuation des conséquences du changement climatique, et aide les pays largement dépendants des revenus générés par les carburants fossiles à se diversifier.

Toutefois, selon l’édition 2007 du rapport de développement annuel publié par le Programme des Nations Unies pour l’environnement, peu de ces fonds ont véritablement été versés aux pays en voie de développement.

La CCNUCC fonde ses espoirs sur le Fonds d’adaptation, créé aux termes du protocole de Kyoto pour soutenir l’adaptation aux changements climatiques dans les pays en voie de développement.

Ce fonds est alimenté par une taxe de deux pour cent prélevée sur la valeur des crédits résultant des projets de réduction des émissions lancés dans le cadre du CDM. Selon les estimations de la CCNUCC, le fonds recueillera jusque 300 millions de dollars par an d’ici à 2030, selon le niveau de demande sur le marché du carbone.

L’agence de développement Oxfam a néanmoins fait remarquer que les besoins immédiats de l’Ethiopie en termes d’adaptation s’élevaient à eux seuls à 800 millions de dollars.

jk/he/nh/nr


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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