Les associations de défense de l’environnement ont exprimé des préoccupations concernant le projet de construction d’un canal reliant la mer Rouge à la mer Morte, et visant à sauver cette dernière en y déversant les eaux de la première.
Selon les écologistes, en effet, trop peu de recherches ont été menées sur la question et les autres options possibles n’ont pas été envisagées.
« Nous nous inquiétons de ce qui arrivera à la mer Morte lorsque cette quantité d’eaux marines lui sera ajoutée », a déclaré Gidon Bromberg, de Friends of the Earth Moyen-Orient, lors d’une audience publique organisée le 30 juillet par la Banque mondiale à Herziliya, à la suite de deux autres audiences, tenues l’une à Ramallah, l’autre à Amman.
Selon M. Bromberg, on ignore également les répercussions qu’aura l’extraction de ces eaux sur la mer Rouge, et les problèmes qui risquent d’être causés par l’acheminement d’une telle quantité d’eau à travers le désert.
Certains experts ont notamment fait remarquer que cette région était connue pour son activité sismique.
Dans le cadre du projet mer Rouge-mer Morte, les eaux prélevées dans la mer Rouge seraient pour partie dessalées à des fins de consommation par les Israéliens, les Jordaniens et les Palestiniens. Le reste de ces eaux servirait à sauver la mer Morte.
La mer Morte en danger
Le niveau des eaux de la mer Morte continue de chuter à raison d’un mètre par an environ, et la mer Morte a perdu environ un tiers de son volume, essentiellement au cours des 30 dernières années.
En plus d’être un écosystème unique et riche en minéraux, la mer Morte est connue sous le nom de « mer de sel » en hébreu, pour sa teneur remarquablement élevée en sel.
Selon les écologistes, l’exploitation excessive des minéraux de la mer Morte, et l’assèchement et la pollution du Jourdain, sa source d’eau naturelle, ont contribué à la chute du niveau de ses eaux.
Si toutes les parties prenantes (les écologistes, les entreprises, les divers gouvernements et leurs citoyens) s’accordent à dire que la mer Morte doit être sauvée, il reste à savoir comment.
« Même avec ce conduit, qu’il soit construit ou non, le Jourdain doit être réhabilité », a souligné Nader el Khatib, écologiste palestinien de l’Organisation palestinienne pour le développement des eaux et de l’environnement.
L’écologiste doute également qu’il soit possible d’acheminer les eaux dessalées du Golfe d’Aqaba jusqu’en Cisjordanie et que cela constitue la solution la meilleure et la moins chère à la crise hydrique palestinienne.
En outre, s’il est vrai que la chute d’eaux dans cette région, la plus basse sur terre, permettrait de produire de l’hydro-électricité, la combustion de carburants fossiles resterait néanmoins nécessaire pour dessaler et distribuer l’eau, ajoutant aux préoccupations des écologistes.
Diverses idées ont déjà été suggérées par le passé concernant le dessalement de l’eau de la Méditerranée au profit de la Cisjordanie.
Mais de nombreux écologistes s’accordent à dire que sauver le Jourdain, dont les eaux sont également détournées par la Syrie, Israël et la Jordanie à des fins de consommation, est une option qui n’a pas été envisagée comme il se doit.
Une étude qui s’achèvera en 2010
Un responsable de la Banque mondiale a expliqué à IRIN que les questions soulevées étaient prises en considération dans le cadre d’une étude qui devrait être achevée en 2010.
Selon les écologistes, néanmoins, le comité qui envisage des solutions alternatives est composé de responsables des gouvernements et non d’experts indépendants.
« Nous nous opposons à ce que la Banque [mondiale] nomme, en collaboration avec les gouvernements, un groupe d’experts sélectionnés par les autorités des eaux », a déclaré M. Bromberg à IRIN, à l’issue de l’audience.
Au début de la semaine, le Parlement israélien avait formé une commission d’enquête indépendante, pour mener des recherches sur la crise hydrique israélienne, une mesure favorablement accueillie, entre autres, par les écologistes.
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