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Des contraintes accrues pour les humanitaires au Darfour

Sur une carte du Darfour publiée ce mois-ci par les Nations Unies, un patchwork de jaune et d’orange marque les zones où l’accès humanitaire est limité ou nul. Par rapport aux cartes publiées les années précédentes, plusieurs vastes régions sont venues s’ajouter au nombre des zones interdites.

Depuis 18 mois, selon les travailleurs humanitaires, la situation n’a jamais été aussi difficile pour les organisations humanitaires du Darfour pour ce qui est de la sécurité et des attaques menées à l’encontre du personnel, et les organisations n’ont jamais été aussi peu en mesure de se rendre auprès des populations dans le besoin.

« En ce qui concerne les braquages, l’invasion des complexes et des bureaux, les attaques contre les humanitaires et les enlèvements d’humanitaires, les statistiques sont les mêmes pour les six premiers mois de cette année que pour l’ensemble de l’année dernière », a déclaré à la presse Mike McDonagh, directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) - Soudan, à Khartoum, le 22 juin.

« Des véhicules se font braquer presque à raison d’un par jour », a indiqué Alun McDonald, chargé de communication publique à OXFAM, dans un email adressé à IRIN.

Dans certaines régions, la portée de l’aide humanitaire a été réduite ou totalement suspendue en raison des restrictions de circulation. En mai, après plusieurs braquages, qui avaient empêché l’acheminement de vivres au Darfour, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a réduit les rations de 42 pour cent, une décision qui a pénalisé 2,7 millions de Darfouris.

« Il est vrai que nous avons des réserves alimentaires à Port-Soudan, à Khartoum et à El Obeid. Mais le problème, c’est l’acheminement de ces vivres jusqu’au Darfour », a expliqué Kenro Oshidari, représentant du PAM au Soudan.

Selon M. Oshidari, bien que le gouvernement soudanais ait promis de fournir des escortes toutes les 48 heures pour protéger les vivres acheminés au Darfour, celles-ci ne se sont pas encore matérialisées et seraient insuffisantes, les envois de marchandises par camion devant être assurées chaque jour.

« La distribution de rations entières ne reprendra que lorsque nous aurons la garantie d’un accès sans risque et d’un passage sans risque des convois jusqu’à destination », a souligné Ameera Haq, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies au Soudan.


Photo: Derk Segaar/IRIN
Les problèmes de santé, notamment pour les personnes les plus vulnérables, sont susceptibles d'augmenter
Les organisations non-gouvernementales (ONG) luttent pour adapter les programmes humanitaires à ces contraintes. Selon un document d’information publié en juin 2008 par une ONG, la majorité des déplacements humanitaires au Darfour s’effectuent désormais via les services aériens des Nations Unies. Les fonds normalement alloués aux programmes humanitaires ont donc été consacrés à couvrir l’augmentation des coûts opérationnels.

« Presque chaque jour, nous devons envoyer notre personnel par avion aux quatre coins du Darfour et cela nous coûte plus de 100 000 dollars par an », a expliqué M. McDonald. « La crise au Darfour dure depuis cinq ans et il devient de plus en plus difficile de trouver des fonds, alors chaque centime compte ».

Les évacuations répétées et les suspensions de programme ont également abouti à la « gestion à distance » des projets, a indiqué M. McDonald, un système dans le cadre duquel des particuliers ou des comités de villageois sont formés à apporter des secours et rendent ensuite compte de leurs activités à l’organisation concernée ; les humanitaires ont également recours à la méthode de « l’in and out », lorsque les régions deviennent temporairement plus sûres.

Baisse de qualité

Mais malgré ces efforts, la quantité et la qualité de l’aide diminuent pour bon nombre des populations vulnérables du Darfour.

« Le problème repose principalement sur la qualité de l’aide : quand on doit arriver, déposer [les vivres] et repartir, on n’a pas beaucoup de temps pour mener des évaluations, des analyses et assurer un suivi convenables », a indiqué M. McDonald.

« Il devient aussi plus difficile de lancer des programmes à long terme. Et naturellement, si vous ne disposez que de quelques jours, vous donnez la priorité aux secours d’urgence vitale, tels que les vivres et les médicaments, et vous n’avez pas de temps à consacrer à d’autres formes d’aide extrêmement importantes, telles que l’éducation et les projets [de création] de moyens de subsistance durables ».

« Ça permet aux gens de survivre, mais rien de plus », a poursuivi M. McDonald.

Le 22 juin, les Nations Unies ont déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse interagences qu’un « cocktail parfait » de facteurs, dont l’accès humanitaire limité, le surpeuplement des camps, les ressources réduites en eau et la mauvaise récolte de céréales, poserait probablement de grandes difficultés.

« Quatre ans après le lancement d’une opération de grande envergure, dans le cadre de laquelle un demi-million de tonnes de vivres sont acheminées chaque année, et en moyenne, un millier d’expatriés ont été envoyés sur le terrain pour travailler aux côtés de leurs 15 000 collègues nationaux, c’est cette année, je pense, que nous allons observer une réduction des indicateurs [de santé], en conséquence de ce cocktail parfait », a prédit M. McDonagh.

bm/am/mw/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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