Un mois après le passage destructeur du cyclone Nargis à travers le Myanmar, neuf des 10 hélicoptères qui doivent être utilisés par le Programme alimentaire mondial (PAM) sont encore bloqués à Bangkok, dans l’attente d’une autorisation de vol.
Des appareils ont été livrés la semaine dernière par les gouvernements canadien et australien, mais le Myanmar n’a pas encore autorisé leur entrée dans le pays.
Ce contretemps est le dernier d’une série de revers essuyés par la communauté internationale, tandis qu’elle tente de porter assistance aux quelque 2,4 millions de rescapés du cyclone.
« Le plus grand défi est de faire en sorte que le gouvernement accepte d’autoriser ces hélicoptères sur son territoire dans le cadre des secours », a déclaré Paul Risley, porte-parole du PAM, de Bangkok le 4 juin.
Au moins 134 000 personnes sont mortes ou disparues lorsque le cyclone Nargis s’est abattu sur le delta de l’Ayeyarwady, les 2 et 3 mai. La tempête de catégorie quatre a gravement touché la région du delta, emportant la plupart de ses infrastructures déjà délabrées.
Une bonne partie de la région est à présent quasi inaccessible, sauf par barque, mais il faut alors compter plusieurs jours pour se rendre auprès des populations rescapées ; c’est pourquoi les hélicoptères sont presque indispensables pour permettre l’acheminement rapide des secours.
Jusqu’ici, le PAM n’a réussi à faire entrer qu’un seul hélicoptère de secours dans le pays. Depuis son arrivée le 22 mai, l’appareil a permis de dépêcher deux missions dans le delta, la première dans la commune de Labutta, le 2 juin.
Les Australiens ont loué deux hélicoptères Puma auprès d’une société privée sud-africaine et le gouvernement canadien en a envoyé quatre d’Ukraine.
Des signes de progrès
Des signes de progrès ont néanmoins été observés sur le plan de l’accès, puisque davantage de secours peuvent désormais être acheminés dans les régions dévastées par le cyclone.
Le 2 juin, 8 500 tonnes d’aide alimentaire, une quantité suffisante pour nourrir quelque 750 000 personnes, ont été expédiées par le PAM.
L’agence a également indiqué qu’elle collaborait avec 45 organisations partenaires, qu’elle avait 70 employés internationaux dont 36 ont obtenu des visas pour pouvoir opérer dans le pays, et qu’elle avait expédié 21 cargaisons de secours depuis le passage de Nargis.
En outre, toutes les organisations ont déclaré que les populations et les organismes locaux avaient joué un rôle essentiel dans la distribution des secours.
Même ces avancées ont néanmoins été entravées par une bureaucratie constante, les travailleurs humanitaires étant tenus de demander la permission du gouvernement chaque fois qu’ils se rendent dans le delta.
Accès à toutes les régions pour MSF
Médecins sans frontières (MSF) est l’un des rares organisations de secours à avoir pu obtenir un accès sans entrave au delta et ses équipes ont commencé à y opérer peu après le passage du cyclone.
« Lorsque le cyclone s’est abattu sur le pays, nous n’avons fait aucune évaluation. Nous avons entendu dire que l’ampleur de la destruction était telle que ce serait une perte de temps », a expliqué Frank Smithuis, directeur national de MSF au Myanmar.
MSF a immédiatement affecté 25 pour cent de son personnel à l’aide d’urgence, et a pu ouvrir des stations de secours dans toutes les régions du delta. « Nous avions dès le départ une importante base d’opération : nous avions plus de 1 200 employés [locaux] et 30 expatriés avant le cyclone », a indiqué M. Smithuis.
Au début, les déplacements du personnel de MSF étaient soumis à des restrictions, mais il y a deux semaines, l’agence a obtenu un accès sans entrave à toutes les régions.
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« Vous demandez à un général, il vous dit non, vous demandez à un autre, il vous dit non, mais si vous demandez à un troisième, il dira peut-être oui », a ajouté M. Smithuis.
Parallèlement, la marine américaine a annoncé qu’elle retirait quatre de ses navires, chargés d’hélicoptères, de péniches de débarquement et de matériel d’urgence, après avoir tenté en vain, à maintes reprises, de convaincre la junte birmane d’autoriser leur entrée dans le pays.
En outre, des organisations ont rapporté que le navire de la marine française, qui s’est également vu refuser l’autorisation d’opérer au Myanmar, avait déchargé 400 000 tonnes de riz dans le sud de la Thaïlande, avant de prendre le large.
Le PAM s’est dit consterné d’apprendre que l’armée n’avait pas été autorisée à envoyer des hélicoptères de secours.
« La ressource la plus importante offerte par ces navires de la marine était les hélicoptères. C’est vraiment regrettable », a déploré M. Risley.
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