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L’insécurité fait fuir les financements anti-sida de Karamoja

Frances Otim, qui vit à Kotido, un centre urbain de la région de Karamoja, dans le nord-est de l’Ouganda, n’utilise pas de préservatifs parce qu’il ne sait pas comment s’en servir, et ne dort pas sous une moustiquaire parce que celle qu’il avait est déchirée.

Pour la plupart des adultes, le paludisme n’est pas mortel, mais pour les personnes qui vivent avec le VIH, une forte crise de paludisme entraîne une augmentation de la charge virale –la quantité de virus présente dans le sang. Ceci à son tour accroît le risque pour le partenaire sexuel de contracter le virus.

« J’ai eu une crise de paludisme la semaine dernière », a dit à IRIN/PlusNews M. Otim, qui vit avec le VIH, alors qu’il se trouvait dans la chapelle du Centre de santé de Kotido.

« Nous devons informer [les gens] sur les préservatifs », a plaidé Patience Ajok, la coordinatrice de programme du centre.

Elle aimerait bien pouvoir le faire, de même que de nombreuses autres activités liées à la prévention et au traitement du VIH, mais elle est limitée par un budget famélique et un manque de personnel. « Le nombre de patients [séropositifs] augmente, mais pas le personnel et les financements ».

Les Karimojong, le principal groupe ethnique de la région, sont des guerriers qui ont résisté au changement et se sont accrochés à leurs traditions. Des qualités considérées comme étant en partie responsable du taux de prévalence du VIH, évalué à environ 4,5 pour cent. Selon le ministère de la Santé, ce taux est relativement bas comparé au reste du pays, mais il augmente aussi plus vite qu’ailleurs en Ouganda.

La plupart des organisations humanitaires fonctionnent seulement avec des personnels essentiels sur le terrain, en raison de l’insécurité qui prévaut dans la région –les vols de bétails entre communautés sont monnaie courante, et de plus en plus meurtrières avec l’introduction d’armes modernes- tandis que les difficultés de déplacement d’un district à l’autre obligent les organisations non gouvernementales à gérer de loin leurs programmes à Karamoja, ou même à éviter la région.

Capacités limitées

Les agences travaillant à Karamoja ont tendance à classer la région dans la catégorie des ‘urgences’, ce qui signifie qu’elle peut recevoir une aide d’urgence, mais pas nécessairement une assistance au développement.

Des responsables de l’agence internationale Oxfam ont dit à IRIN/PlusNews qu’ils hésitaient à allouer davantage de ressources à Karamoja tant que la région n’était pas stabilisée, et tant que le gouvernement ougandais n’avait pas démontré sa volonté politique en apportant un soutien au développement de la région.

« Nous ne pouvons pas investir plus d’argent en raison des capacités limitées d’absorption. De grosses sommes d’argent peuvent être injectées à Karamoja, mais si aucune infrastructure ou politique favorable n’est mise en place, alors les possibilités sont limitées », a dit Savio Carvalho, responsable des programmes d’Oxfam en Ouganda. « Il faut définir un cadre ».

Sans ce cadre, des personnes comme M. Otim ne seront probablement pas informées de sitôt sur les préservatifs et les risques liés au paludisme.

Le docteur James Lemukol travaille à l’hôpital de Matany, une localité du district de Moroto, où il n’y a que quelques médecins, a-t-il dit. A l’hôpital principal de Moroto, il n’y a même pas un seul médecin –à peine un dentiste.

Mulongo Muchala, neuf ans, est prise en charge par une de ses soeurs aînée depuis que leurs parents sont morts, mais elle ne peut pas beaucoup l’aider. Auparavant, elle obtenait des médicaments, des rations alimentaires et d’autres produits grâce au centre de santé de Kotido, mais une récente réorientation des financements a rendu cette assistance difficile.

L’International rescue committee (IRC), une organisation non gouvernementale, comptait sur les financements d’une plus grosse ONG d’aide à l’enfance pour soutenir les patients du centre de Kotido, mais l’agence donatrice a récemment décidé de réorienter ses fonds VIH/SIDA pour se concentrer en premier lieu sur la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant dans la région.

La conséquence est que Mulongo a faim. Lorsqu’IRIN/PlusNews a visité le centre, elle n’avait pas mangé depuis la veille. Cela est particulièrement problématique dans la mesure où la thérapie antirétrovirale qu’elle prend depuis deux ans nécessite d’avoir un régime alimentaire sain et équilibré.

Le centre suit 530 patients séropositifs et fait de la sensibilisation, du conseil et du dépistage volontaire pour des centaines de personnes chaque mois. Mais au cours de la dernière année, seuls 20 femmes enceintes séropositives ont donné naissance à leur enfant au centre et ont donc bénéficié de la réorientation budgétaire.

D’après le personnel de l’IRC, le programme pourrait gagner à être élargi. « Nous [avec les partenaires stratégiques] avons des objectifs communs, mais les leurs sont plus restreints », a dit Karen Poole, directrice adjointe des programmes d’IRC.

« Quelque chose est mieux que rien –et pour Karamoja, nous n’allons pas rejeter la possibilité d’aider des gens- mais dans un monde idéal, nous devrions faire un programme de lutte contre le VIH/SIDA beaucoup plus complet ».

gg/kr/kn/he/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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