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Vivre avec une fistule

Sur 600 femmes victimes de viols interrogées récemment par une organisation non-gouvernementale (ONG) libérienne, 90 pour cent souffraient de fistules, une déchirure du tissu vaginal qui s’accompagne d’une incontinence et fait l’objet d’une stigmatisation sociale.

Selon les travailleurs humanitaires, cette statistique fournie par le Women of Liberia Peace Network (WOLPNET) à partir d’enquêtes menées en avril 2008, traduit l’effrayante prévalence des cas de viol et d’un phénomène que les responsables médicaux libériens disent n’avoir guère les moyens de gérer.

« Ces femmes vivent avec une lésion grave et ne sont pas soignées », a résumé Una Thompson, directrice de WOLPNET. Selon les travailleurs de la santé locaux, deux types de fistule sont courants au Liberia. Le premier porte le nom de fistule obstétricale : il s’agit d’une lésion vaginale causée par un accouchement difficile et prolongé.

Selon une enquête sanitaire récente, en moyenne 994 femmes meurent sur 100 000 accouchements, un taux supérieur aux estimations réalisées pendant la guerre civile au Liberia.

Selon les médecins, la cause de décès la plus courante est l’hémorragie vaginale qui suit l’accouchement. Pour certains travailleurs et responsables de la santé, toutefois, cette recrudescence est tout simplement la conséquence d’une collecte de données plus efficace.

D’autres affirment néanmoins que moins d’accouchements sont supervisés par des professionnels de la médecine qualifiés, moins nombreux depuis la fin de la guerre de 1990-2003, notamment en raison des migrations.

L’autre type de fistule courant au Liberia est la fistule gynécologique traumatique : il s’agit d’une lésion vaginale provoquée par une agression sexuelle violente ou par l’insertion forcée d’objets dans le vagin.

Les viols et autres crimes violents, notamment commis à l’encontre d’enfants, sont monnaie courante au Liberia, et la police et le système judiciaire se sont montrés peu efficaces pour mettre un terme à l’impunité dont jouissent leurs auteurs.

D’après le docteur John Mulbah, qui dirige la maternité du John F. Kennedy Hospital de Monrovia, principal hôpital de référence du Liberia, les ressources à sa disposition pour réparer ces dommages corporels sont limitées.

« Nous n’avons que cinq employés formés à administrer un traitement contre les fistules et tous exercent à Monrovia [la capitale] », a-t-il expliqué à IRIN. « Le service ne dispose que de 30 lits […] notre centre est submergé de patientes et certaines doivent attendre longtemps avant qu’on s’occupe d’elles ».

Le service a été créé en février 2007, à la suite d’une enquête, financée par les Nations Unies, et qui a permis de localiser 351 femmes souffrant de fistules dans les régions rurales du Liberia.

Le service est financé à 100 pour cent par les bailleurs de fonds internationaux, et non par le gouvernement, a indiqué le docteur Mulbah.

« Les médicaments et le matériel, ainsi que l’unique véhicule qui permet de mener des programmes de proximité dans les régions rurales du pays ont été fournis par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Au centre, le traitement est gratuit », a ajouté le docteur Mulbah.

Selon Walter Gwenigale, le ministre libérien de la Santé, le transport des patientes souffrant de fistules des régions rurales jusqu’à Monrovia, où elles sont soignées, est une contrainte qui fait obstacle à l’expansion du traitement.

« Amener ces patientes à Monrovia demande des fonds. Nous sommes conscients qu’il y a de nombreux cas de fistules dans l’arrière-pays, mais le budget national consacré à la santé au Liberia est d’à peine 11 millions de dollars, ce qui est tout à fait insuffisant pour traiter tous les problèmes de santé », a ajouté M. Gwenigale.

ak/nr/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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