Ram Bahadur Raji avait 14 ans lorsqu’il a choisi d’être pêcheur pour aider son père à nourrir leur famille et leurs proches parents. Il est aujourd’hui âgé de 57 ans, mais sa famille rencontre toujours les mêmes difficultés qu’il y a quatre décennies.
« Il n’y a pas de gouvernement pour s’occuper de nous. Beaucoup de politiciens sont venus nous promettre de nous aider, mais ils ont toujours disparu après », a déploré M. Raji, qui vit à Chinchu, un village isolé du district de Surkhet, à environ 600 kilomètres au nord-ouest de Katmandou.
D’après les derniers recensements de la population, la communauté des Rajis, qui comptait 3 274 membres en 1991, n’en comptait plus que 2 399 en 2001.
Des milliers de familles rajies vivent d’activités traditionnelles comme la pêche et la chasse en forêt, selon la Nepal Federation of Indigenous Nationalities (NEFIN), une organisation nationale de populations autochtones à l’avant-garde du mouvement identitaire du pays.
Selon les représentants de la NEFIN, la communauté des Rajis fait partie des groupes autochtones les plus retardés et les plus défavorisés d’un point de vue économique. Bon nombre d’entre eux sont partis s’installer en Inde ou vivent éparpillés à travers le pays pour tenter de gagner leur vie. Selon certains experts, l’absence d’études sur cette communauté explique qu’il n’ait pas été possible de se pencher sur leurs problèmes.
La plupart des familles de la communauté des Rajis vivent dans la région centre-ouest (dans les collines ou les plaines fertiles du sud). Elles se sont installées sur les collines des districts de Surkhet, Kailali et Accham, et dans les plaines de Dang et Bardiya, dans la région de Terai.
Selon la NEFIN, environ 90 pour cent des Rajis ont dû quitter leurs terres ancestrales et vivent dans une extrême pauvreté. Il y a quelques décennies, les familles de la communauté des Rajis possédaient de vastes terres, mais au fil des années, celles-ci leur ont été confisquées par des groupes très influents sur la scène politique, a indiqué l’organisation. Environ 82 pour cent des Rajis sont analphabètes.
Les familles instruites ou membres de la caste supérieure qui vivent aux côtés des membres de la communauté des Rajis, à Surkhet, ont confié à IRIN que ces populations souffraient souvent de l’insécurité alimentaire, d’un manque d’éducation et d’une arriération sociale.
Photo: Rudra Khadka/IRIN |
Les Rajis sont extrêmement pauvres et ont désespérément besoin d'aide |
Selon le bureau de la Fédération luthérienne mondiale (LWF) à Nepalgunj, une localité située à environ 500 kilomètres au sud-ouest de Katmandou, la condition des Rajis nécessite une attention et une aide immédiates.
« Je passe plus de 14 heures par jour à pêcher et je n’arrive pas à trouver assez de nourriture pour ma femme et mes enfants », a déploré Indrabahadur Raji, qui envisage d’envoyer ses enfants en Inde pour qu’ils trouvent un emploi. « Je souhaite qu’ils ne reviennent jamais ici, même après ma mort », a-t-il ajouté.
La plupart des familles n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école. « Même lorsqu’ils sont scolarisés, les enfants abandonnent l’école avant d’avoir atteint la classe de CM2 puisqu’ils doivent participer aux travaux ménagers », a indiqué M. Raji.
Environ 150 membres de la communauté des Rajis vivent à Ghatgaun, un village isolé du district de Surkhet, mais seul un d’entre eux a terminé son cursus scolaire. Bon nombre d’entre eux n’ont ni certificat de nationalité ni acte de naissance, a fait remarquer M. Raji.
« La plupart des Rajis ne connaissent ni leur âge, ni leur date de naissance », a affirmé un fonctionnaire local qui a requis l’anonymat. Les autorités locales veulent bien aider cette communauté, mais elles n’en ont pas les moyens.
« Il faudrait une couverture médiatique de cette communauté et de leurs conditions de vie pour que les organisations humanitaires puissent leur venir en aide », a souligné le fonctionnaire.
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