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« Votre vie est ce que vous en faites »

Devote Barajenguye enseigne dans une école secondaire du Burundi et est mère de deux adolescents. Après avoir perdu son mari d’infections liées au sida et découvert sa propre séropositivité, elle a décidé de ne pas s'apitoyer sur son sort et d’encourager plutôt les autres personnes vivant avec le virus à faire preuve d’un plus grand optimisme.

« Lorsque j’ai appris ma séropositivité en 1999, je ne peux pas dire que j’étais heureuse – bien sûr que non. Personne ne peut se réjouir d’une aussi mauvaise nouvelle, mais j’ai ressenti un réel soulagement. J’ai vécu tant d’années dans l’angoisse et la peur, me demandant ce que la vie me réservait si j’étais séropositive, ce que mes enfants allaient devenir.

« Lorsqu’on m’a annoncé la nouvelle, je n’arrivais pas à fermer l’oeil de la nuit, je buvais pour oublier, j’en voulais au bon Dieu de m’avoir réservé un tel sort. Mais au moins, je savais, il n’y avait plus de spéculation.

« Un médecin avait conseillé à mon mari de subir un test de dépistage du VIH, mais nous nous étions demandés à quoi bon ... car à l’époque, il était impossible de se procurer des médicaments antirétroviraux [ARV], ils étaient trop chers ou il était impossible de s’en procurer gratuitement comme aujourd’hui. De plus, la stigmatisation entourant le VIH était très importante.

« Toutefois, quand il a commencé à développer des infections opportunistes, il a décidé de subir un test – il n’y avait aucun autre choix. Mais il était déjà trop tard et il est décédé en 2001. J’étais en état de choc. C’est peut-être à ce moment là que j’ai eu la force de réagir, que j’ai décidé que ce serait différent pour moi. Dans ma vie, j’ai toujours été une personne ouverte, positive. J’ai décidé d’utiliser ces qualités pour vivre positivement malgré ma séropositivité.

« Pour commencer, j’ai parlé à mes enfants de la maladie de leur père et de mon statut sérologique. Ils étaient déjà au courant. Les gens parlent beaucoup, surtout lorsqu’il s’agit de la séropositivité des autres. J’ai réalisé que les enfants avaient changé de comportements, veillant à ne pas m’énerver, par exemple.

« Puis, j’ai informé ma famille, mes amis, mes collègues et mêmes mes voisins. Je leur ai dit de ne pas s’inquiéter à mon sujet, que j’étais là et que je comptais y rester. Je plaisantais avec eux, leur disant que j’aurais même pas besoin de médicaments.

« Et c’est vrai. Je subis régulièrement des contrôles médicaux et je n’ai toujours pas besoin de médicaments. En parlant ouvertement de ma séropositivité, j’étais convaincue que personne n’allait parler dans mon dos, que tout le monde était au courant.

« Lorsque j’ai rejoint l’association de soutien pour personnes séropositives, j’ai rencontré des gens dans un très mauvais état, presque en phase terminale… Je me suis rendu compte que j’étais bénie.

« J’ai décidé de les aider autant que je le pouvais. Nous nous rencontrions régulièrement et j’utilisais des chansons, des danses et des plaisanteries afin de les aider à retrouver le sourire. Je leur rappelais qu’elles n’étaient pas mortes même si les autres le pensaient.

« J’ai essayé de changer leur point de vue sur la maladie. Je leur disais : ‘votre vie est ce que vous en faites, si vous êtes toujours stressés et vivez dans la peur, cela aura des répercussions sur votre système immunitaire.’

« Beaucoup de personnes se plaignaient des effets secondaires des ARV, c’est pourquoi j’ai décidé d’organiser des activités sportives ‘douces’, comme la marche ou autres exercices physiques. Elles se réjouissent des résultats, et le plus important, elles ont compris que le sport était pour tout le monde, y compris pour les personnes séropositives.

« Le fait que je parle ouvertement de ma séropositivité, témoignant à la radio et lors de conférences, a incité de nombreuses personnes à me demander conseils. Maintenant, il arrive que des gens me réveillent pour savoir comment obtenir des médicaments ou comment un de leurs proches peut connaître son statut sérologique.

« Lorsque je vois qu’une personne dont les jours sont comptés recommence à travailler, à sourire et à reprendre espoir, je me sens récompensée. J’ai également fondé un club VIH/SIDA à l’école, où les élèves acquièrent les connaissances de base en matière de VIH/SIDA, étant donné qu’il leur est difficile d’obtenir des informations auprès de leur famille. Nous leur projetons des films pédagogiques, nous invitons des personnes à témoigner de leur expérience, etc.

« Je pense que le VIH est une maladie qui fait peur, mais tout dépend de la personne, de la manière dont on considère la maladie. Je n’ai pas changé ma façon de vivre, ni ma façon de voir la vie. »

jb/kr/he/cd/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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