Les centres médicaux et les services d’urgence du Liban fonctionnent actuellement à la limite de leur capacité pour faire face à la recrudescence des violences politiques, dans un pays toujours plongé dans l’impasse politique.
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Le 25 janvier à 10 heures, l’explosion spectaculaire d’une voiture piégée sous une autoroute très fréquentée menant à Beyrouth-Est a tué au moins sept personnes, dont un officier supérieur de la police, et fait au moins 30 blessés.
L’explosion – filmée par les caméras de surveillance de l’hôpital Mont Liban – a mis le feu à une zone de stationnement située à proximité et à une passerelle de l’autoroute, projetant des corps déchiquetés dans les airs et d’énormes éclats de métal sur les passants.
Selon le docteur Nazih Gharios, directeur de l’hôpital Mont Liban, où plus d’une dizaine de blessés ont été conduits, ces attentats sollicitent lourdement les ressources de son hôpital.
« Nous avons tout à fait les capacités nécessaires et sommes prêts à faire face aux urgences. Mais le problème se pose lorsque, en l’espace de 15 minutes, nous recevons 15 a 20 blessés », a-t-il affirmé.
Trois patients ont été gravement blessés et doivent subir des interventions chirurgicales d’urgence : l’un a reçu des éclats d’obus à l’abdomen ; l’autre souffre de blessures à la tête ; et le troisième d’une fracture des deux jambes.
Assurance maladie
Au Liban, le système de santé est privatisé, ce qui oblige les Libanais à souscrire une assurance maladie privée. Pour les nombreuses personnes qui n’ont pas les moyens de souscrire une assurance, l’Etat prend en charge leurs frais de santé, mais couvre rarement les opérations onéreuses qui coûtent plusieurs milliers de dollars.
Dans le cas d’attentats comme celui du 25 janvier, les soins médicaux des victimes sont couverts par un fonds géré par le ministère de la Santé.
Mais à en croire M. Gharios, l’Etat rembourse rarement aux hôpitaux - comme le sien – l’intégralité des sommes dues pour les prestations médicales fournies.
« Le gouvernement ne paie que dans environ 30 pour cent des cas », a-t-il affirmé.
Photo: Hugh Macleod/IRIN |
Tony Eid observe de loin le lieu de l'explosion du 25 janvier dans laquelle il a perdu son beau-frère. Les bénévoles de la Croix-Rouge étaient sur les lieux en quelques minutes |
Premiers secouristes
La privatisation des soins de santé touche aussi les services des urgences. Ainsi, le 25 janvier, alors que l’armée et les forces de défense civile se trouvaient sur les lieux de l’attentat, moins de 10 minutes après l’explosion, ce sont les bénévoles de la Croix-Rouge libanaise (CRL) qui ont été les premiers à venir en aide aux victimes.
La CRL a dépêché 11 ambulances et 50 secouristes sur les lieux de l’attentat, a évacué les morts et les personnes gravement blessées vers l’hôpital, et a prodigué les premiers soins sur place.
« Nos équipes sont bien entraînées pour répondre aux situations d’urgence », a expliqué Khaled Ayoubi, porte-parole de la CRL.
La CRL, qui compte 6 000 bénévoles dans tout le pays, dispose de quatre centres de secours d’urgence à Beyrouth. Les secouristes ont souvent mis leur vie en danger pendant la guerre de juillet 2006, et plus récemment, pendant le conflit de l’été dernier, dans le camp palestinien de Nahr al-Bared, dans le nord du Liban.
Pour Roula Zaha Gharios, chef de service à l’hôpital Mont Liban, le gouvernement doit jouer un rôle plus important dans la prestation des services d’urgence.
« La qualité des soins de santé est excellente, mais nous ne disposons pas de services d’urgence bien développés », a-t-elle fait remarquer. « Le lieu d’un attentat est toujours chaotique et les ambulances ont des difficultés à évacuer les victimes. Le gouvernement devrait mettre sur pied une commission chargée des secours d’urgence ».
Après l’attentat de septembre 2007, qui a causé la mort du député Antoine Ghanem et fait plusieurs blessés, dont la plupart ont été soignés à l’hôpital Mont Liban, les autorités de l’hôpital ont mis sur pied un nouveau plan d’intervention d’urgence exigeant notamment de tous les membres du personnel médical qu’ils se présentent immédiatement au travail, sans attendre d’être contactés par téléphone ; en effet, après un attentat, les réseaux de téléphonie mobile sont souvent brouillés.
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