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Des incidents font ressurgir le problème de la pénurie d’eau

Des milliers de Jordaniens ont été hospitalisés au cours des derniers mois pour des maladies liées à la pollution de l’eau dans les villages et villes du royaume. Mais pour certains experts, le pire est à venir si une solution durable n’est pas trouvée pour mettre fin à la pénurie d’eau dans le pays.

Le récent incident s’est produit dans un camp de réfugiés près d’Irbid, à quelque 120 kilomètres au nord d’Amman, la capitale. Des résidents du camp ont affirmé à IRIN que l’eau du robinet était devenue jaunâtre et qu’ils craignaient pour leur santé.

« Nous ne savons pas ce que nous buvons, mais ce qui est sûr c’est que cette eau n’est pas pure », a expliqué Mahmud Abdullah, un chauffeur travaillant dans le marché aux légumes du camp.

Les autorités ont immédiatement ordonné la fermeture des systèmes d’approvisionnement en eau après que des experts eurent constaté que l’eau avait été polluée par des eaux d’égout.

En juillet 2006, un millier d’habitants d’un village proche de la ville de Mafraq (nord) avaient été hospitalisés parce qu’ils souffraient de diarrhée aigüe et de forte fièvre causées par le cryptosporidium, un parasite, qui selon les spécialistes, aurait été trouvé dans le réseau local de distribution d’eau. Les investigations menées avaient révélé que la vétusté des installations du réseau de distribution de l’eau était à l’origine de la maladie.

Le 28 octobre, à Sakib, une ville proche de la cité romaine de Jerash, au moins 400 personnes se plaignant des mêmes symptômes ont été conduites à l’hôpital. Les autorités ont alors tenté d’accuser un petit restaurant local d’avoir vendu de la nourriture avariée, mais les habitants ont soutenu que l’eau polluée était la cause de leur maladie.

La Jordanie est l’un des pays ayant les plus faibles ressources en eau au monde. Un Jordanien consomme en moyenne 170 cm3 d’eau par jour, contre 1 000 cm3 pour un citoyen d’un pays riche en eau. Avec un territoire couvert à 92 pour cent par le désert, la Jordanie utilise des sources d’eau souterraine pour approvisionner ses 5,6 millions d’habitants.

En outre, la vétusté des installations du réseau de distribution d’eau et la surexploitation de quelque 2 000 puits, dont près de la moitié ont été construits illégalement, contribuent à exacerber le problème.

D’après les estimations du ministère de l’Eau et de l’irrigation, les nombreuses fuites sur les installations du réseau de distribution d’eau lui font perdre au moins 45 pour cent de sa capacité.

Le gouvernement applique actuellement un programme très strict de rationalisation de l’eau, et n’assure une distribution d’eau aux ménages qu’une à deux fois par semaine.

Contamination

Selon certains experts, la vétusté des installations du réseau de distribution d’eau et le pompage irrégulier de l’eau sont les principales causes de ces maladies hydriques.

« Lorsque l’eau est pompée dans des installations présentant des fuites, une grande quantité d’eau revient dans les réservoirs du réseau de distribution après le pompage, et l’eau ainsi réinjectée contient des bactéries et d’autres sources susceptibles de provoquer des maladies », a expliqué Salameh Hiari, expert hydraulique à l’université de Jordanie.

Un pompage plus régulier de l’eau aurait permis de prévenir une telle contamination, car l’eau polluée n’aurait pas été réinjectée dans le réseau de distribution en raison de la pression dans les tuyaux, a-t-il expliqué.


Photo: Google Maps
Carte de la Jordanie et de la région environnante montrant la ville Desi Aquifer et le projet de la Mer Rouge
Des projets hydrauliques

Selon M. Hiari, le seul moyen de mettre fin à cette situation désagréable est de réfectionner les installations du réseau de distribution d’eau et de trouver une source d’eau permanente.

Le gouvernement a un ambitieux projet de pompage d’eau de Disi Aquifer, dans le sud, à Amman. Ce projet permettra d’acheminer jusqu’à Amman de l’eau pompée à partir d’une source souterraine située sous les montagnes de Wadi Rum, à quelque 300 kilomètres de la capitale, et de la vendre à un prix abordable aux habitants ».

Mais ce projet n’en est qu’à ses débuts. Les études montrent qu’il faudra au moins cinq années pour le réaliser. Selon Hazzem Nasser, ancien ministre de l’Eau, le projet n’est pas pratique et son coût serait bien trop élevé.

Un autre projet envisageait de relier la Mer Morte à la Mer Rouge par un canal de 250 kilomètres et de construire une station de désalinisation. Pour les autorités du ministère de l’Eau, ce projet est la seule solution viable pour mettre fin à la pénurie d’eau.

Une étude de faisabilité, financée par la Banque mondiale, est menée actuellement par un consortium international ; elle permettra de déterminer la faisabilité de ce projet de cinq milliards de dollars et son impact sur l’environnement.

« Nous ne baisserons pas les bras tant que le projet du canal de la Mer Morte ne sera pas réalisé ; mais en raison des ressources financières limitées de la Jordanie, nous ne pourrons pas mettre fin à cette situation désastreuse sans l’aide de la communauté internationale », a poursuivi M. Hiari.

L’afflux de réfugiés, la cause principale

Pour certains représentants du ministère de l’Eau et de l’irrigation c’est « la croissance démographique subite » qui est responsable de la diminution des réserves d’eau.

« La réfection des installations du réseau de distribution d’eau nécessite des financements de la communauté internationale »
« Les installations du réseau de distribution d’eau avaient été prévues pour faire face à une croissance démographique normale, mais l’afflux soudain de réfugiés venus d’Irak a été préjudiciable au réseau de distribution d’eau », a expliqué Nael Zu'bi, un porte-parole du ministère de l’Eau.

La Jordanie a accueilli près de 500 000 réfugiés irakiens. Au cours des 15 dernières années, plus de 1,5 million de Palestiniens et d’Irakiens se sont réfugiés en Jordanie – après l’invasion par l’Irak du Koweït d’abord, puis après la chute du régime de Saddam Hussein.

Depuis les cinq dernières années, le gouvernement tente de réfectionner les installations du réseau de distribution d’eau, a affirmé M. Zu'bi : près de 270 millions de dollars ont été investis dans la réfection du réseau de distribution d’Amman et 150 millions supplémentaires ont été consacrés à des projets d’adduction d’eau dans d’autres régions.

« La réfection des installations du réseau de distribution d’eau nécessite des financements de la communauté internationale ; elle a le devoir de nous aider », a souligné M. Zu'bi, ajoutant que le royaume avait besoin de 1,2 milliard de dollars pour réfectionner l’ensemble du réseau.

mbh/ar/cb/ads/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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