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Les coopératives à la rescousse des producteurs de vanille

Devant la dégringolade des prix de la vanille, créer des coopératives financières a permis à plusieurs milliers de producteurs de vanille du nord-est de Madagascar de maintenir la tête hors de l’eau.

Le prix de la vanille, principal produit d’exportation de cette île de l’océan Indien, diminue progressivement depuis 2003 ; cette année-là, l’épice avait atteint le prix record de 450 à 500 dollars le kilo, avant de tomber à 50 dollars le kilo au début de l’année 2005, puis à environ 30 dollars le kilo en 2007.

La vanille est principalement produite dans la région fertile de la Sava, dans le nord-est, où quelque 70 pour cent de la population dépendent de cette épice, selon le Fonds international des Nations Unies pour le développement agricole (FIDA).

L’agence avait lancé le système des coopératives en 1998/99, à une époque où la vanille avoisinait son prix actuel.

« Les prix de la vanille fonctionnent selon un cycle de 10 ans ; nous voulions permettre aux petits paysans d’avoir un filet de sûreté au moment où le prix devait baisser », a expliqué Benoît Thierry, responsable des programmes du FIDA à Madagascar. « C’est sans doute la plus belle réussite du projet – avoir su lier la production et les ventes à un système d’épargne et de crédit ».

Dans le cadre du Programme d’amélioration et de développement agricoles du nord-est, trois types de coopératives ont été créés : pour faire en sorte que les paysans disposent d’un filet de sûreté financier ; pour leur permettre de se regrouper, ajouter de la valeur à leur vanille et les aider à la commercialiser ; et enfin pour leur permettre d’être parallèlement plus autosuffisants en matière de production rizicole, afin d’assurer leur sécurité alimentaire au cours de la saison sèche.

Avant la création des coopératives, les petits cultivateurs gaspillaient souvent leurs économies pour s’acheter des biens de consommation.

« Heureusement que le programme était en place lorsque les prix ont atteint leur niveau record, en 2003, car les paysans ont ainsi pu économiser ce qu’ils avaient gagné », a expliqué M. Thierry.

Cinq ans pour obtenir de la vanille

La vanille, seule orchidée fructifère, est une des cultures les plus consommatrices de main-d’œuvre du monde, et il faut compter pas moins de cinq ans entre la plantation et la production de l’extrait de vanille mature.

La production exige la participation de toute la famille, qui pollinise la vanille à la main lorsqu’elle fleurit (deux ans après la plantation), puis cueille, traite et sèche les gousses.

En plus de fournir aux paysans les fonds nécessaires pour se procurer des ressources agricoles, les coopératives financières leur permettent également d’obtenir des crédits au cours de la période de soudure, qui dure la plus grande partie de l’année, la vanille n’étant vendue qu’entre juin et octobre, a expliqué M. Thierry.

A ses débuts, le programme comptait environ 1 000 membres ; aujourd’hui, il compte 18 branches, 17 000 membres, 10 millions de dollars d’épargne et deux millions de prêts en cours.

Les cultivateurs ont également pu bénéficier de services financiers, par le biais d’un réseau d’unions de crédit. Outre la sécurité financière assurée par les unions de crédit, le projet s’est également efforcé d’assurer la sécurité alimentaire des paysans et de leurs familles au cours de la période de soudure.

« Le problème, c’était que la région de la Sava commençait à trop dépendre de cette culture d’exportation et que la production alimentaire était en diminution », a indiqué M. Thierry.

Le programme a permis de créer 150 coopératives rizicoles, chacune disposant de 10 à 30 hectares de terres, gérés par ses membres. « Cela permet de nourrir la région, surtout quand les prix de la vanille sont bas, comme c’est le cas en ce moment ».

Ajouter de la valeur

Les coopératives de producteurs de vanille, fortes de quelque 10 000 membres, ont permis aux paysans d’ajouter de la valeur à leur production et de la commercialiser plus avantageusement.

« Auparavant, la plupart des petits paysans vendaient leur vanille encore verte, juste après l’avoir cueillie », a observé M. Thierry. « Or, les gousses de vanille vertes ne restant pas fraîches longtemps, elles devaient être vendues immédiatement à bas prix, les acheteurs passant juste après la récolte pour se les procurer ».

Les coopératives ont également permis aux cultivateurs d’apprendre à préparer la vanille, ce qui leur a valu de multiplier leurs revenus par 10 et leur a donné « la liberté de choisir quand vendre ».

Les gousses de vanille sont préparées pour produire la vanilline, qui procure à la vanille sa saveur caractéristique. Dans le cadre de ce processus, les gousses sont bouillies, puis séchées lentement pendant trois ou quatre mois, jusqu’à ce qu’elles deviennent souples et arborent une couleur brun foncé.

La plupart des petits paysans de Madagascar, où cette culture a été introduite au 19e siècle, vendent leurs gousses séchées à des acheteurs locaux au lieu d’extraire eux-mêmes l’essence de vanille.

Les prix records de 2003 ont encouragé d’autres pays, tels que la Papouasie Nouvelle-Guinée, l’Ouganda, l’Inde, le Costa Rica et la Colombie, à se lancer dans la culture de la vanille, une concurrence qui a pénalisé les paysans de Madagascar.

Pour M. Thierry, « l’avenir repose sur la création de marchés de niche autour de la vanille biologique, et sur l’introduction d’un certificat international de commerce équitable, qui vise à garantir de meilleurs revenus aux petits producteurs de divers produits ».

jk/he/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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