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Crise humanitaire dans la région Somali – Nations Unies

En Ethiopie, la situation humanitaire et les droits humains suscitent des préoccupations de plus en plus vives dans la région Somali, où 1,8 million de personnes risquent d’être touchées par la crise à moins que des mesures ne soient prises rapidement pour y remédier, selon les Nations Unies.

« Nous allons assister au développement d’une crise majeure au cours du mois qui vient, à moins que le commerce et l’exportation de bétail, les distributions alimentaires commerciales et humanitaires, et les soins de santé d’urgence ne reprennent, et que les prestataires de services publics et les partenaires humanitaires ne puissent de nouveau [se rendre dans la région] », a déclaré Paul Hebert, directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Ethiopie, dans un rapport publié le 5 octobre. M. Hebert a mené une mission dans la région Somali entre le 30 août et le 5 septembre.

En attendant, les mesures législatives prises aux Etats-Unis en vue de suspendre l’aide versée à l’Ethiopie ont peu de chances d’avoir un impact spectaculaire sur les politiques internes dans le pays, selon un analyste exerçant dans une éminente cellule de réflexion.

« Cela aura quelques répercussions limitées », a déclaré Tom Cargill de Chatham House, à propos de l’Ethiopia Democracy and Accountability Act [Acte pour la démocratie et la responsabilité en Ethiopie], approuvé par la Chambre des députés, mais qui doit encore être soumis à l’approbation du Sénat ou du président George W. Bush.

« Il revêt un caractère symbolique important car il montre que les Etats-Unis concentrent toute une gamme de points de vue au sujet de l’Ethiopie ; c’est ainsi que nous devrions l’interpréter, ni plus ni moins ».

Si le projet de loi était approuvé, les Etats-Unis pourraient suspendre leur aide militaire à l’Ethiopie et imposer des restrictions de circulation à certains responsables du gouvernement à moins qu’Addis-Abeba ne libère « les prisonniers politiques » et les personnes incarcérées sans jugement, ne poursuive en justice les responsables « impliqués dans la mise à mort illégale de manifestants » après les élections de mai 2005, et n’assure l’indépendance du pouvoir judiciaire et de la presse.

Les aides humanitaire et alimentaire, le soutien à la lutte contre le VIH/SIDA et autres aides en matière de santé, accordées par les Etats-Unis, ne seraient pas concernées par cette législation.

Un lien « unique »

Pour M. Cargill, le projet de loi a peu de chances d’être adopté. « Le lien entre l’Ethiopie et l’Amérique est tellement important », a-t-il déclaré. « La question est de savoir si l’Ethiopie a plus besoin de l’Amérique que l’Amérique a besoin de l’Ethiopie ».


Photo: IRIN
Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a violemment critiqué le projet de loi
En effet, l’Ethiopie est un des principaux alliés de l’Amérique dans la lutte contre le terrorisme international.

Le Premier ministre Meles Zenawi a violemment critiqué le projet de loi : « C’est une décision injuste. Elle résulte d’une vendetta », a-t-il déclaré à la presse à Addis-Abeba, le 4 octobre. « Nos relations avec les Etats-Unis sont excellentes, j’espère qu’elles vont le rester. Mais c’est donnant, donnant », a-t-il ajouté.

La législation a malgré tout été favorablement accueillie par certains éléments de l’opposition éthiopienne.

« La Chambre des députés américains a montré que l’exécution de la guerre mondiale contre le terrorisme n’était pas incompatible avec la ferme promotion des droits humains et de la démocratie », a indiqué le Front de libération nationale de l’Ogaden (FNLO), un groupe armé qualifié d’organisation « terroriste » par les autorités éthiopiennes.

Les affrontements entre le FNLO et les forces du gouvernement dans la région Somali sont la cause principale de la crise humanitaire qui touche cette zone.

Crise alimentaire

« La situation humanitaire s’est considérablement dégradée dans les zones de conflit, ces derniers mois », selon OCHA.

« Le statut nutritionnel de la population va rapidement s’aggraver en deux ou trois mois si les produits alimentaires commerciaux continuent de n’être disponibles qu’en quantités limitées », selon le rapport, dans lequel on peut également lire que le prix des produits alimentaires à Ogaden a déjà presque doublé.

La mission conjointe a également appelé à l’ouverture d’une enquête indépendante sur les allégations de « sérieuses violations des droits humains » dans l’Ogaden.

Human Rights Watch (HRW) a indiqué, dans une déclaration à l’adresse du Comité des affaires étrangères de la chambre des députés américains, que le gouvernement était tout aussi responsable que les rebelles des atrocités commises dans cette région reculée.

« Personne n’a les mains propres dans les rangs des parties belligérantes du conflit de l’Ogaden », a estimé l’organisation Human Rights Watch, ajoutant qu’elle avait recensé divers cas de violences graves commises à l’encontre de civils, et notamment des exécutions sommaires perpétrées par le FNLO. « L’armée éthiopienne a elle aussi commis des atrocités et violé les règles élémentaires de la guerre de manière systématique », a-t-elle noté.

Selon HRW, les civils de l’Ogaden sont volontairement pris pour cibles et les villages délibérément incendiés dans le cadre d’une campagne de sanction collective ; quant aux exécutions publiques, aux violences sexuelles, aux arrestations arbitraires et à la torture d’individus détenus par l’armée, elles sont monnaie courante, et obligent des centaines de milliers de personnes à fuir.

Préoccupations de sécurité

« Nous reconnaissons que les préoccupations de sécurité nationales et régionales de l’Ethiopie sont légitimes et sérieuses et que toutes les parties belligérantes portent une part de responsabilité dans les atrocités commises à l’encontre des civils », a déclaré Sam Zafiri de HRW. « Néanmoins, rien ne justifie les violations graves auxquelles nous assistons actuellement dans l’Ogaden ».

A Washington, Jendayi Frazer, la secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines au sein du gouvernement américain, qui s’est récemment rendue dans la région Somali, a elle aussi expliqué au comité que tous les camps avaient contribué à la situation déplorable des populations civiles de la région.

« Malheureusement, les actions des groupes rebelles, des extrémistes et des soldats du gouvernement ont eu des conséquences humanitaires graves sur les populations civiles de la région », a-t-elle indiqué. « Le défi pour le [gouvernement] et les partenaires internationaux consistera à atténuer l’impact de ces événements sur les populations civiles ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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