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Conversations communautaires, pour ouvrir le débat sur le sida

Un programme connu sous le nom de ‘conversations communautaires’ aide peu à peu les populations traditionnellement conservatrices d’Ethiopie à s’ouvrir et à affronter la réalité du sida, y compris la nécessité d’accepter les personnes vivant avec le virus et de les traiter avec un plus grand respect.

Le projet a démarré en 2004 dans le sud du pays, sous la houlette du Programme des Nations Unies pour le développement et de l’organisation non gouvernementale locale Kembatti Mentti Gezzimma-Tope. Il s’est ensuite peu à peu élargi pour couvrir aujourd’hui la plupart des régions éthiopiennes.

Ce programme a pour objectif de favoriser le changement des perceptions sociales de questions comme les mutilations génitales des femmes, le VIH/SIDA, la contraception et les inégalités entre hommes et femmes.

« C’est la bonne méthode que de lancer le dialogue et de provoquer des discussions sur des thèmes et des préoccupations au sujet desquels les individus, les familles et les communautés ne sont habituellement pas à l’aise, à cause de la culture du silence et de la peur, ainsi que de la stigmatisation et de la discrimination », a affirmé à IRIN/PlusNews Ato Berhanu Legesse, un expert en conversations communautaires.

Durant les sessions de conversations, les participants sont encouragés à discuter ouvertement entre eux et à partager leurs expériences, y compris sur des sujets traditionnellement tabous.

Dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, Beletech Zelalem* a dit à IRIN/PlusNews comment les conversations communautaires l’avait aidée à se libérer du traumatisme d’une violente agression sexuelle subie quelques années auparavant.

« Il était assez tard et j’étais à quelques minutes de mon domicile quand un inconnu m’a attrapée par derrière, m’a poussée sur le côté et m’a violée », a-t-elle raconté.

Elle a gardé ce secret pendant plusieurs années, y compris vis-à-vis de son mari, mais vivait dans l’angoisse permanente que son violeur ait pu l’infecter au VIH et qu’elle ait pu le transmettre à son mari.

« Durant une session de conversations communautaires, en présence de mon mari, j’ai révélé mon secret à tout le monde », a-t-elle raconté. « A ma grande surprise, mon mari l’a pris positivement et nous avons fait un test [de dépistage du VIH], maintenant nous sommes soulagés de savoir que nous sommes séronégatifs ».

L’une des contributions les plus significatives de ces conversations est le changement d’attitude des populations vis-à-vis des membres de leur communauté affectés par le VIH/SIDA. La stigmatisation est tellement répandue dans certaines zones du pays que les proches des personnes qui sont mortes d’infections liées au sida sont obligés d’enterrer leurs morts sans le soutien de la communauté ou même des leaders religieux.

Debritu Kebede* a souffert de la stigmatisation et de la discrimination après que son mari est mort d’une infection liée au sida. Bien qu’elle n’ait jamais révélé son statut à ses voisins, sa soudaine perte de poids les a amenés à s’éloigner d’elle et à l’ostraciser.

« J’en avais marre de la haine et des insultes qu’on m’infligeait, j’ai même une fois perdu mon sang-froid et blessé un de mes voisins avec un gros bâton », a-t-elle raconté.

Elle a fini par recevoir des conseils et a ensuite été recrutée comme facilitatrice de conversations communautaires.

« Maintenant je vis positivement avec le virus... je partage mon expérience et je l’enseigne à mes voisins. Ils ont développé de la sympathie et de l’attention pour mes enfants et moi », a-t-elle dit.

D’après M. Legesse, les conversations communautaires constituent une bonne base pour traiter de ces problèmes.

« Dans un pays africain comme l’Ethiopie, où il y a une tradition bien établie et acceptée de s’asseoir ensemble pour régler les problèmes grâce à des moyens traditionnels, plutôt que des approches formelles et institutionnelles, une méthodologie telle que les conversations communautaires est celle qui devrait être promue et soutenue », a-t-il estimé.

Le gouvernement a identifié les conversations communautaires comme un outil essentiel de la stratégie de mobilisation sociale sur le VIH/SIDA, et prévoit de l’étendre à l’ensemble du pays.

* Les noms ont été changés

rm/kr/he/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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