1. Accueil
  2. Southern Africa
  3. Mozambique

Des meurtres mettent en lumière les brutalités policières

L’arrestation de trois inspecteurs de police en mai pour l’exécution de civils aggrave la réputation, déjà mauvaise, de la police de Maputo, la capitale du Mozambique.

Le 4 avril, les corps de trois hommes, chacun blessé à la tête par balles à plusieurs reprises à bout portant, ont été découverts sur un terrain de football situé près de la plage Costa do Sol, à Maputo.

Trois officiers de la police criminelle auraient avoué les meurtres, tout en affirmant que leurs supérieurs leur avaient donné l’ordre de les commettre.

« La police a eu l’occasion, à la suite des exécutions de Costa do Sol, de redorer son blason, parce qu’il ne fait aucun doute qu’il s’agissait d’une exécution », a expliqué à IRIN Custódio Duma, un avocat de la Ligue des droits humains du Mozambique (LDHM).

« Mais ils ne l’ont simplement pas saisie [l’occasion]. Au contraire, ils ont menti au public, ils ont tourné en ridicule le travail des journalistes, et le nôtre ; ils ont même tourné en ridicule les gens de Costa do Sol qui avaient été témoins des exécutions. Comment le public peut-il avoir confiance en la police ? », s’est-il interrogé.

En dépit des formations en droits humains et des augmentations de salaires, le maintien de l’ordre au Mozambique a très peu évolué ces 10 dernières années, selon la LDHM.

Les officiers de police ont souvent recours à la violence en premier ressort, un schéma comportemental qui trouve son origine dans les pratiques de maintien de l’ordre exercées sous le régime colonial portugais et pendant les 16 années de guerre civile qui ont suivi sa chute.

La LDHM a reçu un certain nombre d’appels de personnes vivant près du commissariat de police de Triunfo, lui-même situé près du terrain de football de Costa do Sol ; ces personnes ont dit avoir entendu des cris, provenant du commissariat, et poussés, semble-t-il, par des individus passés à tabac ou torturés.

Des représentants de la Ligue n’ont obtenu l’accès au commissariat qu’à une seule occasion, après avoir reçu un tuyau ; à cette occasion, toutefois, ils n’avaient pas trouvé de victime, uniquement du sang frais, selon M. Duma.

Au cours de l’année, avant les exécutions d’avril, trois autres cadavres portant des marques de torture potentielle ont été découverts à Costa do Sol, sur le même terrain de football, à différentes occasions.

« Nous n’avons pas pu prouver que les victimes provenaient du commissariat de Triunfo », a confié M. Duma à IRIN. « Mais nous le soupçonnons ».

Un autre cadavre a été découvert sur le terrain la semaine dernière, portant le nombre total des victimes à sept.

« Tuer devient normal »

Les motifs des exécutions d’avril ne sont pas explicites ; auparavant, les exécutions sommaires étaient attribuées à des actes d’autodéfense.

La recrudescence récente des crimes violents à Maputo, qui a incité le ministre de l’Intérieur José Pacheco à mettre ses agents sur le « pied de guerre », pourrait avoir d’autant plus encouragé la police à se faire justice elle-même.

« Cela crée un climat de corruption et établit des normes », a expliqué Salomão Moyana, le rédacteur en chef du magazine hebdomadaire Independente et l’un des plus fervents critiques des violations commises par la police.

« C’est plus facile de tuer quelqu’un ; tuer devient normal », a-t-il commenté, en allusion aux exécutions sommaires.

Tout porte de plus en plus à croire que ces meurtres sont la conséquence de la corruption de la police, et que les exécutions sont un moyen de régler des comptes avec les criminels qui n’ont pas versé aux policiers la part qui leur était due.

Le chef de l’unité d’infiltration d’élite de la police du Mozambique (les « Mambas ») a été tué au début de l’année, un meurtre qui a mis au jour des liens présumés entre le chef des Mambas et les réseaux locaux du crime organisé.

L’unité des Mambas a depuis lors été démantelée et les forces armées du Mozambique ont été sollicitées pour aider la police à maintenir l’ordre public.

Dans l’ensemble, la police garde le silence au sujet des exécutions. Le commandant des forces de police du Mozambique a d’abord refusé de remettre aux procureurs les trois officiers impliqués dans les meurtres d’avril, soutenant que ses hommes étaient à la poursuite de prisonniers en cavale.

« Comme nous l’avons déjà dit, nous n’avons pas d’escadrons de la mort ; ils n’existent pas », a déclaré Pedro Cowsa, le porte-parole de la police. « Les gens disent que cela arrive tout le temps, mais ils n’en ont jamais la preuve ».

Les forces de police « évoluent ; nous ne résoudrons pas le problème en une journée », a-t-il ajouté, au sujet des plaintes concernant les brutalités policières.

dm/tdm/he/oa/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join