1. Accueil
  2. Middle East and North Africa
  3. Lebanon

Les démineurs exhortent les réfugiés palestiniens à être patients

L’agence de déminage chargée du désamorçage des engins non explosés (UXO) suite au conflit de six semaines entre les militants extrémistes du Fatah al-Islam et l’armée libanaise dans le camp palestinien de réfugiés de Nahr al-Bared, a affirmé que le nettoyage des UXO présentant une menace immédiate prendrait au moins un mois.

Ceci n’a fait que raviver le spectre de futurs troubles parmi les réfugiés du camp déplacés par les combats, qui désespèrent de plus en plus de pouvoir rentrer chez eux.

« L’opération d’élimination des menaces immédiates devrait durer environ quatre semaines, mais il y a une forte probabilité pour qu’il reste encore des UXO », a affirmé à IRIN David Horrocks, responsable des programmes du Liban pour le Groupe de renseignements sur les mines (MAG).

« Il va être très difficile d’empêcher les personnes de rentrer chez eux, et il est très important pour nous d’informer les Palestiniens que les réfugiés reviennent. Mais notre principal souci est que plus le nombre de personnes qui reviennent est important, plus notre travail devient difficile », a-t-il dit.

Près de 35 000 réfugiés palestiniens ont été déplacés depuis le début du conflit le 20 mai près du camp de Nahr al-Bared dans le nord du Liban, près de Tripoli. La grande majorité des ces personnes s’y sont installées avec leur famille ou sont temporairement hébergées dans les environs du camp de Baddaoui, dans des conditions de tension et de surpopulation.

Le 29 juin, trois Palestiniens ont été abattus et 50 autres ont été blessés lorsque les soldats libanais ont tiré sur une foule d’environ 2 000 manifestants furieux qui exigeaient qu’on les laisse retourner à Nahr al-Bared. L’armée a affirmé qu’elle avait tiré des coups de sommation mais que les manifestants avaient refusé de se disperser.

L’incident est survenu alors que les médiateurs de l’Association des religieux palestiniens avaient annoncé la suspension de leurs efforts de négociation en vue d’un cessez-le-feu entre l’armée et le Fatah al-Islam, mouvement rattaché à al-Qaida, dont les militants s’étaient retranchés dans le camp.

Considérant cette frustration qui règne parmi les déplacés palestiniens, les organisations d’aide humanitaire luttent pour tenter de contenir les problèmes sociaux et psychologiques.

L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) n’a pas encore concrétisé des plans controversés de construction de logements provisoires pour les personnes déplacées dans le camp de Baddaoui, invoquant un manque de place disponible. Les plans en question sont en effet critiqués par des Palestiniens qui les considèrent comme une forme de réimplantation.

« Nous avons assez d’assistance humanitaire pour palier les besoins dans Baddaoui, mais nous assistons maintenant à l’émergence de problèmes sociaux et psychologiques », a dit Hoda al-Turk, porte-parole de l’UNRWA.

« Nous comprenons tout à fait le sentiment de frustration qui règne parmi les réfugiés qui sont sans-emploi, vivent sous la chaleur et se sentent prisonniers. Nous essayons de faire passer le message selon lequel nous sommes en train de préparer un plan pour leur retour afin de les soulager de leur tension », a-t-elle dit.

Une aide financière de l’Arabie Saoudite devrait être distribuée dans les prochains jours à quelque 10 000 familles de Baddaoui ainsi qu’à des familles libanaises touchées par le conflit dans la périphérie de Nahr al-Bared.

Neutraliser les UXO avant le retour des réfugiés


Photo: Hugh Macleod/IRIN
Les démineurs estiment à un mois minimum le temps qu'il leur faudra pour nettoyer le camp des engins non explosés présentant un danger immédiat
Cependant, l’UNRWA a dit qu’elle n’entrerait pas dans le camp tant que le MAG ne donnerait pas son feu vert. Le MAG doit faire une première évaluation de la sécurité en déterminant la présence de certains UXO tels que des projectiles d’artillerie ou des obus de mortiers, et en vérifiant l’état des bâtiments dont beaucoup ont été endommagés ou piégés par les militants du Fatah al-Islam.

Le MAG créera alors un couloir humanitaire permettant la livraison d’eau, de nourriture et d’une aide médicale pour ceux qui vivent toujours dans le camp.

D’après Virginia de la Guardia, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui poursuit les pourparlers pour permettre l’acheminement de l’aide au camp, l’armée libanaise refuse depuis le 22 juin de donner aux organisations humanitaires l’autorisation de livrer de l’eau et des vivres dans le camp de Nahr al-Bared.

L’évacuation de la dernière personne blessée du camp a eu lieu le 27 juin. Le CICR ne pense pas que des personnes manquent de nourriture dans le camp mais estime que l’approvisionnement en eau pourrait devenir un « problème majeur », a dit Mme de la Guardia.

Ce n’est qu’après que l’UNRWA aura pénétré dans le camp et l’aura fait désinfecter que la permission officielle de le réintégrer sera accordée aux réfugiés. L’agence onusienne s’est néanmoins dite préoccupée par le fait que plusieurs personnes essayeront de retourner chez elles avant que l’endroit ne soit sécurisé.

« Nous ne voulons pas que les personnes qui ont survécu à la guerre meurent à cause des UXO lorsqu’elles retourneront chez elles », a dit Mme al-Turk

Le MAG a affirmé qu’il se tenait prêt depuis déjà trois semaines à pénétrer dans Nahr al-Bared, dès qu’il aurait reçu le feu vert de l’armée, qui a déjà entrepris des opérations de déminage autour de ses positions du Nouveau Camp, la zone de Nahr al-Bared qui se trouve à l’extérieur des frontières officielles du camp. Le MAG entreprendra une opération de déminage à l’intérieur des limites du camp, connu sous le nom de Vieux Camp.

Tant le Fond des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) que le CICR ont initié des campagnes d’informations pour sensibiliser les populations sur les dangers que représentent les UXO.

L’UNICEF a élaboré des programmes de mise en garde contre les UXO et a formé 100 Palestiniens volontaires de Baddaoui afin d'expliquer aux jeunes ce à quoi ils pouvaient s’attendre en rentrant chez eux.

L’agence a également distribué des milliers d’affiches, de dépliants et de banderoles, expliquant, avec des images et des instructions, la manière d’éviter de déclencher des engins non explosés et d’informer le Bureau national de déminage de toute découverte.

A Baddaoui, le CICR a diffusé 25 000 brochures de sensibilisation sur les UXO qui ont été distribuées dans les mosquées et dans les écoles aux alentours du camp.

hm/cb/sm/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join