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Mettre les prisonniers à l’abri du VIH/SIDA

La prison centrale de Kigali abrite le plus grand nombre de prisonniers séropositifs du pays. «Il est difficile de se protéger de ce ‘[visiteur]-là’. Il s’infiltre en douce et se propage incognito», a déclaré Vincent Rugema, le chef des gardiens de prison.

La prison de la capitale rwandaise accueille cinq fois plus de détenus que ne le permet sa capacité. La plupart des prisonniers attendent d’être jugés pour des crimes commis lors du génocide de 1994, au cours duquel quelque 937 000 Tutsis et Hutus modérés ont été tués selon les chiffres avancés par le gouvernement.

Les résultats d’une enquête démographique nationale menée en 2005 ont indiqué que trois pour cent des huit millions d’habitants que compte le Rwanda étaient séropositifs.

Cependant, selon la Commission nationale de lutte contre le VIH/SIDA (CNLS), plus de 16 pour cent des femmes et 15 pour cent des hommes, sur les 60 000 détenus de la prison centrale de Kigali, sont porteurs du virus.

Cela fait 10 ans que Ramathan Iyakaremya, un ancien électricien âgé de 33 ans, vit derrière les barreaux. Il a été condamné à la prison à vie après avoir tué ses deux voisins et érigé un barrage meurtrier pendant le génocide. Cependant, ce n’est pas cette sentence qui lui cause le plus de souci.

«Je n’ai pas besoin d’une condamnation à vie. Cette maladie va m’emporter plus vite que la sentence ou autre chose», a-t-il confié.

Ramathan Iyakaremya a appris sa séropositivité à la fin de l’année dernière, après avoir subi un test de dépistage proposé gratuitement par une organisation non gouvernementale locale.

Il n’a pas les moyens d’acheter de la nourriture supplémentaire pour compléter les maigres rations qu’on lui sert à la prison. En outre, les médicaments antirétroviraux (ARV) qui prolongent l’espérance de vie des patients séropositifs ne sont pas disponibles.

«Regardez-moi», a-t-il dit tout en relevant les manches de son uniforme de prisonnier rose. «Je maigris tous les jours un peu plus, je vais finir par disparaître.»

Vivre derrière les barreaux avec le virus

Comme les visites conjugales sont interdites au sein des prisons rwandaises, les prisonniers séropositifs déclarent qu’ils ont été contaminés par le VIH/SIDA avant leur incarcération.

«Par manque de choix, certains hommes se tournent vers d’autres hommes pour recevoir ce qu’ils trouvent normalement auprès de leurs épouses ou des autres femmes», a affirmé le prisonnier Jean-Bosco Habiyambere. «Pour résumer, des hommes couchent avec d’autres hommes.»

Nathan Gasatura, président du CNLS, a expliqué qu’aucun cas d’homosexualité n’avait officiellement été recensé au sein des prisons du Rwanda. Néanmoins, «compte tenu des tendances enregistrées ailleurs et de l’absence de partenaires hétérosexuels, les prisonniers ont probablement des rapports homosexuels», a-t-il ajouté.

Selon certains rapports, des prisonniers ont eu des activités sexuelles alors qu’ils travaillaient en dehors de la maison d’arrêt et d’autres ont soudoyé les gardiens afin de pouvoir recevoir la visite de leur famille et amis.

«J’ai rencontré des hommes qui avaient des enfants biologiques âgés de trois ans, alors qu’ils avaient été en prison pendant 10 années», a affirmé le journaliste Sula Nuwamanya.

Le gouvernement rwandais ne distribue pas de préservatifs aux prisonniers. «Si l’on pense que les détenus ont des rapports sexuels, il serait alors sage de leur fournir des préservatifs», a toutefois reconnu Nathan Gasatura.

Bien que les prisonniers ne reçoivent toujours pas de traitement ARV, cela fait trois ans que les autorités rwandaises s’intéressent davantage à la prévention du VIH et aux conseils.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) informe les prisonniers sur le VIH/SIDA et les dangers des comportements à risque.

Population Services International (PSI), une organisation non gouvernementale qui mène des programmes sanitaires dans les pays à faible revenu, propose des services de conseil et de dépistage volontaire et forme des pairs éducateurs pour que ces derniers fassent la promotion du changement de comportements au sein des prisons et animent des séances de conseil post-dépistage.

Aidé par PSI et le CICR, le CNLS a organisé, en juillet dernier, des séances de formation, au cours desquelles les employés et les détenus de plusieurs maisons d’arrêt du Rwanda ont appris à sensibiliser les prisonniers aux dangers de l’épidémie.

«Avec toutes les démarches de réconciliation et de justice qui ont été entreprises, des milliers de personnes suspectées d’avoir participé au génocide vont être relâchés et retourneront dans les villes et villages», a rappelé Nathan Gasatura.

«Nous sommes tout particulièrement préoccupés par ce que ces gens vont rapporter dans leur communauté. Et selon nous, ces Rwandais ont besoin d’être soutenus encore plus que le reste de la population», a-t-il conclu.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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