KIGALI
La misère contraint plus de 60 pour cent des huit millions d’habitants du Rwanda, l’un des pays les plus pauvres du monde, à vivre avec moins d’un dollar par jour, ce qui représente une grave menace pour les personnes séropositives.
Avec une densité d’environ 340 habitants au km², le Rwanda est le pays le plus peuplé d’Afrique centrale. La terre est inéquitablement répartie et la majorité de la population ne dispose que de minuscules lopins de terre -- et parfois rien du tout.
Pour les familles qui s’occupent d’enfants orphelins du sida, payer leur traitement est en général impossible : «Je veille sur les enfants de ma sœur, mais je n’ai pas d’argent pour payer leurs frais de scolarité et parfois même pour acheter de quoi manger», a confié Annette Nyiraneza, une dame âgée et veuve, qui vit à Kigali, la capitale rwandaise.
Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), le sida a fait plus de 800 000 enfants orphelins au Rwanda, un pays où le génocide a causé près d’un million de morts en 1994.
La majorité de ces enfants est élevée par des membres de leur famille, qui sont souvent eux-mêmes trop pauvres pour subvenir à leurs propres besoins. Des milliers de foyers seraient dirigés par des enfants, qui seraient contraints à se prostituer afin de nourrir leur famille.
Annette Nyiraneza a expliqué qu’autrefois sa fille l’aidait à cultiver le petit lopin de terre familial avant de tomber malade. Annette est désormais trop vieille et faible pour continuer à travailler la terre, par conséquent elle et ses petits-enfants dépendent des dons distribués par les organisations non gouvernementales.
«Lorsque nous distribuons des médicaments antirétroviraux [ARV] aux personnes séropositives, notamment dans les régions rurales, nous essayons de leur apporter également une aide nutritionnelle», a affirmé Shakilla Umutoni, secrétaire exécutive du Réseau rwandais des personnes vivant avec le VIH/SIDA, un organisme qui regroupe plus de 800 organisations de soutien au personnes séropositives.
«On ne peut pas s’attendre à ce que des gens qui n’ont pas d’argent pour se nourrir observent leur traitement ARV», a-t-elle expliqué.
Le Réseau rwandais des personnes vivant avec le VIH/SIDA est soutenu financièrement par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid) et le Département du Royaume-Uni pour le développement international (DFID).
Selon Shakilla Umutoni, il est difficile d’apporter une aide nutritionnelle.
«Nous devons nous assurer que tous les membres de la famille sont bien nourris, parce que dans le cas contraire, ils risquent de devoir partager la maigre ration de nourriture destinée à la personne séropositive. Ou ils risquent de souffrir de malnutrition et ne plus arriver à s’occuper de la personne malade», a-t-elle expliqué.
Parvenir à convaincre les gens de dépenser leur argent dans des médicaments plutôt que dans de la nourriture est un défi quotidien.
«Il faut absolument améliorer la qualité de vie de ces personnes, qu’elles aient accès aux besoins de base comme la nourriture, et après on pourra leur expliquer qu’il est important de prendre les médicaments en respectant les doses prescrites», a ajouté Mme Umutoni.
Le gouvernement rwandais distribue gratuitement des médicaments ARV, mais les centres de santé sont souvent situés trop loin des populations malades: 88 pour cent des femmes sous traitement doivent marcher plus d’une heure pour recevoir des soins, selon l’Unicef, un trajet impossible à parcourir pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli par la maladie et la malnutrition.
«Proposer des services VIH ne se limite pas à donner des ARV aux malades», a rappelé Shakilla Umutoni. «Ils ont besoin de nourriture, il faut les éduquer et les sensibiliser. On doit également prodiguer des soins à domicile et assurer un suivi médical.»
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