BISSAU
Après des années d’instabilité et de guerre civile, les autorités de Guinée Bissau doivent faire face à un nouveau défi : la lutte contre le VIH/SIDA.
Il est d’autant plus nécessaire de récupérer le temps perdu que la Guinée Bissau doit affronter une majorité de cas de contamination au VIH-1, la souche virale la plus virulente, selon le docteur Paulo José Mendes, président du Secrétariat national de la lutte contre le sida.
Contrairement au VIH-2, qui n’est responsable que de 2,7 pour cent des infections, la transmission du VIH-1 est plus facile et sa période d’incubation varie de trois à cinq ans – contre jusqu’à 20 ans pour le VIH-2, qui serait en outre moins contagieux.
Selon le docteur Mendes, le VIH-1 est apparu dans cette ancienne colonie portugaise durant la guerre civile de 1998, qui a provoqué une fuite massive de populations vers les pays voisins et l’arrivée de forces de maintien de la paix de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), en 1999.
Ainsi, 100 000 réfugiés et migrants internes doivent reprendre le chemin de leurs foyers, alors que les infrastructures du pays sont détruites et que le pouvoir d’achat des populations stagne autour de 140 dollars américains par habitant, selon la Banque mondiale.
Les autorités de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, qui abrite 1,3 millions d’habitants, estiment le taux de séroprévalence à quatre pour cent de la population, soit environ 43 000 personnes. Selon l’étude sentinelle de 2005, les régions les plus affectées sont Bafata et Gabu, à l’est, Bissau, la capitale et Oio et Cacheu, au nord du pays.
Pourtant, les seuls laboratoires équipés pour effectuer les tests de dépistage et le comptage des CD4 (préalable à la mise sous traitement antirétroviral) sont à Bissau, la capitale, a précisé Sida Service, un programme de l’Eglise catholique qui s’occupe de 900 orphelins et de 28 centres de santé répartis sur l’ensemble du pays.
Le taux de séroprévalence a connu une progression fulgurante peu de temps après la guerre civile de 1998 à 1999. Mais les activistes de la seule association de personnes vivant avec le VIH/SIDA, Nova Vida (Nouvelle vie) ont affirmé que parler du sida en public en Guinée Bissau est encore tabou.
Dans les villages, la population appelle le sida «travessado», un nom générique pour les maladies, a expliqué le père Alberto Zamberletti, coordonnateur de Sida Service à Bissau.
«La population ne l’appelle pas ‘sida’, mais elle perçoit la maladie et ses conséquences, notamment l’augmentation du nombre d’orphelins», a-t-il ajouté.
Une enquête menée par l’organisation internationale Population Services International (PSI) en 2003 a également révélé le haut degré d’ignorance des professionnels de la santé concernant la pandémie de VIH.
Six médecins et infirmières ont été formés au Brésil en 2005 pour la prescription des ARV, fournis en petite quantité par le Brésil depuis 2005. Ces médicaments contribuent à prolonger l’espérance de vie des personnes vivant avec le sida et à améliorer la santé des 80 patients qui en bénéficient aujourd’hui.
Jusqu’à présent, ces malades devaient se rendre au Sénégal voisin pour se procurer ces traitements.
Selon le père Zamberletti, l’extrême pauvreté des populations, le taux élevé d’analphabétisme, le faible réseau sanitaire et un personnel mal payé sont autant d’éléments qui contribuent à la propagation du virus, toujours incontrôlée dans une région où l’épidémie se généralise.
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